La chasse et la pêche constituent les deux principales activités qui assurent la subsistance des peuples de ces aires culturelles. n existe plusieurs façons de pratiquer la chasse et la pêche. Celles-ci sont liées aux domaines d'habitat des Punu (zone de forêt ou de savane).
1. La chasse
Selon la tradition, la chasse se fait à l'aide des pièges comme divuge, bidoke (pour les oiseaux), mavange (pour les rats, les chats huants, et les civettes), mabandu, minote (pour les gazelles, antilopes, et les sangliers), digèle (pour les singes) etc. L'introduction des armes à feu a diversifié ces pratiques de chasse. La chasse au fusil se substitue de plus en plus à la chasse aux pièges. Elle se déroule la nuit comme le jour. Il convient toutefois de faire mention de l'usage du pite, arc traditionnel à flèches empoisonnées par munaji, poison sans antidote. L'arbalète, bute bu mbanze, est une sorte de « cinq-cinq» utilisé pour la chasse des rats, oiseaux, entre autres. Ces deux types d'armes étaient utilisés par les guerriers bapunu dans leurs confrontations avec les colons. De nos jours les chasseurs utilisent des calibres « douze ». La stratégiede chasse est la suivante: La chasse est sélective. Le chasseur doit seulement tuer du gibier mâle. Dans le cas de la chasse aux éléphants, seul mutimbu nzagu, éléphant solitaire, entre en ligne de mire du chasseur. Mutimbu nzagu est un mâle abandonné par le troupeau.
Les Punu l'appellent ainsi car la petite histoire nous dit: Lors des rapports entre le mâle et la femelle, la femelle se met en aval de la colline et le mâle en rut en amont. Lorsque la femelle est prête, le mâle prend la femelle d'assaut pour le coït. Le rituel consiste en une course effrénée du mâle vers la femelle. Si la première tentative de pénétration avorte, celui-ci passe définitivement son chemin. Il deviendra mutimbu, c'est-à-dire un solitaire de la forêt en érection perpétuelle.
Ce genre d'éléphant dévaste les champs et déracine les arbres dans la forêt vierge. Si un éléphant est tué par un chasseur d'éléphants, murèle banzangu, les villageois sont tous conviés à prendre part au dépeçage. Un rite consacré est mis en application pour la circonstance: Le père ou la mère des jumeaux, kite, entonne un chant consacré aux jumeaux, puis un récital adressé aux génies. Les chants, les pas de danse viennent harmoniser le rituel. Les participants miment les gestes du chef de cérémonie dans un mouvement d'ensemble accompagné par des cris et pleurs d'enfants qui voient le gros éléphant pour la première fois.
Le dépeçage du gibier se fait avec des machettes et des couteaux tranchants. Des fumoirs construits à l'occasion servent pour le séchage des parts de viande découpées, mapule. Un grand feu de bois est allumé pour accélérer la fumaison.
Trois jours de camping dans la forêt sont souvent nécessaires pour accomplir ce rituel « d'après-chasse ». Mais dès que la viande commence à sécher, les transporteurs prennent miréri, paniers de transport, pour porter cette viande vers les marchés de la ville la plus proche. Chaque villageois rentre chez lui avec une part.
2. La pêche
La pêche en eau douce est pratiquée par les femmes au moyen des nasses, bidube, mijonge qu'elles prennent soin de bourrer avec des feuilles de zingibéracées, majombu, des noix de palmes, ngatsi, et des fragments de termitières, tsalu. Les nasses sont plongées dans des sections de rivière, en eau profonde, bitsibe, et tout au long des barrages, kagu. Une autre pratique de pêche artisanale consiste à diluer une substance enivrante en amont des rivières poissonneuses. La pêche prend une tournure quasi rituelle. Pendant quelques jours, des familles quittent le village pour aller camper en forêt dans des endroits aménagés pour la circonstance, mitsaki. La pêche, pratiquée pendant cette période est dénommée mbage.
Le processus: au milieu d'un coin de la rivière non profond, les pêcheurs construisent divange, ensemble de cailloux placés en cercle et comportant une passe par laquelle s'échappera le produit enivrant. Ce breuvage est préparé avec: magèmbi, ngudu, bumi, tsofi, entre autres. Les femmes allument un grand feu sur lequel elles brûlent les fruits sécrétant la substance enivrante, magèmbi. Ceux-ci sont écrasés avec des longs bâtons, dans un chant d'encouragement:
roka mbagé na magèmbié ikudeme, rokanu mbagé na magèmbié :faites ce breuvage avec les fruits de mugémbi. La séance du mbage se déroule toujours pendant la nuit. Tôt le matin, tout le monde se rend le long du cours aval de la rivière pour y ramasser les poissons. Le butin est séché sur des fumoirs.Après cinq jours de camping, les pêcheurs retournent au village avec des paniers pleins de poissons et mafumbe, poissons préparés dans des paquets.
Source: PARLONS YIPUNU, Langue et culture des punu du GABON-CONGO Roger Mabik-ma-Kombil
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