LA NUBIE ET L'EGYPTE ANCIENNES DANS LEUR CONTEXTE NATUREL NEGRO-AFRICAI

LA NUBIE ET L'EGYPTE ANCIENNES
DANS LEUR CONTEXTE NATUREL NEGRO-AFRICAIN
 
Les directions de recherches tracées, explorées, défrichées par Cheikh Anta DIOP dans Nations nègres et Culture ainsi que dans ses écrits postérieurs sont nombreuses : l'origine africaine de l'humanité, l'étendue du substratum nègre de l'humanité en dehors du continent africain, l'origine noire de la civilisation égypto-nubienne, l'antériorité de la Nubie sur l'Égypte, l'origine du monde sémitique, l'identification des grands courants migratoires et la formation des ethnies africaines, la parenté linguistique entre l'Égypte et l'Afrique noire, l'ancienneté de l'âge du fer en Afrique, l'apport de la pensée africaine à la civilisation occidentale dans les domaines des sciences, des arts et des lettres, la formation des États africains après le déclin de l'Égypte, et la continuité du lien historico-culturel jusqu'à l'aube des temps modernes, le développement des langues africaines, etc.
S'agissant de l'étude de l'Egypte pharaonique et de son appartenance à l'univers négro-africain, il écrit :
"Partant de l'idée que l'Égypte ancienne fait partie de l'univers nègre, il fallait la vérifier dans tous Ies domaines possibles, racial ou anthropologique, linguistique, sociologique, philosophique, historique, etc. Si l'idée de départ est exacte, l'étude de chacun de ces différents domaines doit conduire à la sphère correspondante de l'univers nègre africain. L'ensemble de ces conclusions formera un faisceau de faits concordants qui éliminent le cas fortuit. C'est en cela que réside la preuve de notre hypothèse de départ. Une méthode différente n'aurait conduit qu'à une vérification partielle qui ne prouverait rien. Il fallait être exhaustif" (Cheikh Anta DIOP, Antériorité des civilisations nègres – mythe ou vérité historique ?, Paris, Présence Africaine, 1967, p. 275).
L'approche pluridisciplinaire constitue l'une des caractéristiques de la méthode de recherche  de Cheikh Anta DIOP qui, recourt, chaque fois que cela est possible, aux sciences exactes (méthodes de datations, analyses chimiques, etc.) pour contribuer à répondre aux multiples interrogations de l'histoire, plutôt que de s'épuiser en vaines polémiques.
Le colloque d'égyptologie du Caire, organisé par l'UNESCO en 1974, marque une étape capitale dans l'historiographie africaine, c'est-à-dire dans le travail d'écriture de l'histoire africaine. Pour la première fois des experts africains ont confronté, dans le domaine de l'égyptologie, les résultats de leurs recherches avec ceux de leurs homologues des autres pays, sous l'égide de l'UNESCO.
Sur le plan de la culture, le caractère africain de la civilisation égyptienne a été clairement reconnu. En particulier, l'égyptologue Serge Sauneron, reconnaît que l'égyptien ancien n'est pas apparenté aux langues sémitiques. Il souligne, se ralliant à leur méthode de recherche, tout l'intérêt des travaux de comparaison linguistique présentés par Théophile Obenga et Cheikh Anta Diop. La légitimité scientifique de rechercher systématiquement les liens, quels qu'ils soient, entre l'Egypte ancienne et le reste de l'Afrique noire a été acquise au plan international.Le fait que l'Egypte ancienne soit traitée dans le cadre de l'Histoire générale de l'Afrique et la rédaction par Cheikh Anta Diop dans le Volume II du chapitre I intitulé "L'origine des anciens Egyptiens", constituent deux exemples des retombées directes du colloque d'égyptologie du Caire.

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