Martine avait 33 ans.
Elle avait 33 ans, elle était maîtresse, elle tenait une classe de CE1 à l'école publique de Mont-Bouet/ La Sorbonne de Libreville. Le 23 mars au petit matin, elle se rendit au centre-ville pour une manifestation pacifique du SENA, le syndicat des enseignants. Puis vert 9 heures, Martine et d'autres manifestants se retrouvent dans une embuscade face à une unité spéciale de la police. Le Capitaine de cette unité de police donne l'ordre de tirer. Des balles s'échappent des armes. Des cris, la fuite, des corps au sol. Des corps blessés se comptent. Le courage et la solidarité d'autres enseignants bravent la peur et les armes. Monsieur Essonghe et madame Oulabou sont gravement blessés. Ils rapidement conduit à la Clinique Chambrier pour les premiers soins. Mais la jeune Martine est trop gravement atteinte. Martine est transportée dans une ambulance vers la Fondation Jeanne Ebori.
Martine avait 33 ans. Sur le lit d'hôpital à Jeanne Ebori, Martine jette un dernier regard vers les médecins qui tentent de lui sauver la vie. Les yeux humides, Martine libère une petite goutte de larme tel un océan d'espoir pour son pays. Le 23 mars 1992 vers 10 heures, La maîtresse Martine s'éteint.
Martine avait 33 ans et croyait au combat syndical et s'était engagée dans la lutte pour la démocratie dans son pays.
La liberté n'est pas une faveur, elle le combat de plusieurs générations.
Mais Martine, sais-tu que Samuel Ngoua Ngou est devenu éminent conseiller du Système ? Sais-tu aussi que Christiane Bitougat était récemment ministre de ce Système ...La liste est trop longue. Ces syndicalistes de ta génération qui ont décidé de servir le Système.
J'ai pensé à ton fils, j'ai revu le visage de ta grande-sœur me demandant ce qu'ils étaient devenus.
Chère Martine, je me suis toujours dit que je ferai mon pèlerinage à Ekouk où tu avais été inhumée.
Le plus difficile à te raconter c'est que les salles de classes sont toujours pléthoriques, les salaires des enseignants sont toujours précaires et l'UOB est devenue un camp militaire.
Aujourd'hui tant d'enseignants doutent, craignent et abandonnent ton combat pour une école gabonaise digne.
Pourtant, malgré ta petite taille, tu es descendue dans la rue défendre tes droits. Tu avais 33 ans et juste déterminée à combattre.
Martine, comme d'autres assassinats sous ce Système, le tien n'a toujours pas été jugé.
#MyLittleStrongWoman.
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