Dec 27, 2022

Les moyens de communication traditionnels en zone rurale dans l'espace culturel koongo: cas du département du Pool

 

I.-TYPOLOGIE ANALYTIQUE, CONTEXTES D'UTILISATION ET FONCTIONS DES MOYENS DE COMMUNICATION TRADITIONNELS

30 Stanley cité par S.Bemba, « Variations sur l'éducation sentimentale de deux peuples ou la naissance du discours amoureux dans la vie quotidienne chanté au Congo-Zaïre »,Itinéraires et contacts des cultures, vol.8, Paris, L'harmattan, 1988, p.41.

31 M.Mauss cité par Sylvain Bemba ibid., p.42.

32 R. Bouesso-Samba (37 ans), Entretiens sur les fonctions des instruments de musique et de communication dans le département du Pool, village Mababa, 5/06/2004 (sources orales n°3).

L'essentiel des moyens de communication ou instruments de musique recensés sont regroupés en quatre familles (les membranophones, les idiophones, les aérophones et les cordophones). A celles-ci, nous avons ajouté une cinquième, basée sur les symbolismes << spécifiques > à l'espace culturel koongo et sur les organes biologiques des acteurs Kongo.

A°).-TYPOLOGIE ANALYTIQUE DES MOYENS DE COMMUNICATION TRADITIONNELS

1.- Les membranophones ou tambours ou lithophones

Dans son célèbre roman intitulé << Batouala > René Maran, écrivait :

Parmi tous les modes ancestraux de la communication, le tam-tam est celui

qui préfigure le mieux la presse, parce que les messages qu 'il transmet se propagent directement dans plusieurs directions. Il informe sur tous les événements, petits ou grands, dans la communauté, exprime ses joies et ses peines, rompt la monotonie de la vie quotidienne 33.

Les membranophones ou tambours sont probablement les outils de télécommunication les plus célèbres dans le Pool, mais moins connus quant à la contextualité de leur langage et aux fonctions de communication qu'ils remplissent. Nous avons remarqué qu'il existe deux types de tambours : les tambours à membranes et les tambours à fentes ou tambours de bois. Ils sont, soit portatifs, soit fixes. Et, en fonction de la puissance sonore de ces membranophones, nous les classons en cinq catégories: le

33 R. Maran, Batouala, 1921, cité par B . Voyenne, ibid., p.38.

grand tambour (nguri ngoma), le tambour mâle, le tambour femelle et les deux petits tambours (bala ba ngoma). Ce département dispose d'une variété de tambours aux formes et dimensions variables. Il existe plusieurs types de tambours qui sont fabriqués, pour la plupart, à base du ricinodendron africanum, chlorophora exelsa
34 ou mungo ngoma troué:

1.1.- Le tambour à membranes, ngoma35:

Le tambour, ngoma, est fabriqué à partir d'un tronc d'arbre évidé. Il a l'une des deux extrémités qui est recouverte d'une peau tendue qui sert à la communication, à la transmission des messages et, l'autre, de support. Il peut-être sculpté ou non. Cet instrument est joué pour

diverses raisons : annoncer un événement heureux ou malheureux (naissances, mariages, décès, arrivée d'une autorité politique, administrative ou militaire, etc). Ces tambours sont des instruments sacrés et leur fabrication doit se conclure par une bénédiction36 pour en assurer la qualité sonore. Dans les localités de Kimbédi, M. Jacques Mouhouelo notre informateur, nous avait confié ce que:

34 Ricinodendron africanum ou chlorophora exelsa de la famille des Euphorbiacée= Mungo ngoma : arbre qui sert à la fabrication des tambours à membrane ou à fentes, A.Mouandza, Civilisation traditionnelle des Minkéngé de Mouyondzi : essai d'ethno-histoire, Mémoire de Maîtrise d'Histoire, Brazzaville, Université Marien-N'gouabi, 1975, p.181.

35Le ngoma kongo est l'équivalent du baandi suundi

36J.Mouhouelo (71 ans), Entretiens sur les moyens de communication traditionnels dans le département du Pool, village Kimbédi, 9/05/2004. (sources orales n°2).

Le fabricant, après avoir invo qué l 'esprit protecteur de la forêt, arrose le sol de vin de palme, nsamba, ainsi que les membranes des tambours. Il trace sur ceuxci des signes avec un cierge allumé et récite les paroles de bénédiction suivantes :

1./Marie/ngoma /nge /wedi /muti /wamunene /ku /sangi /.

/Marie/ngoma /toi /être /arbre /de grand/dans /forêt /.

2. /M'lemvo /nitakuloma /bu /nakutabudi /. /Pardon/moi/toi/demander/quand /moi /couper /toi /.

3. l ka nasidibo nabuzitu buansoni l.

lMais lmoi lfaire lcela lavec lrespect ltout l.

4. lNakuneti lku lnzo /ya /meno /ku /nakuwubudi /

/Moi /toi /amener /maison /pour/moi /où /toi /trouer /toi /.

5. Na lbunkete lmpe na luzabu bia lnabeki l.

lAvec lhabileté et expérience moi lacquérir l.

6. l Mu sala nge ngoma l.

lPour faire ltoi goma l.

7. lNge nita llomba lwa wakisa kiwono kia m 'bote l. /Toi/moi/demander/toi /parler /avec /voix /de bien /.

8. /Mu /ntagu /zansoni /zibasika /tukabuawubu /.

/Soleil ltout lbattre ltoi lmaintenant l.

Nous avons opté pour une traduction littéraire:

1. Marie-ngoma, tu étais un grand arbre dans la forêt.

2. Je te demande pardon de t 'avoir coupé.

3. Mais je l 'ai fait avec respect.

4. Je t 'ai apporté près de ma case où je t 'ai troué.

5. Avec l 'habileté et l 'expérience que j 'ai acquises.

6. Pour faire de toi un tambour.

7. Je te demande de résonner d 'un bon son.

8. Chaque fois que l 'on te battra à partir de maintenant.

La fabrication et le creusage des tambours sont des opérations minutieuses et ingénieuses. Certains tambours, légers, sont transportables sous les bras (tambours d'aisselles) grâce aux lanières que le joueur utilise pour les porter. Ils ont les deux faces recouvertes d'une peau d'antilope, de chèvre, ou de mouton. D'autres membranophones, longs et plus lourds, n'ont par contre, qu'une face couverte. Celle qui ne l'est pas sert de support.

Ainsi, pour mieux communiquer ou émettre les messages, le batteur est tenu de se placer soit sur une colline, soit sur un plateau afin de leur donner plus d'effet.

Dans le folklore koongo, on assemble souvent plus d'un tambour de sorte que le gros tam-tam (nguri-ngoma) soit accompagné de quatre tambours (mâle et femmelle) et de deux petits tambours (bala ba ngoma). Faute de spécialistes, cet instrument, comme bien d'autres, est en train de disparaître. Aujourd'hui, il est fabriqué à l'aide des tonnelets métalliques, de forme cylindrique, auxquels on applique, sur l'une des faces, une peau d'animal.

1.2. Le tambour sur pieds ou tambour sur cadre, petenge:

C'est un tambour de forme rectangulaire qui repose sur deux pieds. Pourvu d'une peau de chèvre, de mouton ou d'antilope, le petenge, se joue à l'aide des mains. Il est mis à contribution au cours de diverses

manifestations pour accompagner les chansons récréatives, les chansons solennelles (sacrées ou profanes) et les chansons idéologiques37.

1.3. Le tambour à friction, nkwiti ou mukuiti38

A la différence des deux premiers tambours (le ngoma et le petenge), le nkwiti ou mukuiti est un tambour à friction. Il comprend un cylindre dont l'une des faces est recouverte d'une

peau tendue et clouée. A l'intérieur, on dissimule une tige de bois ou une chaire de bambou. Elle est solidement attachée au ventre de la membrane. Sur cette tige, on imprime des mouvements. En vibrant, elle émet des sons. Le musicien avant de prendre la tige, mouille d'abord sa main avec de l'eau, l'une des deux mains presse plus ou moins fort la peau du tambour, pendant l'exécution pour en modifier la tension et produire ainsi les sons désirés. Cet instrument est davantage utilisé lors des danses et des cérémonies religieuses.

Avant de jouer ces membranophones (le ngoma, le mukwiti, et le petenge), dans le but d'émettre de meilleurs sons, il est judicieux de les réchauffer, soit aux rayons solaires, soit au feu. Aussi, le petenge, fut-il le

37 A.Bogniaho, « A la découverte de la chanson populaire au Bénin », Itinéraires et contacts des cultures, vol.8, Paris, L'harmattan, 1988, pp.84-88

38 Le mukwiti ou nkwiti Lari, Kongo et Suundi du Pool est l'équivalent au kingulu ngulu chez les Suundi des départements de la Bouenza et du Niari.

premier instrument de musique à avoir été introduit dans la musique religieuse39.

1.4. Le tambour à fentes, mukonzi40 :

Il a la particularité d'être à la fois un membranophone à fentes et un idiophone par percussion ou tambour de bois. Il s'agit d'un tambour à fentes, une variété de balafon, fabriqué à base d'un tronc d'arbre évidé avec l'herminette, lukwetu. On pratique une fente sur presque toute la longueur et sur quelques centimètres de large. Les parois ou lèvres sont d'épaisseurs variables.

Le mukonzi est un idiophone par percussion qui, tenant compte de son poids et de sa taille, est soit sur élevé, soit fixe ou cloué au sol : le munkunku41Il est frappé à l'aide des verges ou baguettes de bois, mikomoto, par un ou plusieurs batteurs, bisiki. Certains modèles de tambours à membranes sont en revanche portatifs, c'est le cas du lokolé plus présent en République démocratique du Congo, mais que les évangélistes du Pool utilisent lors des messes. C'est ainsi qu'en 1910, le

39 J. Mouhouélo, op.cit. (sources orales n°2).

40 Le mukonzi chez les Kongo est l'équivalent du nkonkô chez les Suundi de Boko-Songho et du kul chez les Bakouélé dans le département de la Sangha

41 Bileko-Mayoukou (né vers 1937), Entretiens sur les bizonzolo dans le département du Pool avant et après l'indépendance du Congo, Village Matsoula, district de Mbanza-Ndounga, 21/06/2004. (sources orales n°6).

missionnaire suédois le Révérend Pasteur Hamar42, arrivé au canton de Madzia (village Manga), avait souhaité voir cet instrument véhiculer des messages de joie du genre:

1. /Tuende no /ku /nzambi /.
/Aller /nous /chez /Dieu /.

Ce qui, littéralement, veut dire: Allons à la rencontre de Dieu. C'est une invite faite à l'endroit des fidèles pour se rendre à l'église et rencontrer l'Etre suprême, le Nzambi a mpûngu, plutôt que de continuer à véhiculer et à répandre des messages de tristesse tel que:

1. /Nzambi /bongele /nzambi /bongele /nzambi /bongele /. /Dieu/prendre /Dieu/prendre /Dieu/prendre /.

Ce message veut dire qu'une autorité, un homme, une femme ou un enfant de la communauté est mort (e).

Il y a trente ans encore, au même titre que les cloches et le ngongi, le mukonzi était utilisé les dimanches pour demander aux fidèles d'aller à l'église. On le jouait deux fois avec des rythmiques que seuls les initiés étaient capables de décrypter : le premier coup signifiait que l'heure du culte était proche, et le second, annonçait le début du culte. Aujourd'hui, les magnétophones et mégaphones l'ont, partiellement, supplanté. Il est l'instrument qui ne puisse émettre que deux sons, difficilement trois : la fente d'en haut, l'aigu ; et celle d'en bas, le grave et, sert à la communication ou à la transmission des messages sur de longues distances.

42 Le Révérend Pasteur Hamar, cité par Bileko-Mayoukou (sources orales n°6).

Mais, la fabrication des membranophones, dans le département du Pool, ne serait-elle pas liée à tout un « symbolisme cosmique »43 fondé sur l'opposition des deux sexes ?

La symbolique des tambours à fentes nous confiait, M. Jacques Mouhouelo, s'apparente dans tous les cas à celle décrite par Francis Bebey lorsqu'il écrit:

Le tambour peut-être l 'équivalent de l 'homme (d 'un homme supérieur, en fait, puisqu 'il est lui, capable de parler haut et loin, pour envoyer des messages), il reçoit de la part de la femme un respect similaire à celui que la femme porte à

l 'homme lui-même. Et, de même que celle-ci n 'irait pas à battre son homme en public, même si elle peut le faire dans l 'intimité, de même elle évitera de battre un tambour sur la place du village. Il faut du reste signaler que l 'évolution des églises chrétiennes d 'Afrique Noire, l '«Africanisation » de la messe catholique, ou de la chorale chez les protestants font assister à des spectacles tels que celui de la femme jouant un tambour dans les églises. Ce qui ne laisse pas de choquer certains africains qui tolèrent difficilement l 'introduction au sein de

l 'église de ces instruments considérés pendant des générations comme indigènes dans les lieux saints.44

2.- Les idiophones

Cette famille rassemble les instruments ou les moyens qui ne sont ni à corde (s), ni à membrane (s), ni à vent. Ils sont faits de matières rigides (végétales, animales ou minérales : bois, métal, pierre, corne,...) par opposition aux matières dites simples et élastiques que représentent les

43 J.Goga-Messakop, op., cit. p.35.

44 F.Bebey, op., cit., p. 27.

cordes, les membranes et l'air. Les idiophones45 sont des instruments qui produisent des sons par eux-mêmes : les « self sounders ». Lors de l'utilisation, la matière de l'objet vibre et produit des sons qui lui sont propres. Les idiophones que nous avons recensés se présentent sous deux formes: en métal et en bois. Ils sont regroupés en idiophones par percussion, en idiophones par secouement, en idiophones par raclement et en idiophones par pincement.

2.1.- Les idiophones par percussion

Ces idiophones impliquent l'usage de deux éléments : l'un frappant et l'autre frappé, en général, immobiles ou fixes qui se déclinent selon les cas en entrechocs, pilonnements, etc. Une ou deux baguettes de bois servent à frapper en cadence sur les côtés ou sur les abords de l'instrument. Dans cette catégorie, le ngongi et le mukonzi, sont des idiophones par percussion qui remplissent la fonction de communication:

2.1.1.- La cloche, ngongi46 :

Cet idiophone, aux variantes et multiples applications selon les dialectes Téké, Bakouélé et kongo, est une cloche unique ou double qui, en frappant dessus, produit deux gammes : l'aiguë et la grave. Il est susceptible de véhiculer, au loin, des messages codifiés ou non.

45 Idiophone : du latin Idio, qui veut dire soi et, phone, signifie son.

46 Le ngongi des Kongo est l'équivalent du bâ chez les Téké, du bouog chez les Bakouélé et du minkula, dzila, tchingonga, tchingonge, tchindi en d'autres dialectes kongo.

2.1.2.- Le tambour à fentes, mukonzi

Ce membranophone à fentes est, aussi, un idiophone par percussion. Généralement il est placé dans un lieu public, le plus souvent au

mbongi47sa portée peut atteindre plusieurs milliers de kilomètres même dans les conditions acoustiques les plus défavorables. Le tambour à fentes, mukonzi, est soit portatif, soit fixe ou sur élevé. Il est l'instrument de télécommunication le plus puissant. Car, il était, écrit Dominique Remondino, « le moyen de téléphone rupestre le plus puissant (...) »48.

2.2.- Les idiophones par secouement

Les idiophones par secouement sont composés d'un certain nombre de parties rassemblées de telle sorte que secouées les unes contre les autres, elles produisent des sons. Dans cette catégorie trois idiophones ont été recensés.

2.2.1.- Les castagnettes, bisasa :

Les Castagnettes, bisasa au pluriel et kisasa au singulier, sont fabriquées à base des fruits mais aussi des boîtes de conserve qui sont

47 Mbongi kongo est une << case située souvent au centre des villages qui sert de lieu de rencontres des villageois pour partager des repas et pour raconter des contes et des légendes de la brousse. Il est aussi le lieu où siège le tribunal traditionnel, et le hangar qui accueille les étrangers de passage au village >>, R.Nkounkou, << Qu'est ce que le mbongi ?>>, Liaison, n°13, juil.1951, pp.21-22.

48 D.Remondino, << Sifflets tschokwe instruments de message, objets de prestige >>, Art Tribal, n°02, AvrilJuin 2003, p.100.

trouées à l'aide des pointes. A l'intérieur, on place des graines ou de petits cailloux, de sorte à produire des échos par l'effet de secouement. 2.2.2.-Les maracasses, nsakala

A la différence des bisasa, le nsakala est un instrument d'origine végétale. C'est une gousse d'espèce végétale : Oncoba spinosa49 (famille des Flocourtiacée), nsakala. Une fois à maturité, on le fait sécher puis on l'évide. Il a la forme d'une boule et on place à l'intérieur des graines ou des petits cailloux. Le procédé d'utilisation ne diffère pas de celui des bisasa.

2.2.3.- Le hochet, dibu

Il s'agit d'une gousse ou d'un bois sculpté, rempli des graines qui est utilisé au cours de diverses occasions. Cet instrument est indispensable pour la concentration (domaine religieux) et pour la chasse. Le dibu, attaché aux reins d'un chien de chasse permet de communiquer avec le chasseur. En fonction de la cadence des échos émis par la gousse, le chasseur est informé de l'endroit où se trouve l'animal. Le bruit du hochet, dibu, apeure le gibier qui devient une proie facile pour des chasseurs embusqués, habiles à l'arc ou au fusil de chasse, (finkila). Chargé50, il peut ainsi servir à la communication avec le monde extrahumain. Nous avons

49 Oncoba spinosa = munsakala : arbre produisant les gousses de nsakala.

50 Dibu chargé : veut dire hochet dans lequel on implante des fétiches ou des gris-gris d'après A.Fouani (67 ans) du village Bissindza-Linzolo, A.Sangou (55 ans) du village Yangi-Kinkala, Mankou-Kibembe (62 ans) du village Kolo-Mouyondzi, Entretiens sur les fonctions des moyens de communication traditionnels au Congo, Brazzaville, 19/06/2004. (Sources orales n°4).

découvert que son usage est manifeste, spécialement, dans les sociétés secrètes, les sorciers.

2.3.- Les idiophones par raclement

Ils comprennent une série d'instruments selon le principe du raclement. Ce sont des instruments que les occidentaux désignent par grattoires51. Les idiophones par raclement sont faits à base de corps massif de bambou, de palmier, d'os, de carapace, de coquillage, de calebasse ou de métal. Sur les côtés, on fait des encoches52 transversales. C'est le cas de :

2.3.1. Mukwaka

Sur un morceau de bambou ou de palmier, on fait des encoches sur lesquelles on fait passer, par intervalles réguliers et saccadés, un pétiole afin de produire un meilleur écho. Il est plus un instrument de musique qui, accessoirement, sert à la communication.

2.4.- Les idiophones par pincement

Dans sa facture la plus courante, l'instrument est une boîte parallélépipède en bois de dimensions variables avec ou sans caisse de résonance. Dans cette catégorie d'idiophones par pincement le département du Pool renferme : le kisansi et la sanza.

51 R.Bouesso-Samba, (sources orales n°3).

52 Les encoches : sont des petites entailles formant un arrêt sur une flèche ou un pétiole.

2.4.1.- Le kisansi

Des lamelles de métal de longueur et d'épaisseurs variables, pour constituer les fréquences souhaitées, sont posées côte à côte et maintenues en contact étroit avec la caisse de résonance. Des grelots de métal entourent parfois les lamelles, donnant ainsi un son grésillant

lorsqu'on en joue. Le joueur (solitaire dans la majeure partie du temps) pince les lamelles, et l'instrument offre deux gammes: une gamme diatonique et une gamme pentatonique.

La gamme diatonique du kisansi kongo dispose de sept (07) sons ; réglé à la gamme do, il donne: do, ré, mi, fa, so, la, si. Les mêmes notes peuvent être produites par la gamme supérieure dite octave. Par ailleurs, la gamme pentatonique offre cinq sons: do, re, mi, sol, la. Cet instrument pourvu de cinq lames en acier ou en chaire de bambou, sert plus à la musique car il permet au joueur (en mouvement ou immobile) de s'égayer.

2.4.2. La sanza53

53 La nomenclature de la sanza dans les dialects kongo est riche. Elle est désignée sous le nom de diti, biti, nsansi, sanzi, isanzi, geliti, nzanga, nzangwa, mbodila, dimba, nsambi, lusinga, kokolo, njembo, kinditi.

Comme le kisansi, la sanza peut-être en métal ou en chair de bambou. Il est un instrument diatonique lorsqu'on ajoute la note sensible si. On obtient, par la suite, la gamme: do, ré, mi, sol, la, si. A la différence du kisansi, la sansa ne comporte pas de caisse de résonance. Ce piano à pouces, n'est pas, à la différence des tambours à membranes: «

Un instrument magique, mystique, le médium entre les vivants et les

morts, la pirogue de concentration du guérisseur (...)54, écrit

Mampouya Mam'si .

La sanza est un instrument, à la fois, de poésie et de chant qui accompagne le marcheur solitaire, grâce à sa taille non encombrante, à parcourir des kilomètres sans éprouver la moindre lassitude.

En somme les idiophones recensés dans le département du Pool servent à transmettre des messages sur de petites distances.

3.- Les aérophones ou instruments à vent et à air

Est désigné sous le nom d'aérophone, tout instrument fonctionnant avec de l'air, non pas parce qu'on souffle comme c'est le cas la plupart du temps, mais parce que la matière sonore vibrante c'est l'air. A la différence des membranophones, les aérophones sont à l'image des idiophones des

54 Mampuya Mam'si, J'apprends seul la sansa, Brazzaville, Ed. Bakoub, 1991, p.6.

instruments qui servent à transmettre des messages sur de petites distances. Dans le Pool, on utilise une gamme variée d'aérophones parmi lesquels : les trompes traversières en ivoire ou cornes (mpûngi), les sifflets (nsiba, kiluelue) et le fusil de chasse (finkila) ou (buta).

3.1.- La trompe traversière en ivoire, mpûngi55:

Hier, ce cor, de défense d'éléphant, et aujourd'hui, d'antilope ou encore de certains mammifères, est utilisé comme moyen de communication pour les petites distances. Quand on le sonne, c'est signe que la paix, que la tranquillité publique sont perturbées et que l'on convoque un rassemblement, une conférence en vue de les

rétablir. Le mpûngi a aussi la vertu d'accorder le droit d'asile, voire la naturalisation aux hommes et aux femmes non originaires de la région. Il suffit, au demandeur d'asile, de :

Toucher, conformément à la réglementation, le mpûngi appartenant à la famille de la personne sous la garde de laquelle il veut désormais vivre pour devenir membre presque à part entière.56

Le mpûngi comporte un orifice vers l'extérieur effilé dans ce trou, on souffle fort pour dégager un son à la base béante de l'instrument.

55 Mpûngi dérive du verbe koongo vûnga, hunga, ghûnga, wunga qui veut dire souffler. Mais il signifie aussi paître, garder, surveiller les animaux ; il est l'emblème qui symbolise la Paix, la Liberté, écrit Batsikama Ba Mampuya ma Ndawla Raphael, L'Ancien royaume du Congo et les Bakongo : Ndona Béatrice et voici les jagas : séquences d'histoires populaires, Paris, L'harmattan, 1999, p.233.

56 ibid., p.234.

3.2.- Les sifflets:

D'après M. Bileko-Mayoukou :

Il a existé dans le département du Pool des individus capables de transmettre de longs messages assez précis à l 'aide des sifflets, principalement de nuit,

d 'une rivière à une autre, d 'un grand fleuve à un autre, en imitant le chant

d'oiseaux nocturnes (...).57

Ainsi, le sifflet, par rapport au tambour à fentes, joue une fonction modeste de communication. Dans le même ordre d'idées, Dominique Remondino écrit :

Le moyen de téléphone rupestre le plus puissant est le tambour à fentes, avant le sifflet, la trompe et même le langage crié.58

Mais, en parlant du sifflet, Marie-Louise Bastin le caractérise en ces termes:

Il sert à appeler les gens. A les rappeler de la brousse pour qu 'ils reviennent

au village, pour demander de l 'aide aux compagnons lors de la chasse (...). Mais les sifflets sont aussi utilisés en temps de guerre, pour marcher au combat en faisant le plus de bruit possible pour intimider l 'ennemi.59

Il y a, dans le département du Pool, divers types de sifflets : en corne d'animaux, en noix évidées, en pointes de crabes ou en cornes de vache. Ceux-ci sont utilisés pour transmettre des messages et véhiculer des signaux codés connus de la communication linguistique, préalablement,

57 Bileko-Mayoukou, op. cit. (sources orales n°6).

58 D. Remondino, « Sifflets tschokwe instruments de message, objets de prestige », Art Tribal, n°02, AvrilJuin 2003, p.100.

59 M.L.Bastin cité par D. Remondino, ibid, p .100.

définis au sein d'un groupe d'individus. Ils constituent un véritable langage calqué sur le langage articulé. Deux types de sifflements ont été recensés:

3.2.1.- Le kiluelue

C'est un sifflement émis par la bouche. Il l'est, directement, par le jeu d'un positionnement dento-lingual ou par l'utilisation des doigts. Cette forme de sifflement a généralement une richesse communicative restreinte, à signaler une présence, héler ou initier une action selon un code commun préétabli par le groupe.

3.2.2.- Le nsiba

Il est un sifflement utilisant les objets sonores, c'est un véritable langage. Dans le Pool, des sifflets à base d'Hyperrhenia60, nianga, à base des flûtes à embouchures terminales possédant plusieurs trous ont été utilisé pour transmettre les messages. Aujourd'hui, on peut considérer ces sifflets comme une sorte d'attribution de classes sociales en voie de raréfaction, puis de disparition avec le déclin des cours de chefferies traditionnelles dès la fin du XIXè siècle et de l'urbanisation des campagnes.

Aussi, la situation des moyens de communication dans l'espace culturel koongo nécessite t-elle une adaptation à la nouvelle donne, en dépit du fait, écrit Marshall Mc Luhan :

Qu'aucun média n'a jamais remplacé un autre, mais il les a beaucoup changé61

60 Hyperrhenia= Paille ou nianga

61 Marshall Mc Luhan cité par G. Cheneviève, « Tribune de Genève : sommet mondial de la société de l'information », [ http://www.tdg.ch/acceuil/imprimer_envoyer/index.php?Page...], (14/07/2004), p.1.

Dans cette optique, M. Bileko-Mayoukou nous tenait une confidence que lui avait faite, en 1948, Tata62 Nkunku, son maître à pensée :

1. IMbo lumona ngitukulu mu bizonzolo biawubi I.

IVous voir surprise cause moyens de parler ceux-ci I.

2./ Mu / madizi/ babakala / nabakento / kabavutua / tanga ko63/ IDans/ veillées / les hommes/ et/ les femmes/ ne pas chanter/ encore/ 3./ Ni bima biawubi Ibibayingasa I.

IChoses ceux-ci Ieux Iremplacer I.

Traduction littéraire:

1. Avec ces moyens de communications, attendez-vous à des surprises

2. Lors des veillées, les hommes et les femmes ne chanteront plus 3. Ils seront remplacés par ces moyens de communication ci.

3.3.- Le fusil de chasse, finkila

Le fusil de chasse, est un symbole de richesse et d'opulence pour tout homme qui en détient. Il aurait été introduit dans le Pool par les missionnaires et colonisateurs portugais vers les années 1492.

Le fusil de chasse sert non seulement à chasser le gibier, mais aussi à transmettre ou à répandre les messages sur de moyennes distances. Le port du fusil est réservé aux hommes qui y mettent la poudre de chasse, mfula, les barrettes de fer, de cuivre, de zinc, nkumbula, afin de produire un ou des grondement (s), kingundu, synonyme d'alerte.

62 Tâta ou Tâ=Terme caractérisant le respect dû à une personne âgée et qui signifie Père, Papa, cité par Bileko-Mayoukou, opt., (sources orales n°6).

63 Ka...ako= Est une morphène qui marque la négation.

Aujourd'hui, pour annoncer un événement heureux ou malheureux, cet instrument est encore utilisé. On tire des coups de feu, nzongo. Cette succession de coups de feu ou de sons hauts et bas, que les récepteurs parviennent à traduire, à décrypter, à décoder, constituent les formes stéréotypées de communication connues du groupe.

4.- Les cordophones

Tout instrument dont le son est produit par la mise en vibration d'une ou de plusieurs cordes, appartient, à cette catégorie. Il y a:

4.1.- Le nsambi

Cette guitare traditionnelle kongo comprend une caisse de résonance ouverte qui amplifie la sonorité de la corde pincée. Le nsambi est comme le kisansi : soit monocorde, soit pluricorde. Des fils ou des cordes de longueur et d'épaisseur variables, pour constituer les fréquences souhaitées, sont

posées côte à côte et maintenues en contact étroit avec la caisse de résonance. Le joueur (solitaire, dans la majeur partie du temps) appuie sur les cordes et l'instrument offre deux gammes ou deux sons : diatonique et pentatonique. Cet instrument est pourvu de cinq lames en acier ou en

chaire de bambou. Le nsambi sert plus à la musique qu'à la communication.

En définitive, les membranophones, idiophones, aérophones et cordophones sont, cumulativement, d'excellents instruments de musique et moyens de communication. Ainsi, un nombre important d'entre eux ont joué les fonctions de communication, de transmission des messages sur de petites, moyennes et longues distances que la voix humaine ne peut atteindre. Ils sont apparus comme le prolongement de la technologie de l'homme.

5.- Les autres moyens de communication traditionnels

Les prolongements de la technologie de l'homme, les moyens de communication traditionnels, les Kongo, les Suundi, les Haangala et les Laadi ont, pour communiquer, plusieurs formes non-verbales et symboliques. Nous avons réalisé qu'il existe des vecteurs artificiels et humains sur lesquels s'appuie cette communication à savoir:

5.1.- Les vecteurs artificiels de la communication 5.1.1.- Les signes, bidimbu

L'univers des signes n'échappe pas à la réalité de communication dans l'espace culturel koongo. Les habitants emploient un nombre important des signes. Ils parlent non seulement avec des mots, mais avec

des objets de la nature : c'est le langage silencieux ou les signes non verbaux de la communication. Parmi ces signes, il y a :

5.1.2.- kibila, bibila

Il s'agit tout d'abord des « symbolismes »64, des objets, d'origine minérale, animale et végétale, qui sont rassemblés puis placés sur les branches, sur les troncs d'arbres fruitiers ou sur les abords des plantations. Il faut noter qu'il existe, souvent, deux cas de figure :

- D'une part ces éléments, noués au moyen d'un fil de couleur rouge ou d'un fil d'une toute autre couleur, font l'objet de deux interprétations :

- Placés aux coins des champs : ils servent à protéger les cultures contre les animaux dévastateurs des cultures comme les antilopes ou autres herbivores ;

- Fixés ou accrochés sur les branches ou sur les troncs d'arbres fruitiers, ils signifient que ces arbres sont frappés d'interdit. Toute personne qui désire toucher ou cueillir les fruits doit avoir reçu l'autorisation ou le mandat du propriétaire au risque de contracter des maladies incurables ou d'être frappé d'anathème.

- Par ailleurs, quand ces mêmes éléments sont noués à l'aide d'un fil ou d'un ruban noir, l'explication la plus plausible est celle qui consiste à dire que le territoire ou l'espace, ainsi délimité, est lui aussi frappé

64 C.Faïk-Nzuji, La puissance du sacré : l'homme, la nature et l'art en Afrique Noire, Paris, Maisonneuve Larose, 1993, p.99., Coll. Voyages intérieurs.

d'interdit. C'est généralement des cas de genre qui surgissent ou qui interviennent à la mort d'un chez de famille (m'fumu kanda). A cette occasion, toutes les activités économiques (cueillette, pêche et chasse) sont prohibées jusqu'au retrait de deuil. Cette interdiction peut s'étendre jusqu'à deux (02) ans.

5.1.3.- Les noeuds, makolo

La symbolique des noeuds, makolo, diffère en fonction de la nature, de l'espace et du contexte de leur utilisation. Ils sont à l'image des marques, de puissants moyens et canaux de transmission de messages en zone rurale. La spécificité de communiquer à l'aide des noeuds est qu'il faille tenir compte du nombre, de la nature, de la forme pour comprendre et connaître la portée de message. Les noeuds interviennent et sont utilisés dans le processus de datation, dans l'inscription spatio-temporelle, sorte de calendrier, des évènements importants de la vie communautaire koongo.

5.1.4.- Les marques sur les troncs d'arbre, masuku

Elles aident toute personne qui s'aventure, pour la première fois dans une forêt, à mieux s'orienter. Ainsi, l'infortuné «explorateur» peut soit repérer les gros arbres, soit faire des marques, masuku, sur les troncs d'arbre, soit placer des branches de Caloncoba welwitschii, ntela, ou de Hymenocardia acida, gête, le long de la piste qu'il emprunte. Ces branches peuvent être placées aux carrefours afin d'orienter le destinataire

auquel le message s'adresse. Dans le cas de la circulation routière, ces branches sont d'une importance telle qu'elles signalent un véhicule en détresse. Afin de mieux décoder ou décrypter le message, le destinataire reçoit au préalable, des instructions sur la forme des marques.

En somme, les signes et les marques sont de puissants moyens de communication en zone rurale. Ils confèrent à l'objet auquel ils s'appliquent le signe d'appartenance ou de propriété, les limites de l'exercice du droit de propriété et même la signalisation dans le cadre de la communication routière, permettent d'inscrire, dans le temps et dans l'espace, les moments les importants de la vie des Kongo. De ce fait, ne remplissent-ils pas les mêmes fonctions que le carbone 14 (C14) utilisé dans le processus de datation des faits historiques, culturels voire anthropologiques ?

5.1.5.- Le roseau, diadia

Utilisé lors des parties de chasse au clair de lune, le nkonda, tout chasseur emporte avec soi un bout de roseau qu'il cassera à deux reprises dès que l'animal s'avancera dans sa direction. Ce geste suppose deux interprétations :

- La première interprétation se révèle double : D'une part, elle veut dire que le chasseur alerte son compère de la direction prise par l'animal et, d'autre part, se signaler. En tout état de cause, les chasseurs se passent des

consignes qu'ils sont tenus de respecter pour éviter toutes déconvenues comme les homicides involontaires.

- La deuxième explication tient au fait que l'animal, en cassant ce roseau, ne doute de rien. Il s'expose, ainsi, à l'adresse des chasseurs.

Mais, il convient de signaler qu'en tant que moyen de communication, le roseau, diadia, a fait ses prouesses dans la majeure partie des villages du Pool, singulièrement, auprès des adeptes des idées mystico religieuses de André Grenard Matsoua. Ceux-ci l'utilisèrent comme moyen de communication nocturne : c'est le « bukonzo bwa

lami »65.

5.1.6.- Les palmes, mandala

Si la place et le rôle du palmier ont été largement évoqués par A. Pandi dans son étude66 , il convient, à présent, de relever l'intérêt des palmes dans l'espace culturel koongo. L'utilisation des palmes à des fins de communication revêt trois significations :

- A l'entrée d'un village, rencontrer des palmes signifie que celui-ci est frappé d'un deuil. Un être humain (un homme, une femme ou tout autre membre de la communauté) est mort.

65 Bukonzo bwa lami : Moyen de communication diurne utilisé par les populations des villages Kubola et Kibosi de 1945 à 1960, cité par R.Niakounou (59 ans), Entretiens sur les fonctions des moyens de communication traditionnels dans le département du Pool, 19/06/2004, Brazzaville (sources orales n°5).

66 A. Pandi, La place et le rôle du palmier dans la civilisation de l'ancien royaume koongo : du XVè au XXè siècle, Mémoire de DES d'histoire, Brazzaville, Université Marien-N'gouabi, 1984, 142 p.

- Dans les mêmes circonstances de temps et de lieu, ces palmes associées aux fleurs renseignent qu'il y a une cérémonie de réjouissance (retrait de deuil, fête).

- La célébration de la venue dans la famille des jumeaux se fait à l'aide des palmes qu'on place à l'entrée principale de la case.

5.2.- Les vecteurs humains

5.2.1.- La communication gestuelle

Le langage gestuel est utilisé dans le département du Pool au cours des conversations de proximité. La signification assignée à cette communication non-verbale comme l' apparence physique, les mouvements, les attitudes, l'intensité de la voix, les gestes, le maquillage du visage, les mimiques, l'expression émotionnelle, forme le contexte dans lequel le message prend un sens. Si un individu peut s'arrêter de parler, il ne peut s'empêcher de communiquer par le langage du corps. Ainsi, les battements de mains (nsaki), les applaudissements (milolo), les mouvements des yeux, de la bouche qui sont en corrélation avec nos façons de penser, fonctionnent comme des indicateurs précédant l'expression verbale. Qu'on parle ou qu'on se taise, tout comportement, toute attitude a une valeur de message. On peut pas ne pas communiquer et ce que nous émettons au niveau verbal et non verbal exerce une influence sur les interlocuteurs.

5.2.2.- Le sifflet, ntsiba, kiluelue

C'est le sifflement émis par la bouche. Il est le plus répandu dans l'espace culturel koongo car il est directement émis par le jeu d'un positionnement dento-lingual ou par l'utilisation des doigts.

Au regard de cette typologie analytique que nous venons d'esquisser, il a existé et existe une panoplie de moyens ou instruments, utilisés par les populations de l'espace culturel koongo, qui jouent plus les fonctions de musique que de communication. Enfin de compte, quels sont les contextes d'utilisation et les fonctions des moyens de communication traditionnels ? Quels sont ceux qui remplissent les fonctions de communication?

Fig.1.-Typologie des moyens de communication ou instruments de musique du Pool

Typologie analytique

Français - Kongo

Membranophones, tambours ou lithophones :

Tambour à membranes- ngoma

Tambour sur pieds- petenge Tambour à friction - mkwiti Tambour à fentes - mukonzi

Idiophones :

Idiophones à percussion

Cloche - ngongi

Idiophones par secouement

Castagnette - kitsatsa Maracasse - nsakala Hochet - dibu

Idiophones par raclement

mukwaka

Idiophones par pincement

Piano à pouces - sanza, Guitare koongo - nsambi,

Aérophones ou instruments à vent et à air :

Trompe traversière en ivoire ou en corne - mpûngi

Sifflet - Kiluelue, nsiba

Fusil de chasse -Finkila

Cordophone

Nsambi-nsambi

Autres moyens :

Vecteurs artificiels

Signes- bidimbu (bibila, kibila)

Marques - masuku

Noeuds - makolo

Roseau - diadia

Palmes - mandala

Vecteurs humains

Voix-zû

Battements des mains - nsaki

Appaludissements - milolo Sifflets - kiluelue

B°).- CONTEXTES D'UTILISATION DES MOYENS DE COMMUNICATION TRADITIONNELS

On a souvent souligné, dans la littérature ethnologique et ethnomusicologique, qu'en Afrique :

L 'emploi de chaque instrument de musique est généralement déterminé par la société. Les occasions dans lesquelles un instrument est utilisé, aussi bien que les catégories des musiciens qui en jouent, sont fixées avec précision. Tel instrument est utilisé pour telle circonstance et non pas pour telle autre, et ne peut-être joué que par tel musicien qui remplit les conditions nécessaires et non pas un autre.67

De ce point de vue, que peut-on dire des contextes d'utilisation des moyens de communication dans l'espace culturel koongo ?

67 H.Zemp, « Comment devient-on musicien : quatre exemples de l'ouest Africain » La musique dans la vie t.1 : l'Afrique, ses prolongements, ses voisins, Paris, Office de Coopération Radiophonique, 1967, p.79.

En parlant des instruments de musique dans la société Kongo, le sociologue français Georges Balandier écrit :

Les chefs de guerre stimulent l 'ardeur des soldats et transmettent leurs ordres à l 'aide des signaux sonores. Ce code requiert l 'emploi de trois sortes

d 'instruments, d 'émetteurs : le tambour (ngoma), taillé dans le tronc d 'un ricinodendron africanun, à peau unique battue au moyen des petits maillets

d 'ivoire, la cloche sans battants nommée ngongé, frappée à l 'aide des verges de bois; enfin la trompe en ivoire (mpûngi) qui, d 'après Pigafetta, donne une musique martiale, pleine d'harmonie, allègre.68

L'ensemble des moyens de communication traditionnels est utilisé au cours de circonstances et des contextes les plus diverses de la vie individuelle ou collective.

Ainsi, les circonstances qui nécessitent l'utilisation des moyens de communication sont multiples. Il s'agit des occasions comme:

1. -Louanges et exaltations

Suite à une naissance, à une réussite à un diplôme69 ou à une toute autre prouesse, les membres de la famille manifestent leur joie en battant ou en faisant battre le tambour d'exaltation et de louange. Les paroles sont simples et montrent la grandeur de l'Etre suprême (nzambi a m'pungu). La preuve du contexte d'utilisation de ce moyen est, sans nul doute,

68 G. Balandier, La Vie quotidienne au royaume de kongo : du XVIè au XVIIIè siècle, Paris, Hachette, 1965, p.118.

69 Le succès au Certificat d'Etudes Indigènes, par exemple considéré, jusqu'en 1950, comme étant le diplôme le plus élevé de l'enseignement colonial, conférait au lauréat une ascension, une réussite sociale et un respect parmi les autres membres de la famille. Il représentait une fierté pour la communauté toute entière et servait d'émule voire de référence aux benjamins.

l'introduction de tambour à friction (nkuiti) dans la célébration des messes chez les protestants et les catholiques.

2.- Joies, rencontres, adieux

Les mêmes moyens de communication sont utilisés pour inviter les membres d'une même famille, habitant dans des lieux éloignés les uns des autres, à participer aux cérémonies de réjouissance marquant un événement heureux (mariage, naissance,...). Après une rencontre, les familles rassemblées, qui désirent rentrer chez elles, se servent d'un de ces moyens de communication. De même, les gens qui habitent le même village arrivent en groupe lors des manifestations religieuses, nkutakanu, ou s'ils veulent aussi rentrer en groupe, on convoque tout le monde au rassemblement de départ en jouant soit le tambour à fentes soit la cloche ou la corne.

3.- Réunions, visites officielles

Chez les Haangala, avant tout départ à une partie de chasse (mbingu), des chasseurs, le rassemblement est précédé par un ou des sons de cornes. Les visites officielles ne sont pas non plus à négliger. L'histoire sociopolitique du royaume koongo révèle que cette entité socioculturelle fut l'une des plus mouvementée de la République du Congo. En effet, de nombreux habitants de certains villages qui n'ont jamais payé l'impôt : c'est la célèbre et fraîche histoire des « trois francs », (m'falanga tatu), des

habitants qui n'ont jamais été recensé: cas des Matsouanistes70 ou des hommes valides hostiles à se faire enrôler dans les travaux de construction du chemin fer Congo-Océan (C.F.C.O.).

De ce fait, par relais de ces moyens de communication, ils suivaient, de près, le mouvement des recenseurs ou des percepteurs, et sachant ainsi à peu près le jour oü ceux arriveraient, ils prenaient la fuite et se cachaient dans la brousse jusqu'à ce que les envoyés de l'Etat, découragés, retournent en ville.

L'arrivée d'un étranger (nzenza) était annoncée de loin. L'étranger qu'on savait pacifique était attendu avec honneur et allégresse ; tandis que le << méchant » trouvait le village vide, désert, abandonné par ses habitants. Aussi, quand un chef de clan ou de village décide t-il, pour une raison ou une autre, d'aller rendre visite à un collègue, chef de clan voisin, ce dernier est averti par le visiteur en usant un des moyens de communication cidessus mentionné.

4.- Révoltes, revendications et affirmation identitaire

En Afrique noire, les évènements politiques et militaires à travers le monde (la Deuxième guerre Mondiale, la défaite de l'armée française en Indochine à Dien Bien Phu en 1954, la conférence de Bandoeng en avril 1955, etc.) constituent les occasions propices à la prise de conscience des peuples opprimés sur << l'infaillibilité » de l'occupant colonial. Aussi, vont-

70 Matsouanistes : Adeptes et fidèles aux croyances de A.G. Matsoua.

ils vouloir, de l'oppresseur, plus de liberté et d'autonomie qu'autre fois. Ainsi, les moyens de communications traditionnels sont utilisés pour préparer, coordonner et organiser les résistances. C'est au moyen de la corne, du tambour à fentes ou de la cloche que les manifestants sont invités au rassemblement. Sans ces instruments, certainement que les mouvements de résistance de Tchimpa-Vita, de André G. Matsoua ou de Mabiala Ma Nganga, dans le Pool, n'auraient pas connu de succès éclatants.

5.- Secours à une personne égarée

Dès qu'une absence anormale est constatée dans un des villages de l'espace koongo ou dans le département du Pool, qu'il s'agisse d'une femme, partit au champ, d'un enfant ou de n'importe quel membre de la communauté, les appels sont lancés pour une double raison : d'une part tout le monde doit savoir qu'il y a disparition et qu'on est invité à participer aux recherches ; d'autre part, si la personne recherchée est tout simplement égarée dans la brousse. Elle peut s'orienter en suivant les sons émis par les moyens de communication traditionnels utilisés.

6.- Appels à la bravoure

Lorsqu'un village est attaqué ou assiégé par une autre tribu, une épidémie ou une pandémie le décime, le chef du village (mfumu gâta) invite à la vigilance ses guerriers, invite les habitants à la bravoure face au fléau. Il peut aussi inviter les habitants à apporter leur secours à tout

infortuné terrassé par une maladie ou qui voit sa maison ravagée par un incendie. Etant donné que la localité de Kingoyi au Bas-Zaïre a été, est et demeure, dans l'espace koongo, le centre de soins de santé primaires de référence, les malades se faisaient transporter en tipoyes. Ce voyage était précédé par des sons de gong ou des roulements de tambours à fentes qui servaient à inviter les hommes à apporter leur force physique au malade.

7.- Décès, veillées funèbres

Les tambours à membrane, les cloches sont les principaux moyens de communication utilisés pour annoncer les évènements malheureux : la mort. Lors des veillées funèbres ou des funérailles, ces outils servent à animer les soirées de deuil et à accompagner le mort au cimetière.

Les contextes ou les circonstances d'utilisation des moyens de communication traditionnels sont multiples et variées. Elles dépendent de l'espace, du temps, de la nature ou du type de message à transmette, d'une part et, de la virtuosité ou des aptitudes des émetteurs << consacrés > à répandre les messages, d'autre part.

Aussi, la communauté koongo disposerait-elle des acteurs << investis > et << dotés > de certains pouvoirs qui leur confèrent un rôle hors de commun dans la transmission et la mise en commun des messages ?

Détiendraient-ils la << magie > de ces moyens de communication traditionnels ? Connaîtraient-ils les rythmiques et les circonstances

d'utilisation ? Mais au regard de ces contextes ou circonstances, quelles fonctions ces moyens de communication remplissent-ils ?

C°).-FONCTIONS DES MOYENS DE COMMUNICATION TRAIDTIONNELS EN ZONE RURALE DANS L'ESPACE CULTUREL KOONGO

1.-Fonctions politiques, administratives et militaires

Dans la majeure partie des villages du département du Pool, l'arrivée d'une autorité politique, administrative ou militaire (chef de canton, chef de terre, chef de la gendarmerie) s'effectue au moyen d'un tambour à fentes, mukondzi, d'une cloche, ngongi, ou d'une corne traversière, mpûngi. Ils sont les principaux moyens de communication usités pour répandre et amplifier, plus que la voix humaine, les messages. Ainsi, en quelques heures, les populations convoquées se retrouvent à la place publique : au mbongi, où ils prennent connaissance du mobile du rassemblement.

2.- Fonctions juridiques

La justice est rendue sous l'arbre à palabres, la case communautaire que les Kongo désignent sous le nom de << mbongi >. Le procès s'y déroule, généralement, les jours de repos : le dimanche71.

Mais en tenant compte de la gravité ou de l'urgence du différend, la justice peut, exceptionnellement, être rendue les jours ordinaires. L'assistance est y conviée au moyen du tambour à fentes, mukondzi, que l'on joue à intervalles réguliers. Ainsi, ce tambour représente << le téléphone chez les indigènes de l'Afrique centrale >, dont:

Le code de transmission (...) comporte des sentences conventionnelles. Ces sentences prennent souvent la forme d 'un proverbe, expression de l 'esprit et de

l 'expérience populaire72écrit Verbreken.

Les appels font l'objet d'une rythmique particulière que seuls les initiés sont capables de décrypter. Au moment du jugement, le chef du village ou le président du tribunal traditionnel, disposant d'un signe distinctif, se fait assister de conseillers : il est muni soit d'un balai qu'il agite lors des débats, soit d'un gong.

3.- Fonctions socioculturelles

En Afrique, comme dans l'espace culturel koongo, on ne saurait dissocier l'homme de son instrument de musique. Cet instrument lui permet de manifester sa joie. Suite à une naissance ou à une réussite

71 Le dimanche en dialectes kongo veut dire lumingu ou mpika et ontsara ou nkwue mbali en téké.

72 Verbreken A, « Le tambour téléphone chez les indigènes de l'Afrique centrale », Congo, fasc.1, 1920, pp.253-284. cité par V.Görög, Littérature orale d'Afrique Noire : bibliographie analytique, Paris, Maisonneuve Larose, 1981, p.321.

considérée comme bienfait pour la communauté, les membres manifestent en jouant au tam-tam. Il est davantage utilisé lors des soirées récréatives: le jeu koongo, est un exemple typique de la contextualité de ces instruments de musique ou de ces moyens de communication. Tout au long de ce jeu, les roulements de tambours se font entendre, et les habitants des villages avoisinants, peuvent venir se mêler à la fête. Le sage, voire le griot, ne peut s'empêcher d'utiliser les battements des mains lors qu'il raconte ses histoires à son auditoire. Par intermèdes, ces battements ne seraient-ils pas à la littérature orale ce que la ponctuation est à la littérature écrite ?

Qu'il s'agisse des moments de rencontres ou des moments de séparations, ces instruments rythment les conversations. La berceuse, la mère, de son côté, tout en chantant, calme les pleurs de son enfant.

4.- Fonctions mystiques et religieuses

Lors des séances de divination, certains instruments de musique ou de communication sont utilisés. C'est le cas du hochet, dibu, des castagnettes qui, une fois chargés, aident le magicien à faire ses incantations, à invoquer les esprits. Dans certains villages du Pool, le passage des esprits ou des génies est signalé par un initié qui demande aux néophytes de ne pas s'aventurer, la nuit, hors de leurs cases. Le passage de ces êtres étranges à souvent lieu pendant la nuit. Deux signaux sont, alors, émis : l'un avant le passage, et l'autre, après.

Ainsi, tout récalcitrant qui ne respecterait cette disposition court le risque d'être emporté par ceux-ci voire d'en mourir. Après leur passage, les non-initiés peuvent contempler les empreintes laissées sur le sol. Le bruit qu'ils émettent, à leur passage, rappelle celui produit par les hochets, les clochettes ou les castagnettes. Par ailleurs, on peut retarder la tombée d'une pluie ou faire qu'elle ne tombe pas du tout en implantant dans le sol une corne chargée des fétiches et prononcer des paroles consacrées au rite.

5.- Les autres fonctions

5.1.- Fonctions de renseignement, de documentation et de musée

Les moyens de communications jouent le rôle de renseignement, de musée et de documentation dans l'espace culturel koongo. En effet, un certain nombre d'instruments de musique ou de moyens de communication : les peaux d'animaux, les cornes, les fusils de chasse, servent de preuve. Recyclés, ces objets symbolisent les trophées de chasse qui sont présents sur les murs des maisons. Ils rappellent non seulement d'innombrables souvenirs aux chasseurs, mais surtout renseignent l'individu, le curieux sur la réputation, la notoriété de ces derniers. Enfin de compte, ils peuvent aussi servir d'appui aux communications d'ordre ou de protée anthropologique et sociologique.

5.2.- Fonctions de transmission de l'information

Alerter, mettre à la disposition des diverses populations des nouvelles et des informations est l'une des fonctions de ces moyens traditionnels de communication. Quand il s'agit d'informer les habitants des villages environnants sur les cas de décès, de naissance, sur de longues, moyennes et courtes distances, ces moyens sont utilisés.

Pour ce faire, le tambour à fentes (mukondzi), est l'instrument par excellence servant à la transmission des messages sur de longues distances. Certains habitants s'en sont servis pour alerter les populations, se trouvant dans la brousse, de l'arrivée du percepteur d'impôts ou du recruteur de l'armée coloniale pour y demeurer jusqu'au retour du trouble fête ou du casse-pieds en ville. N'a t-il pas l'objet d'interdiction d'usage dans certaines localités ?

Par ce moyen les Kongo du Pool, à l'image des Luba-Shaba, avaient certainement réussi à dérouter les Français arrivés au Congo parce qu'ils ne comprenaient pas le langage tambouriné et, lorsqu'ils comprirent enfin le rôle du tambour, ils en interdirent l'utilisation. Parlant de ce moyen de communication chez les Luba-Shaba, Charles Mahauden, écrit :

Avant l 'indépendance, l 'emploi de cet instrument avait été défendu par ce qu 'il permettait aux habitants d'être avertis de l 'arrivée de l 'un ou l 'autre indésirable et de prendre la fuite en brousse, avec armes et bagages jusqu 'à ce

5.- CONCLUSION

Au terme de cette étude, il sied de relever l'extrême diversité et variété des outils qui ont permis la mise en commun des messages entre les populations dans le département du Pool. Il s'agit des outils qui sont, à la fois, des vecteurs artificiels et humains, sans lesquels le processus de communication ne saurait avoir droit de cité.

Nous avons recensé plus d'une vingtaine de moyens de communication. En suivant la classification de Cavazzi, nous les avons regroupés en quatre grandes familles (membranophones, idiophones, aérophones et cordophones). A ces familles, nous avons ajouté une cinquième : basée sur une symbolique spécifique à l'espace culturel koongo. Ces moyens ont, au départ, servi à la musique, ensuite, à la communication sur de longues, courtes et moyennes distances. C'est un ensemble de moyens de communication et de télécommunication d'essence animale, minérale ou végétale qui ont permis de transmettre les messages d'un émetteur vers un autre, d'un groupe d'individus à un autre par le jeu d'une complicité sans faille, voire inébranlable.

Ainsi, lors des soirées récréatives, l'usage de ces moyens de
communication est loin de participer à l'éclosion des groupes et ensembles
traditionnels, des groupes folkloriques. Ceux-ci reculent devant la percée
fulgurante de ces instruments «importés», d'Europe et d'ailleurs.
Cependant, engouement des Kongo pour les nouveaux moyens de
communication ne se justifie t-il pas par le fait que les techniques actuelles

réduisent les moyens de communication traditionnels à un niveau de communicabilité relativement plus modeste et par la modification de la structure mentale des acteurs sociaux de la communication ?

Ainsi, les magnétophones, les électrophones, les mégaphones, les radiocassettes, permettant de mieux amplifier la voie humaine, sont à l'origine, à la fois, du recul et de la disparition de la fonction vitale des moyens de communication traditionnels. Mais, depuis le début des années 1970, la fonction vitale de véhicule des messages, des nouvelles entre les communautés, par ce moyen, est en butte aux assauts de l'urbanisation du milieu rural, d'une part, et d'autre part, à l'avènement et à l'utilisation des moyens modernes. En zone rurale, la fonction sociale de la radiodiffusion, ce « tam-tam d'Afrique » est sans commune mesure. Les ruraux se séparent rarement d'elle surtout au moment d'écouter les communiqués nécrologiques ou les communiqués divers diffusés sur les antennes de la radiodiffusion nationale congolaise.

Par ailleurs, la disparition des acteurs sociaux et avec eux les moyens typiques de communication comme les tambours à fentes conduisent au déclin de ces valeurs culturelles. De nos jours, ils ne sont plus fabriqués au moyen des troncs d'arbre, mais plutôt à l'aide des tonnelets. La paresse, le rejet des moyens de communication traditionnels et la facilité ont fini par gagner les fabricants des tambours à telle enseigne que sur les vingt (22) spécialistes que comptait, en 1970, la localité de Kimbédi, il n'en reste plus que deux (02). Ceux-ci s'adonnent encore à

coeur joie à cette activité. Le tambour en bois, mukonzi, des années 1960, est aujourd'hui miniaturisé (lokolé) et portatif. Il est fabriqué à base des quartiers de bambou de Chine que les évangélistes utilisent et manipulent avec aisance lors des différentes messes.

Tous ces facteurs constituent de sérieux obstacles à la survie des moyens de communication traditionnels dans l'espace culturel koongo. Mais, si de 1959 à 1970, Victor Malanda74 qui oeuvrait à « libérer les esprits apeurés par le kindokisme et à assainir les moeurs de la société congolaise» et se proclamant protecteur efficace de ses compatriotes contre les sorciers, fort de cet expérience, ne peut-on pas envisager de sauver ces moyens de communication en perte de vitesse par la mise en place, à court, moyen ou long terme, d'un Centre de Recherches pour la Conservation et la Restauration des Moyens de Communication Traditionnels (C.R.C.R.M.C.T.)?

Ne peut-on pas, dans le même ordre d'idées, procéder à la domestication de ces espèces animales, végétales et aquatiques qui constituent, sans aucun doute, les matières premières de nos moyens de communication traditionnels ?

Ne pouvons-nous pas, non plus, sauver la fonction musicale que remplissent, encore, ces instruments ? Le théâtre, expression de la vie quotidienne, peut-il récupérer à son compte ces moyens pour éviter qu'ils

74 V. Malanda : Est plus connu sous le nom de Croix-Koma, Martial Sinda, Le messianisme congolais et ses incidences politiques, Paris, Payot, 1972, p.361., Coll. Bibliothèque.

ne soient rangés dans le musée de l'histoire anthropologique et socioculturelle ?

A des fins de recherches, les Occidentaux avaient procédé à la synthétisation des sons émis par les instruments de musique et de moyens de communication en voie de disparition, ce cas d'espèce ne peut servir de source d'inspiration?

Mais, tenant compte du fait que l'espace culturel koongo ne se limite pas au seul département du Pool, quelle analyse peut-on faire des moyens de communication traditionnels dans les départements de la Bouenza, de la Lékoumou et du Niari ?

En définitive, la fonction de communication d'antan des moyens de communication traditionnels (mukonzi, ngongi, mpûngi...) est-elle aujourd'hui devenue plus que modeste. Les technologies actuelles des moyens de communication traditionnelles, dans une société en pleine mutation, n'expliquent -elles pas le rejet ?

6. BIBLIOGRAPHIE ANaLYTIQUE 6.1. -SOURCES ORALES

n° 1 .- MIABETO Auguste (65 ans), Entretiens sur la typologie des instruments de musique et des moyens de communication traditionnels au Congo, 2/04/2004 , Brazzaville.

n°2.- MOUHOUELO Jacques (71 ans), Entretiens sur les moyens de communications traditionnels dans le département du Pool, 9/05/2004, village Kimbédi.

n°3.- BOUESSO-SAMBA Romain (37 ans), Entretiens sur les fonctions des instruments de musique et des moyens de communication traditionnels dans le département du Pool, 5/06/2004, Village Mababa.

n°4. - FOUANI Antoine (67 ans) du village Bissinza-Linzolo, NSANGOU Albert-Sédard (55 ans) du village Yangi-Kinkala et MANKOU KIBAMBA (62 ans) du village Kolo-Mouyondzi, Entretiens sur les fonctions des moyens de communication traditionnels au Congo, 19/06/2004, Brazzaville.

n°5.- NIAKOUNOU Raymond (57 ans), Entretiens sur les fonctions des moyens de communication traditionnels dans le département du Pool., 19/06/2004, Brazzaville.

n°6.- BILEKO-MAYOUKOU (né vers 1937), Les bizonzolo dans le département du Pool avant et après l'indépendance du Congo, 2 1/06/2004, Village Matsoula, district de Mbanza-Ndounga.

6.2. -PERIODIQUES

1.- ANSART Pierre, << Les utopies de la communication >, Cahiers internationaux de sociologie, Vol. CXII, janvier- juin 2004, p.17-43.

Comment caractériser les utopies de la communication ? Pour répondre à cette question, l'auteur se propose de retracer les thèmes fondamentaux des utopies d'autrefois, de Platon à Fournier et de les confronter aux thèmes contemporains. La mise en relief de l'étendue des fausses similitudes est, pour notre étude, la portée scientifique de cet article.

2.- BEMBA Sylvain, << Variations sur l'éducation sentimentale de deux peuples ou la naissance du discours amoureux dans la vie quotidienne chantée au Congo-Zaïre >, Itinéraires et contacts des cultures, vol.8, Paris, L'harmattan, 1988, pp.39-58.

Dans cet article l'auteur décortique quelques chansons des musiciens de Brazzaville et de Kinshasa. Le thème principal de ces chansons est celui de la femme. Et, son intérêt est qu'il nous a révélé la fonction et la place qu'occupent la chanson, la danse et la musique dans les sociétés d'Afrique Noire avant, pendant et après les indépendances.

3.- BOGNIAHO Ascension, << A la découverte de la chanson populaire du Bénin >, Itinéraires et contacts des cultures, vol.8, Paris, L'harmattan, 1988, pp.81-88.

L'auteur analyse la place qu'occupe la chanson dans la vie quotidienne des Béninois. L'intérêt de cet article est qu'il présente l'apport de ces instruments musique dans le processus de communication en Afrique de l'ouest, susceptibles d'être appliqués aux contextes du Pool.

4.- CHENEVIEVE Guillaume, << Tribune de Genève : sommet mondial de la société de l'information>,

[http :// www.tdg.ch/accueil/imprimer-envoyer/index.php ? PageID=6239&print=0&art... ], (14/05/2004), 3 p.

Ce sommet est un cadre idéal de réflexion pour les responsables des radios, de télévisions (publiques et privées) sur leur rôle dans la société de l'information, sur l'impact des nouvelles technologies et sur les activités de diffuseur. L'intérêt de cet article est qu'il nous a permis de comprendre que face à la montée en puissance des nouveaux médias, survivent, les moyens traditionnels.

5.- FAÏK-NZUJI Clémentine, <<La voix du cyòndo le soir à travers la savane : le langage tambouriné chez les Luba>, Recherche, Pédagogie et Culture, n°29-30, vol.5, mai-août 1977, pp.19-25.

L'auteur présente le cyòndo comme instrument de communication utilisé chez les Luba-Shaba de la République démocratique du Congo (ex Zaïre). Définissant le cadre géographique, elle décrit les fonctions que remplit cet instrument. Cet article nous a permis de comprendre les circonstances et les contextes d'utilisation de ce moyen de communication traditionnelle chez les Luba-Shaba.

6.- FATOYINBO Akin, << Les médias en Afrique », Lettre d'Information, vol.11, n°2, [ http://www.adeanet.org/news/vol1 1N02/fr-6html], (27/07/2004), 7 p.

L'auteur décrit les changements intervenus dans le paysage médiatique Africain. Ils sont marqués par l'essor de la radiodiffusion qui est en passe de supplanter les médias traditionnels. L'intérêt de cet article est qu'il s'inscrit dans le droit fil des types, contextes et des fonctions de moyens de communication en usage dans l'espace culturel koongo.

7.-KERSALE Patrick, << Préhistoire des télécommunications », [http ://www. abm/récit/récitkersal.html], (24/04/2004), 5 p.

Dans cet article, Patrice Kersale passe en revue les diverses formes de transmission des messages imaginés, en Afrique centrale, par l'homme. L'évolution des techniques de communication est l'aspect qui a le plus retenu notre attention.

8.- MCGAFFEY Wyatt (2002), << Notes d'ethnographie sur les instruments musicaux du kongo : arts africains », [http :// www.findearticles .com/cf-dls/m043 8/... .], (24/04/2004), 9 p.

Le texte de base sur les instruments musicaux des kongo est la thèse de Bertil Soderberg (1956). Le présent essai complète les sources avec les notes tirées des textes originaux en kikongo dans lesquels l'auteur décrit ces instruments. Mais, l'originalité de cet article est qu'il fait état des moyens de communication ou instruments de musique utilisés avec les fétiches par les Kongo.

9.- NKOUNKOU Raymond, <<Qu'est ce que le mbongi ?», Liaison, n°13, juillet 1951, pp.21-22 .

Dans cet article, l'auteur propose une définition du concept mbongi. L'intérêt de cet article réside dans la place qu'occupe cette entité culturelle dans le processus de transmission et de conservation des valeurs culturelles en République du Congo, en général, et dans l'espace Koongo, en particulier.

10.- REMONDINO Dominique, <<Sifflets tschokwe instruments de message, objets de prestiges », Art Tribal, n°02, avril-mai-juin 2003, pp.100-1 12.

L'auteur présente les différents sifflets en usage dans l'espace culturel koongo. Pour notre étude, les fonctions et les contextes d'utilisation de ces instruments ont été d'un apport indéniable.

11.- TINE Alioun, « Tradition orale comme modèle de communication », Annales de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Dakar , n°1, 1984, pp 173-190.

L'objet de la présente étude est d'attirer l'attention sur un aspect fondamental de la tradition orale. Il s'agit de l'oralité comme modèle d'interaction sociale. Etant un domaine encore peu exploré, l'ambition se limite à un travail de balisage, par conséquent, de traçage des grands axes d'un programme de recherche. Cet article nous a permis de comprendre l'intérêt des sources orales dans le cadre d'un travail de recherche.

6.3.- Monographies et ouvrages de référence

1.- BALANDIER Georges, La vie quotidienne au royaume kongo : du XVè au XVIIIè siècle, Paris, Hachette, 1965, 286 p.

Balandier décrit le type d'organisation sociopolitique, administratif et culturel des peuples du royaume kongo. Ce livre nous a édifié sur la portée socioculturelle des moyens de communication traditionnels, d'autre fois, du royaume kongo.

2.- BATICLE Y-R, Message, média, communication de Lescaux à l'ordinateur, Paris, Ed. Magnard, 1973, 220 p., Coll Information- Communication.

Ce livre traite des balbutiements de l'ordinateur dans le processus du traitement et de diffusion de l'information. Pour notre étude, la définition du concept communication a été l'aspect captivant.

3.- BATSIKAMA Bâ MAMPUYA ma NDÂWLA, Raphael, L 'Ancien royaume du kongo et les Bakongo : Ndona Béatrice et voici les jagas : séquences d'histoire populaire, Paris, L'harmattan, 1999, 320 p.

Dans les cultures africaines, assurer la continuité des générations, renouer les liens entre les vivants et les morts, est une tradition vivace, notamment chez les Bakongo. Une vulgarisation des épisodes marquants de l'histoire, réalisé par cet auteur conserve la spécificité de l'oralité kikongo avec les dictons et proverbes. Cette oeuvre est d'un intérêt capital pour la fonction juridique du mpûngi chez les Kongo.

4.- BEBEY Francis, Musique de l 'Afrique : expressions, Paris, éd. Horizons de France, 1969, 207 p.

L'auteur décortique tous les langages musicaux, principales formes d'expression de la vie quotidienne des peuples africains. Cet ouvrage a été d'un grand apport pour notre étude, il nous a renseigné sur les principaux

instruments de musique ainsi que sur le contexte d'utilisation en Afrique Noire.

5.- BRUNSVICK Yves et André DANZIN, Naissance d'une civilisation : le choc de la mondialisation, Paris, Ed. Unesco, 1998, 111 p., Coll. Défis.

La mondialisation est révélatrice d'un phénomène profond que les auteurs qualifient de naissance d'une civilisation. Celle-ci n'est plus réduite à sa dimension financière et commerciale. Elle apparaît comme le fruit d'un changement de la vision du monde, d'une modification des cultures et des moeurs : c'est l'humanité entière qui est à la recherche de nouveaux équilibres. L'étude aborde les aspects de l'information à l'heure de la mondialisation des grands ensembles.

6.- Dictionnaires des bibliographies t.1 et 2, Paris, Puf, 1958, 1.563 p.

Ces ouvrages de référence présentent les informations sur les auteurs et les personnages qui y sont consignés. Ils nous ont permis d'avoir des indications biographiques et bibliographiques sur Gutenberg et Marconi.

7.- DIOP Cheick Anta, Civilisation ou barbarie sans complaisance, Paris, Présence africaine, 1981, 526 p.

Cette oeuvre réhabilite l'identité africaine depuis l'âge paléolithique en passant par la naissance des Etats. L'auteur met en évidence l'apport de

la culture nègre dans le processus de civilisation de l'humanité, et en particulier, dans les sciences et en philosophie. Cette étude pluridisciplinaire, une synthèse des connaissances actuelles, nous a permis de cerner la place du facteur linguistique dans la formation de l'individu.

8.- FAÏK-NZUJI Clémentine, La puissance du sacré : l 'homme, la nature et l'art en Afrique Noire, Paris, Maisonneuve Larose, 1993, 179 p., Coll. Voyages intérieurs.

L'intérêt de cet ouvrage est qu'il couvre les rites et les coutumes d'une cinquantaine de peuples d'Afrique noire. Il s'attache à recenser et à détailler les principaux supports des symboles : l'homme dans son corps et dans ses gestes, y compris les signes les plus spectaculaires. Ceux-ci constituent une forme d'expression des identités culturelles africaines.

9.- GEORGES Robert, Hétérogénéité et communication : visages nouveaux de l'aliénation, Paris, Anthropos, 1978, 382 p.

Traitant de l'anthropologie culturelle, sous l'angle de la communication, l'intérêt de cet ouvrage est que l'étude porte sur les niveaux de relations de communication qu'entretiennent les êtres humains.

10.- GOGA-MESSAKOP Joseph, La communication dans les sociétés traditionnelles : cas des Bakouélé, Travail d'Etudes et de Recherches en

sciences de l'information et de la communication, option Journalisme, Brazzaville, Université Marien-N'gouabi, 1990, 64 p.

Les principales formes de transmission des messages chez les Bakouélé du département de la Sangha sont abordées dans ce mémoire. Son intérêt se résume à la symbolique liée à la fabrication des tambours.

11.- GÖRÖG Véronika, Littérature orale d'Afrique Noire : bibliographie analytique, Paris, Maisonneuve et Larose, 1981, 394 p.

Le présent catalogue fait l'état des lieux de la production littéraire en Afrique Noire. Ce texte nous a permis de comprendre la portée culturelle des messages tambourinés chez les indigènes d'Afrique centrale.

12.- GRAWITH Madeleine, Méthodes des sciences sociales, 9è éd., Paris, Dalloz, 1993, 870 p., Coll. Précis Dalloz.

L'auteur aborde les diverses sciences sociales, les problèmes qu'elles soulèvent, les diverses méthodes proposées pour l'étude des faits sociaux, ainsi que les instruments techniques dont disposent les chercheurs. Pour notre étude, cet ouvrage nous a renseignés sur le sens de la méthode inductive que nous avons utilisée.

13.- KABORE Oger, Les oiseaux s 'ébattent : chansons enfan tines du Burkina-faso, Paris, L'harmattan, 1993, 247 p.

L'auteur est fasciné par les enfants. Il prend appui sur un abondant corpus de chansons enfantines et démontre leurs qualités insoupçonnées ; dévoile l'image vivante de la parole ancestrale, le tout fondé sur une conception métaphysique de la parole ancestrale éminemment riche d'enseignements. Ce texte nous a aidé à comprendre l'intérêt que revêtent la musique, la danse et le chant chez l'enfant africain.

14.- MAMPUYA MAM'SI, J'apprends seul la sansa, Brazzaville, Ed. Bakoub, 1991, 27 p.

L'intérêt de cet opuscule est que l'auteur met à la disposition de l'apprenant de la sansa les éléments susceptibles de l'aider à jouer cet instrument musical sans aucune aide.

15.- MASSA MAKAN DIABATE, « Corrélation entre communication moderne et traditionnelle », La Fonction culturelle de l 'information en Afrique, Dakar, NEA, 1985, 223 p.

Les travaux de ce colloque portent sur les liens entre la culture et la communication, sur la dimension culturelle du nouvel ordre mondial de l'information en Afrique, d'une part, et d'autre part, sur le contenu culturel de l'information en Afrique et sur la fonction d'animation culturelle qu'exercent les médias sur la formation de la conscience collective des peuples africains. Cet article aborde clairement l'interaction entre la communication moderne et la communication traditionnelle en Afrique.

16.- MERTON Robert King, Eléments de méthode sociologiqueParis, Plon, 1953, 248 p., Coll. Recherches en sciences humaines ; n°1.

Ce volume s'organise autour de deux axes : le premier traite de l'influence réciproque que la théorie et la recherche empirique exercent l'une sur l'autre et, le second aborde les questions de besoins de codification tant dans la théorie que dans les procédures d'analyse. L'intérêt qu'il revêt est qu'il nous a permis de comprendre la portée des méthodes (inductive et déductive) utilisées en sciences sociales.

17.- MONIOT Henri, Les Civilisations de l'Afrique, Paris, Casterman, 1987, 77 p., Coll. L'Histoire de l'Homme.

L'Afrique des premiers hommes a déployé au cours des millénaires une infinité de cultures et de civilisations. Certaines ont laissé des ruines sur les pierres, des masques de bois, des chefs-d'oeuvre de métal. D'autres ont survécu dans les récits de griots, des danses des initiés, les chants de travail et de guerre. L'originalité de cette étude est qu'elle comporte une photographie, une planche, qui sert de preuve sur l'existence, depuis 1692, des instruments de musique servant de communication au royaume kongo.

18.- MOUANDA Albert, Civilisation traditionnelle des Minkéngé du district de Mouyondzi : essai d 'ethno-histoire, Mémoire de maîtrise d'histoire, Brazzaville, Université Marien-N'gouabi, 1975, 231 p.

L'auteur analyse les particularités du point de vue politique, économique, administratif et socioculturel du sous-ensemble Minkenge du groupe Beembe 11 du district de Mouyondzi. Cette étude nous a aidé à connaître le nom scientifique de l'arbre qui sert à la fabrication des tambours : le ricinodendron africanum ou chlorophora exelsa.

19.- La musique dans la vie : l 'Afrique, ses prolongements, ses voisins, tome 1, Paris, Office de coopération radiophonique, 1967, 297 p.

Ce volume s'articule autour de douze communications qui traitent de la diversité et de la richesse restées si longtemps ignorées de la musique africaine. Ses liens étroits avec l'ensemble de l'activité sociale en font un domaine privilégié pour s'interroger sur l'avenir de l'art musical, sur les profonds et multiples bouleversements qu'il connaît de nos jours et, sur les fonctions qu'il sera amené à remplir dans le monde qui est en train de naître. Cet ouvrage nous a permis de comprendre les fonctions thérapeutiques que peut jouer la musique.

20.- N'GOÏE-N'GALLA Dominique, Le retour des ethnies : quel Etat pour l'Afrique?, Paris, Ed. Bajag-Meri, 2003, 143 p.

L'auteur analyse la place qu'occupent, aujourd'hui, les ethnies dans l'édification des Etats démocratiques en Afrique. Elle passe par la participation des toutes les ethnies à l'élaboration des décisions de l'Etat. L'intérêt de ce livre est qu'il nous a aidé à comprendre la classification des

langues à classes dans la zone H koongo des linguistes Daniel Barreteau et Yvonne Bastin.

21.- PANDI André, La place et le rôle du palmier dans la civilisation de l 'ancien royaume koongo : du XVè au XIXè siècle, Mémoire de DES d'Histoire, Brazzaville, Université Marien-N'gouabi, 1984, 142 p.

L'auteur étudie la symbolique végétale (le palmier) sur lequel s'articule toute la civilisation koongo. L'intérêt de cet ouvrage est qu'il nous renseigne sur la période de la découverte par les marins portugais du plus vieil instrument de musique au koongo : la sansa.

22.- QUERE Louis, Des miroirs équivoques : aux origines de la communication, Paris, Aubier-Montaigne, 1982, 224 p., Coll. Recher-che.

L'auteur analyse les fondements de la communication en société. Il nous a permis de comprendre la difficulté qu'éprouve le chercheur pour nommer un fait social.

23.- SINDA Martial, Le messianisme congolais et ses incidences politiques, Paris, Payot, 1972, 385 p., Coll. Bibliothèque.

L'auteur traite de l'évolution du mouvement politico-messianique de Simon Kimbangou à Victor Malanda en passant par André-Grenard Matsoua. L'intérêt de ce texte est qu'il a suscité le désir de s'ériger,

comme Victor Malanda, en son temps, en protecteur des moyens de communications traditionnels en perte de vitesse dans l'espace koongo.

24.- SUTTER Eric et Jean-Michel SALAUN, Stratégie marketing des systèmes d 'information documentaires: bibliothèques et centres de documentation, Paris, Ed. ESF, 1994, 221 p., Coll. SJ

Cet ouvrage détaille la démarche indispensable au développement des sciences de l'information, suivant une approche marketing. Il nous a permis de cerner les définitions assez complètes des concepts Information et Communication.

25.- VOYENNE Bernard, La Presse dans la société contemporaine, Paris, A. Colin, 1962, 327 p., Coll. U ; série société politique.

B. Voyenne passe en revue la fonction sociale de la presse au sein des entreprises de presse, de l'interaction entre elle et le public, puis traite des notions de liberté et de responsabilité de cette même presse dans le monde d'aujourd'hui. L'importance de cet ouvrage est qu'il a servi de comprendre la place qu'occupe, dans la société, tout processus de communication.

7. ANNEXES

fig.2- instruments de musique en usage au kongo en 1692

Sources : MONIOT Henri, Les civilisations de l 'Afrique, Paris, Casterman, 1987, p.49.

L'intérêt de cette planche est qu'elle comporte deux des trois instruments, encore, en usage dans le département du Pool : la corne et le nsambi. Le balafon, le marimba ou le mbira n'assure plus la fonction sociale d'autre fois.

fig.3 Tambour à friction (nkuiti, mukuiti)

Sources : BEBEY Francis, Musique de l 'Afrique : expressions, Paris, Horizon de France, 1969, p.1 19.

fig.4 Idiophone par percussion ou membranophone en bois

Sources : F. Bebey, op. cit., p112.

Fig.5. Idiophone par percussion, ngongi

Fig.6. Iidiophone par pincement, kisansi

Fig.7. Mpûngi, Corne (aérophone ou instrument à vent)

Sources : F.Bebey, op. cit., p.87.

fig.8. Tambours à membranes en tonnelets

8.- LEXIQUE

L'intérêt de ce lexique est d'aider le lecteur à cerner la typonymie des moyens de communication et des instruments de musique en usage dans l'espace culturel koongo du Pool. Les mots de ce lexique se prononcent de la manière suivante: le en ou, le en u, parfois le en ou le en et le en g .

Acquérir : ku bakaa Coloncoba welwitschii: ntéla

Apporter: ku nata Corne : mpûngi

Arbre: muti, n'ti Coup de feu : nzongo

Baguettes de bois: mikomoto Couper : ku tabula

voire : verges Demander : lomba, yula

Battements de mains : nsaki Dieu :Nzambi mpûngu

Barrettes de fer : nkumbula Ensorceler: ku loka

Case : nzô Etonnement :ngitukulu

Castagnettes : nsakala Etonner :ku yituku

Chlorophora exelsa : voire Etranger : nzenza

Ricinodendron africanum : Fête : Malaki

mungo ngoma Franc : m'falanga

Chasse: mbingu Grondement : kingundu

Chasse au clair de lune. Nkonda Hangar : Mbongi

Chef de famille : m'fumu kanda, Herminette : Lukwetu

Chanter: tânga Hochet : dibu

Chef de village : m'fumu gâta Hymenocardia acida :mugéte

Hyperrhenia diplandra : paille, Mais: kaa

Marque : masuku

Moi : meno

Moyens de communication : bizonzolo

Oncoba spinosa: munsakala Paître : hûnga,wanga, vûnga Palme : di ndala

Palmier : Di ba

Pardon :mu lemvo, m'lêmvô Pardonner :ku lemvokila

Parler : zônza

Poudre de chasse : mfula

Prendre : ku bônga

Remplacer: ku yingasa Ricinodendron africanum voire Chlorophora exelsa : mungo ngoma

Roseau : diadia

Sifflet : nsiba

Son : Zuû

Sorcier : ndoki

Sorcelerie : kindoki

Tambour à membranes : ngoma Tambour à fentes : mukonzi Tambour à friction : mkwiti Tambour sur pieds : petenge Téléphone : lami

Toi : nge

Trois : tatu

Trois francs : m'falanga tatu Veillée : dizi

Verges: mikomoto, voire
Baguettes de bois

9.- BIBLIOGRAPHIE PROSPECTIVE

Cette bibliographie prospective constitue un ensemble d'ouvrages et des textes qui seront lus en fonction des centres d'intérêt de cette étude. En dépit de notre esprit de recherche, elle ne contient, malheureusement, pas toutes les références nécessaires.

1.- BALLE Francis, Média et sociétés, 5èd., Paris, Monchrestien, 1990, 689 p. Coll. Donnat politique.

2.- CHEVRIER Jacques, L 'arbre à palabres : essai sur les contes et récits traditionnels d'Afrique, Paris, Hatier, 1986, 335 p.

3.- DOUTRELOUX Albert, L 'ombre des fétiches : société et culture yombe, Paris, Nauwelaerts, 1967, 288 p., Coll. Publication de l'université de Louvanium de Léopoldville ; n°6

4.- DRAME Adama et Arlette SENN-BORLOZ, Juliya : être griot et musicien aujourd'hui, Paris, L'harmattan, 1992, 326 p.

5.- KAN AMADOU K, Roman africain et traditions, Dakar, NEA, 1982, 519 p.

6.- KWABENA-NKETTA J.H., The music of Africa, Norton and Company, 1974, 278 p.

7.- LABURTHE-TOLRA Philippe et Jean Pierre WARNIER, Ethnologie, anthropologie, Paris, Puf, 1993, 412 p. Coll. Cycle premier.

8.- LAMAN Karl Edward, The kongo, (4 volumes):

Vol. I: viii, 163 pages, Vol. II: 172 pages, Vol. III: vii, 258 pages, Vol. IV: vii, 198 pages

9.- LAZAR Judith, Sociologie de la communication de masse, Paris, A.Colin, 1991, 240 p., Coll.U ; série sociologie.

10.-MAC GAFFEY, Art and healing of the Bakongo, commented by themselves : minkisi from the Laman , Publisher: Stockholm : Bloomington, 1991.

11.- MAIGRE Eric, Sociologie de la communication et des médias, Paris, A. Colin, 2003, 288 p., Coll.U.

12.- MC LUHAN Marshall, Pour comprendre les média : le prolongement de la technologie de l'homme, Paris, Seuil, 1968, 320 p.

13.- OBENGA Théophile, « Instruments de musique au royaume du Kongo (XVIe-XVIIIe siècle) », Cahiers con golais d'anthropologie et d'histoire, tome 4, Brazzaville, 1981, pp. 39-56.

14.- PIGAFETTA Filippo et Duartes LOPEZ, Description du royaume Congo et des contrées environnantes, Paris, Nauwelaerts, 1965, 253 p.

15.- SILBERMANN Alphonse, Communication de masse : éléments de sociologie empirique, Paris, Hachette, 1981, 125 p. Coll. Université.

16.- VANOYE Francis, Expression - communication, Paris, A. Colin, 1973, 241 p. Coll. U.

17.- WATZLAWICK Paul, Jannet HELMICK BEAVIN et Don D. JACKSON, Une logique de la communication, Paris, Seuil, 1979, 280 p.

TABLE DES MATIERES

Dédicace 3

Remerciements 4

1. Introduction justifiant l'intérêt du sujet 5

1.1. Présentation du sujet 5

1.2. Intérêt du sujet 8

2. Problématique et intérêt de la problématique 12

2.1. Problématique 12

2.2. Intérêt de la problématique 13

2.3. Choix du corpus 15

3. Méthodologie d'enquête et d'analyse 17

4. Principaux axes de recherche et rédaction d'un axe 20

I. Typologie analytique des moyens de communication traditionnels en zone rurale dans l'espace culturel koongo :

cas du département du Pool 23

A°) Typologie analytique des moyens de communication

traditionnels 24

1. Les membranophone, tambours ou lithophones 24

1.1. Le tambour à membranes, ngoma 25

1.2. Le tambour sur pieds, tambour sur cadre , petenge 27

1.3. Le tambour à friction, mukwiti 28

1.4. Le tambour à fentes, le mukonzi 29

2. Les idiophones 31

2.1. Les idiophones par percussion 32

2.1.1. La cloche, ngongi 32

2.1.2. Le tambour à fentes, mukonzi 33

2.2. Les idiophones par secouement 33

2.2.1. Les castagnettes, bisasa 33

2.2.2. Les maracasses, nsakala 34

2.2.3. Le hochet,dibu 34

2.3. Les idiophones par raclement 35

2.3.1. Le mukwaka 35

2.4. Les idiophones par pincement 35

2.4.1. Le kisansi 36

2.4.2. La sanza 37

3. Les aérophones ou instruments à vent et à air 37

3.1. La trompe traversière en ivoire, le mpûngi 38

3.2. Les sifflets: 39

3.2.1. Le kuluelue 40

3.2.2. Le nsiba 40

3.3. Le fusil de chasse, finkila 41

4. Les cordophones 42

4.1. Le nsambi 42

5. Les autres moyens de communication traditionnels 43

5.1. Les vecteurs artificiels de la communication 43

5.1.1. Les signes, bidimbu 43

5.1.2. Kibila, bibila 44

5.1.3. Les noeuds, makolo 45

5.1.4. Les marques, masuku 45

5.1.5. Le roseau, diadia 46

5.1.6. Les palmes, mandala 47

5.2. Les vecteurs humains 48

5.2.1. La communication gestuelle 48

5.2.2. Le sifflet, kiluelue 49

B°)- Contextes d'utilisation des moyens de communication

traditionnels 50

1. Louanges et exaltations 51

2. Joies, rencontres, adieux 52

3. Réunions, visites officielles 53

4. Révoltes, revendications et affirmation identitaire 54

5. Secours à une personne égarée 54

6. Appels à la bravoure 55

7. Décès, veillées funèbres 55

C°)- Fonctions des moyens de communication traditionnels 56

1. Fonctions politiques, administratives et militaires 56

2. Fonctions juridiques 57

3. Fonctions socioculturelles 58

4. Fonctions mystiques et religieuses 58

5. Les autres fonctions 59
5.1. Les fonctions de renseignement, de documentation et

de musée 59

5.2. Les fonctions de transmission de l'information 60

5. Conclusion 62

6. Bibliographie analytique 66

6.1. Les sources orales 66

6.2. Les périodiques 67

6.3. Les monographies et ouvrages de référence 71

7. Annexes 81

8. Lexique 85

9. Bibliographie prospective 88




Par: ar Jean-Claude MOUSSOKI 

Université Marien-N'gouabi de Brazzaville - Diplôme d'Etudes Approfondies 2003

No comments :

Post a Comment