Aug 9, 2023

Discussion sur la planification urbaine

JEAN DIVOUNGUY:
Quel urbanisme pour nos villes du Gabon qui ressemblent à des campements modernes ? Donnez nous au moins des débuts de solutions?

ARISTIDE MIKALA AMAROO: L'urbanisme est un champ de l'aménagement du territoire, mais qui se fait à l'échelle de la ville/village où il y a une forte concentration d'habitants. C'est une science spécialisée dans le développement de la cité. Elle accorde une grande partie de son travail dans la planification. Il s'agit là de prévoir des aires pour les activités (industries, commerces, administrations, éducation, santé, loisirs, etc) et pour le logement des habitants. Ces différents espaces devront être servi par les réseaux (routiers, eaux, électricité, télécommunications, etc). Le tout, en proportionnalité avec le nombre d'habitant de la cité de l'heure, tout en faisant des prévisions sur la démographie à venir de celle-ci. Tout ceci devra être réalisé avec un modèle architectural de la ville à construire. Sans cette planification, l'urbanisation de la ville se fait de manière spontanée. Et cette spontanéité ne suit aucun schéma. C'est ce qui donne le phénomène des taudis, des matitis ou des mapanes. Ainsi la ville ressemble à une agglomération de grands villages. Le problème de l'urbanisme est qu'il dépend totalement du politique, notamment de sa volonté. S'il ne planifie rien, la ville sera un grand campement avec des constructions (individuelles) modernes. Aucune ville du pays n'est dotée d'un schéma directeur d'urbanisme. Cet instrument est l'outil à partir duquel le politique intervient dans la construction de la ville. L'absence de ces schémas montre simplement l'absence de vision d'ensemble de la part des dirigeants de nos cités

JEAN DIVOUNGUY: 
ARISTIDE MIKALA AMAROO
Le problème vient du fait que nos leaders africain n' ont pas une vision de développement de leurs pays. La Bible dit : " que mon peuple pays périt faute de vision." L ' Espagne a eu pour vision d' être la métrople du monde, Rome la capitale cultutrelle du monde, Londre le centre du business au monde, Dubai l' une des plus belles villes au monde etc....Quant à nos pays africain nos décideurs n 'ont aucune ambition à l ' exception de quelque pays d' Afrique.L' urbanisme repose sur une vision, un.projet ou une ambition précise provenant de ses décideurs. Quelle est la vision ou l' ambition de nos décideurs pour notre pays? That is the question.

ARISTIDE MIKA AMAROO
JEAN DIVOUNGUY
même au sein des pays développés se sont succédés à leur tête, des hommes avec une grande vision, et d'autres avec peu de vision. Cela ne les a pourtant pas empêcher de construire des villes. Car ils sont entourés des spécialistes en la matière. Est-ce tant le problème de vision chez nous ? Moi je ne pense pas. Car en regardant les premiers schémas directeurs d'aménagement du territoire, élaboré par Léon Mba, qui n'a fait aucune école sociale, à un temps où le pays n'avait pas la matière grise en science du développement, on voit que ça au moins un sens. Mais pourquoi les constructions dans nos villes ne suivent aucun schéma aujourd'hui en dépit de la matière grise qui s'est enrichi ? Plusieurs facteurs entrent en jeu pour expliquer cela. Il y a déjà la forme de l'économie de notre pays dont je parlais sur un autre post. L'urbanisme symbolise le développement social. La philosophie de l'économie du pays n'est pas le développement social, mais plutôt l'exploitation des ressources de notre territoire. Il y a la forme de l'Etat qui n'est pas loin de celui d'un royaume où le roi concentre tous les pouvoirs. Jusqu'au pourquoi de décider de la construction d'une fontaine publique à Mabanda. Chose que n'a pas le maire de la localité. À ce niveau il apparaît impossible que le roi sache tous les besoins de toutes les villes du territoire. Il s'occupera plutôt de la ville où il habite, c'est-à-dire la capitale. Et là ce sont ses propres itinéraires qui l'intéresse, là où il passe avec les corps diplomatiques. L'autre problème, et pas de moindre, la mentalité des responsables administratifs. Je veux parler de la corruption, la course vers l'enrichissement à partir des biens publics. Tous ces phénomènes qui se conjuguent ensemble ne peuvent qu'handicaper l'élan pour le développement.

JEAN DIVOUNGUY
ARISTIDE MIKALA AMAROO
la question que je me pose c' est peut on encore rattraper le retard accumulé sir ce domaine si on tient compte que l'urbanisation d' un pays depend des années et des années de planifications et d' actions sur le terrain ?

ARISTIDE MIKALA AMAROO
Jean Divounguy très facile même. La Chine a pu le faire avec des très grands centres urbains non programmés. Aujourd'hui tout est presque fait. Vous savez l'une des raisons pour laquelle on n'attribue pas les titres fonciers n'importe comment dans nos villes ? C'est parce que les parcelles sollicitées ne sont pas issues d'une planification. C'est très facile de déguerpir les squatters.
JEAN DIVOUNGUY
ARISTIDE MIKALA AMAROOl'Angola et la Guinée équatoriale ont intégré des cités fantomes à cause du manque de performance économique de ces pays. Je pense que le premier aspect de l'urbanisation est de fixer notre économie, ensuite avoir un bon zonage, puis les routes, l'eau et l'électricité en terme de priorités.

ARISTIDE MIKALA AMAROO
,div>Jean Divounguy ces pays ont-ils construit des villes pour quelle population ? Quels habitants ? Voilà pourquoi je disais que l'urbanisme est un symbole du développement social. On ne crée pas une ville de façon spontanée là où on veut. À moins que cela soit une capitale que l'on compte délocaliser. Sinon ce serait un échec. C'est la dynamique sociale, donc économique dans un lieu qui entraîne la transformation urbaine. La politique ne fait qu'accompagner le phénomène avec l'art pour atteindre un meilleur cadre de vie.

ARISTIDE MIKALA AMAROO
JEAN DIVOUNGUY peut être pas une définition exacte. Mais centre ville renvoyé à centre administratif dans l'entendement des gabonais.
JEAN DIVOUNGUY
Aristide Mikala Amaroo Au dela des difficultés comment toi tu entrevois l'urbanisation de nos villes au Gabon ?
ARISTIDE MIKALA AMAROO
Jean Divounguy
je l'ai dit plus haut. L'urbanisation des villes du pays se fait par l'occupation spontanée du sol par les populations. D'où le phénomène des matitis/mapane, qui façonne la ville pour devenir un grand village. Nos villes et villages plébiscités d'être aménagés. Et cela passe par la planification à travers le zonage. J'ai déjà traité cela au moins une fois pour faire apparaître la base du zonage mental dans l'esprit des habitants au niveau du village. Sachant que nos villes, pour la plupart, sont des anciens villages, nous devons cette structure traditionnelle d'occupation de l'espace où l'on retrouve : une zone d'habitation(là aussi il y a à dire), une zone forestière . La zone forestière est subdivisée en zones agricoles, zones de cueillette, zones de chasse, les sites de pêche. Il faut savoir que les villes se sont réitérées sur des territoires qui sont la propriétés des clans (bifumbe). Ces clans ont des sites et des forêts sacrées (bibungu). Il faut également procéder à un zonage de ces sites. Ça c'est ce qui caractérise le zonage traditionnel.

ARISTIDE MIKALA AMAROO
Maintenant, dans l'optique d'un développement économique, le territoire de la ville doit être constitué en quartiers. Pour qu'une zone soit reconnue comme quartier, il doit répondre à un certain nombre de critères. Il doit déjà avoir des limites bien connues sur la base cadastrale. Une marge de population qu'il doit accueillir. Il doit être aménagé pour une activité dominante. Quartier à dominante résidentielle : les logements dominants et le zonage est organisé en bassin d'habitations, entrecoupé par les réseaux (routes, eaux, électricité, Télécom, etc.); On y retrouve entre les bassins, les structures scolaires (préscolaire, primaire, secondaire), dont le nombre est en adéquation avec la démographie du quartier; des commerces dont la répartition varie selon la taille dans chaque bassin ; des structures médicales de taille moyenne (dispensaires, centre de santé).

ARISTIDE MIKALA AMAROO
Lors que le quartier est à dominante économique : zone portuaire ou industrialo-portuaire, zone économique spéciale, zone industrielle, zone commerciale, etc. L'aménagement de ces zones se fait selon les activités qu'on y trouve. On peut également avoir une zone de santé, où on retrouvera un grand hôpital universitaire, l'université de santé. Des logements à dominante pour le personnel de santé, les laboratoires et industries pharmaceutiques, etc évidemment avec des commerces de taille moyenne. En bref, c'est comme cela que j'entrevois l'aménagement de nos villes.

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