Mar 2, 2021

Bijoux

 

Bijoux et parures d’Afrique à Vichy

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ParureDes photographies anciennes et une soixantaine d’objets divers ayant trait aux parures du corps en Afrique – bijoux, accessoires, amulettes, statuettes, masques … – sont actuellement présentés au Musée des Arts d’Afrique et d’Asie de Vichy. Ils livrent leur sens au visiteur car, dans l’Afrique traditionnelle, le corps était un langage en soi. Les signes qui lui étaient infligés signifiaient la valeur personnelle de l’individu et marquaient son intégration sociale. Ornements, bijoux, tatouages, peintures, scarifications et autres percements servaient d’enveloppe, protégeaient le corps, voire le sacralisaient. Après une exposition sur les coiffures africaines, le musée poursuit ainsi son exploration du thème de la parure du corps.

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A gauche : Masque en bois, pigments, kaolin – Société Mukuyi – Population Punu, A droite : Pendentifs en or, fil d’ors étirés et soudés – Groupe « Akan », vers 1950 – Côte d’Ivoire © Musée des Arts d’Afrique et d’Asie

Les bijoux africains, symboles et pratiques

Les ornements portés aux oreilles, au nez et à la bouche soulignent l’importance symbolique de ces organes vecteurs de connaissance. Ils prennent des formes différentes selon les cultures.

L’incision du lobe de l’oreille par exemple était pratiquée avant la puberté par une femme âgée. On plaçait ensuite des disques de plus en plus grands pour élargir le trou. Cette cérémonie symbolisait la capacité de l’enfant à entendre, donc à comprendre.

Dans les régions lagunaires de Côte d’Ivoire, les motifs stylisés des bijoux en fil d’or rappellent la faune aquatique, crocodile, poisson, crabe, tortue et illustrent des proverbes et des connaissances ancestrales. Le scorpion valorise par exemple des qualités guerrières tandis que la tortue est un symbole de fécondité.

Au Congo, dans les années 30, on s’efforçait aussi de « modeler » la tête, siège de l’énergie vitale, pour dépasser la nature.

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A gauche : Masque « Mbuya » en bois, fibres de raphia, pigments de type « Kiwoyo » – Population « Pendé », village du Bandundu, A droite : Scarifications – République Centrafrique © Musée des Arts d’Afrique et d’Asie

Le tatouage

Toutes les « techniques » visant à transformer le corps sont abordées à partir d’exemples. On apprend ainsi qu’en Algérie, chez les berbères, société éminemment patriarcale, les tatouages soulignaient la beauté du visage et du corps et étaient l’apanage des femmes. Les mères choisissaient les motifs pour leurs filles qui entraient dans l’âge adulte.

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A gauche : Ornement labial « Labret » – Burkina Faso, A droite : Parures d’oreilles – Kenya © Musée des Arts d’Afrique et d’Asie

Parure et scarification en Afrique

Au Congo, chaque passage de la vie – circoncision, initiation, mariage, naissance, deuil – est inscrit dans la chair. Les scarifications conservent la mémoire d’une culture, par exemple, le mythe des origines. Ce sont des objets d’art, des masques et des statuettes qui témoignent de cet art corporel disparu au début des années 1920.

Les trois couleurs fondamentales en Afrique sont le rouge, le blanc et le noir. Mais, en ce qui les concerne, plus qu’à leur rendu visuel, on se réfère plutôt aux substances naturelles qui les produisent : l’argile rouge, le kaolin et le charbon de bois. Les couleurs communiquent la classe d’âge, le statut social, l’état de joie ou de tristesse …

Comme les corps, les masques et les sculptures africaines sont parés de couleurs, mais la fragilité des pigments a souvent effacé cet embellissement.

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A gauche : Disque d’oreilles – Population Zoulou – Afrique du Sud, A droite : Pendentifs en or, fil d’ors étirés et soudés – Groupe « Akan », vers 1950 – Côte d’Ivoire © Musée des Arts d’Afrique et d’Asie

Des pratiques adoptées par la culture occidentale

Après avoir longtemps caractérisé uniquement les sociétés traditionnelles, les marques corporelles se sont répandues en Occident. Adoptés et diffusés par les marins, les bagnards, les légionnaires, les tatouages passèrent ensuite aux travailleurs manuels qui voulaient afficher leur virilité.

Depuis la fin des années 1980, ces marques corporelles ont changé de statut, se sont diversifiées (piercing, branding …) et étendues à toutes les couches de la population. Alors que dans les cultures traditionnelles, la transformation du corps était un vecteur d’intégration sociale nécessaire à la survie du groupe ; en Occident aujourd’hui, c’est plutôt le moyen de proclamer son individualité ou son appartenance à une communauté spécifique.

  • Exposition Parures – Musée des Arts d’Afrique et d’Asie – 16, avenue Thermale – 03200 Vichy
  • Du 26 avril au 30 octobre 2011

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