Jul 22, 2019

MOUTSINGA(BELLARMIN),ÉD.,REGARDS CROISÉS SUR L’ŒUVRE POÉTIQUE DE P.E.MOUNDJEGOU MAGANGUE.



Cet ouvrage est la première publication du Club Gabonais du Livre, association née à Paris, qui œuvre pour la promotion du livre gabonais. Il s’attache à faire connaître un poète, Pierre Edgar Moundjegou Magangue, auteur de deux recueils: Le Crépuscule des silences(Paris: P.J. Oswald, 1975) et Ainsi parlaient les anciens(Paris: Silex, 1987). Dans l’article inaugural, «Pseudonyme et sens poétique chez Pierre Edgar Moundjegou Magangue», Wilfried Idiatha propose une lecture mytho-critique des deux recueils à partir des concepts de Mircea Eliade. Examinant les«seuils» du texte, il analyse notamment le recours à un nom de plume:«Magang-Ma-Mbuju Wisi», exprimant la volonté du poète d’exister «réellement» dans un monde d’initiés. Le pseudonyme est aussi l’expression du mythe du retour vers ses origines et la trace de son combat pour la défense des droits des faibles et des «sans-voix». Nadia Origo se penche sur «L’appropriation de l’espace et de l’identité territoriale chez Pierre Edgar Moundjegou», en montrant comment le poète, à partir d’un territoire vécu ou perçu, déploie son imaginaire et revendique une identité, voire ses multiples identités, l’identification étant la règle immuable dans le style moudjegouesque (selon l’adjectivation de Grégoire Biyogo). Par ailleurs, Serge Moukagni Moussodji étudie les écarts, notamment les écarts formels: ceux-ci montrent la force subversive d’un langage codé dont le but est de dénoncer un pouvoir qui s’en prend auxlibertés fondamentales. Ensuite, Bellarmin Moutsinga propose deux articles aux titres surprenants: «Entre l’impératif catégorique de la psalmodie et l’esthétique du coup de poing: lecture de Pierre Edgar Moudjegou Magangue» et «Des amours impossibles aux élégies majeures: la complainte passionnelle dans Le Crépuscule des silences de Magang-Ma-Mbuju Wisi». Dans le premier, il examine la liberté de ton qui singularise le poète, son écriture «volcanique, éruptive» et son esthétique de la fulmination,qui inscrit le Gabon «dans la logique d’une poésie incandescente». Le second article montre que,chez Moundjegou, le sentiment amoureux est pris dans un conflit et génère une souffrance qui engendre à son tour la parole élégiaque. Enfin, Mouhfat Mouthare pose la question du manque en tant que condition de la création poétique. En somme, cet ouvrage a le mérite de nous faire découvrir un poète et d’ouvrir de nouvelles pistes de recherches concernant la littérature gabonaise. Ajoutons que les six contributions sont précédées de résumés en anglais. Prisca OTOUMA

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