Conséquences de l’endommagement du pont sur le Komo à Kango, des paquets de manioc, régimes de banane, fruits et légumes arrivent à Port-Gentil dans un état frisant l’avarie. Devenus impropres à la consommation, ces produits constituent un manque à gagner qui se chiffre en millions de francs CFA pour les commerçants.
Dans les différents marchés de la capitale économique du Gabon, des paquets de manioc en provenance de Lébamba au sud Gabon, des régimes de banane, des caisses et sacs de fruits et légumes sont débarqués en mauvais état au port de la cité pétrolière. Et pour cause, «depuis que le retour au bac à cause de l’endommagement de l’un des ponts de Kango, le manioc, la banane, les fruits et légumes arrivent à Port-Gentil déjà pourris. Les camions sont bloqués pendant plusieurs jours. Le bac n’assure la traversée que par ordre d’arrivée. J’ai passé trois jours à la belle étoile en attendant notre tour. Je suis obligé de liquider ce qui est encore un peu bon», explique Thérèse Bouanga trouvée en train de faire le tri des régimes de banane, au marché du Grand Village à Port-Gentil.
Aux autres marchés, La Balise, Lipo et Josaphat, le constat est le même. Les aliments en mauvais état sont entassés sous les étals. Un manque à gagner pour certains commerçants grossistes. «J’ai perdu 200 paquets de manioc, au prix de 7000F le paquet vendu à Port-Gentil. Cela fait 1,6 million francs, y compris les 200 000 francs pour le transport, Lébamba-Libreville-Port-Gentil. Une perte énorme, je vis de ce commerce depuis mon jeune âge. Depuis que j’ai abandonné l’école, j’ai remplacé ma mère dans ce circuit», se plaint Albertine Ndounga, avant d’ajouter : «J’ai passé cinq jours sur les lieux. Le bac ne travaille que jusqu’à 18 heures. Avant cette situation, lorsque le camion ne tombe pas en panne, si je quitte Lébamba lundi, je suis à Port-Gentil mardi.»
Ces dernières semaines ont été difficiles pour les commerçants qui approvisionnent, deux fois par mois, les marchés de Port-Gentil en manioc, banane et autres produits alimentaire. «La situation du pont de Kango qui s’ajoute aux pannes de camions de transport et l’état de la route nationale en certains endroits, cause des grandes pertes et baisse les quantités des produits alimentaires à livrer sur les marchés de Libreville et de Port-Gentil», précise Mikolo, un ancien commerçant.
Pour des nombreux consommateurs, cette situation va engendrer, sans nul doute, la flambée des prix sur ces produits alimentaires littéralement importés et déjà trop chers dans la ville. «La particularité de Port-Gentil c’est que tout vient d’ailleurs, tout est importé. Les produits alimentaires locaux viennent de l’intérieur de la province, du Moyen-Ogooué, de l’Estuaire, du sud du Gabon et du Cameroun pour ne citer que ces localités. La situation du pont de Kango inquiète plus d’un Port-Gentillais», indique Sylvie Avom.
Selon certains Port-Gentillais l’insularité de la ville ne favorise pas le transport des produits. «Pour preuve, il y a des périodes où on cherche le manioc ou la banane sur le marché. Heureusement, le riz et le pain se substituent au manioc et à la banane dans les ménages. Voilà reposé le problème de la route pouvant reliant Port-Gentil à d’autres régions du Gabon. S’il avait la route, les commerçants s’en sortiraient autrement. Ils peuvent apporter les produits alimentaires au sud, au nord et l’est du pays», pense Georges Awoutano, consommateur.
Fort heureusement, pour les Port-Gentillais, près de 60% des produits alimentaires locaux vendus sur leurs marchés proviennent de l’intérieur de la province et de Lambaréné.
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