L'architecture du Mbanza






Le Mbanza : c'est ce que nous avons appelé le temple du Bwete tout au long de cet ouvrage. Il s'agit chez les Tsogo d'un hangar quadrangulaire cloisonné de panneaux d'écorce battue de motifs géométriques, dressé généralement au milieu de la cour du village. La face antérieure non cloisonnée laisse voir le poteau avant qui soutient la poutr maîtresse dont l'avancée sculptée figure une étrave de pirogue renversée. Ce poteau (eEngo) est, soit une cariatide féminine, parfois énorme, soit, simplement percé d'un trou losangé, il en est le signe. Le symbolisme de ce poteau et de cette pirogue sont d'ailleurs évidents et toute une partie de notre travail et notre film n'ont visé qu'à le démontrer. Il est cependant à souligner que ce poteau pourrait être une innovation relativement récente: Du Chai11u et les autres explorateurs qui parlent d'idoles et de "figurations du Bwiti" ne les décrivent jamais sous forme de cariatides. Il est possible que ce poteau en symbolisant le Motombi ait absorbé ce que nous avons appe 1é "l' idô1 e de Mayumba", en même temps que le symbolisme de l'Azapmbogha des Fang (1). Chez les Lurnbu, le poteau du mbanza n'est pas sculpté mais l' idô1e est toujours là.Le mbanza est couvert d'une toiture à deux versant de "tuiles" de feuilles de palmier prolongée d'un:auvent arrondi de palmier sc1erosperma qui retombe parfois assez bas devant l'entrée. A vrai dire le mbanza ne sert pas qu'aux cérémonie de Bwete : lieu de rencontres et d'activités artisana1es-.diverses, halte du voyageur, cette "auberge des âmes défuntes" pour reprendre 1'heureuse expression de F. Gau1me(1975 : nlest autre que la maison commune des hommes. Les instrument de musique, harpes et tambours et les sculptures de la comml nauté y sont entreposés et dans une petite remise située par fois derrière la cloison arrière sont cachés les masques. De nombreux éléments décoratifs complètent l'ensemble: deux colonnettes sculptées sont parfois flanquées de part et d'al tre de l'entrée; une frise de motifs triangulaires apposés noir, blanc et rouge court le long des parois intérieures. Le fond du mbanza (mobango) est parfois masqué, on lia vu, par le dEmbE, barrière rituelle des cérémonies de deuil ou d'initiations, recouverte de flots de raphia, décorée de beaudriers de vannerie coloriés de motifs triangulaires, de peaux de civettes et genettes, surmontée de plumes rouges de perroquets etc ...Le terme mbanza ou e-banza est commun à toute 1lai re culturelle kongo : dans les textes anciens (Cavazzi, Mero11a etc ... ) il désigne les capitales des différentes provinces du royaume: Mbanza Kongo, Mbanza Sonyo etc ... Ce hangar ressemble d'ailleurs fort à celui qui abrite "la magnificence du Roy de Cabo Lopo Gonsa1ves" telle que la représente la gravure extraite de la Description et'Récit historial du riche royaume d'or de Guinea, Amsterdam 1605 (reproduite dans Gau1me 1975 : 342) (1), et au XIXème siècle, c'est bien comme un vaste mbanza qu'apparaît "la case du roi Denis", le fameux chef mpongwe Rapomtchombo, sur la photographie de Houzé de 1'Au1noit reproduite dans Griffon Du Bellay (1865 : 288). Au centre du mbanza du Bwete, lors des cérémonies, toujours nocturnes, est placée une grosse torche (iyo) de résine de aopaifera qui dégage une odeur d'encens, répand une faible lueur et à laquelle les nganga viendront embrase leurs flambeaux pour faire leurs danses acrobatiques (bikaZ avant d'évoluer dans l'espace nocturne extérieur. Ce dernier sera le lieu de leur course jusqu'à l'orée de la forêt où ils iront quérir les migonzi. Pour les Bwete de deuil et d'initiation, se trouvi en face de l'entrée du mbanza, l'arbuste ts€nge (1 'otunga des Fang) au pied dùquel les nganga viendront frapper leurs fl arnbeaux . Aux abords du mbanza, on entretient un feu à la chaleur duquel les spectateurs frileux pourront se réchauffer et les peaux des tambours être retendues.

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