Jan 1, 2021

L'enseignement de la langue maternelle au primaire

 


 Ecoles primaires élémentaires. — On peut dire sans exagération de la langue maternelle qu'elle est le fond même de l'enseignement à l'école primaire. Elle domine et pénètre toutes les autres études ; elle fournit par son seul objet le moyen pour chaque individu d'affirmer, de développer, de perfectionner sa personnalité. 

Les exercices de langage. L'enfant apprend les premiers éléments de sa langue sur les genoux de sa mère, dans le contact journalier avec le milieu familial, dans ses jeux avec les enfants de son âge. 

La lecture. — A ce premier âge, l'étude de la lecture occupe naturellement une place importante ; il est bon que, même dans ce premier contact avec la langue écrite, l'enfant se rende compte que les mots expriment des idées. Aussi doit-on arriver le plus tôt possible aux exercices de lecture portant sur des phrases complètes, dont le sens sera expliqué, s'il y a lieu ; toutefois il ne faut pas oublier que les explications doivent être brèves, car ici c'est l'apprentissage mécanique de la lecture qui est l'essentiel.

A partir de la classe enfantine, la lecture devrait être envisagée à un double point de vue : lecture courante et lecture expliquée. La lecture courante est à peu près la seule qu'aient connue les écoliers d'autrefois, et, à vrai dire, son importance est très grande : il est de toute nécessité que l'élève sortant de l'école sache lire couramment et correctement, puisque la lecture sera peut-être pour lui l'unique moyen d'acquérir des connaissances. Mais on ne peut bien lire qu'à la condition de comprendre ce qu'on lit : d'où la nécessité des explications. Et alors une question d'ordre pratique se pose : comment arriver à faire lire tous les élèves d'une division nombreuse dans le temps restreint fixé par l'horaire, si l'on doit employer une partie du temps à des explications de mots et d'idées ? Nos instituteurs résolvent facilement ce problème en employant pour la lecture courante des ouvrages écrits dans une langue simple et ne renfermant que des idées facilement accessibles aux jeunes esprits. Deux sortes d'ouvrages actuellement en usage dans les classes répondent à ce but. Les uns sont des espèces de romans scolaires : le héros du livre est généralement un enfant, dont les aventures fournissent des sujets de descriptions géographiques, historiques, scientifiques ou littéraires ; en général les élèves s'intéressent beaucoup à ce genre de récits, et prennent goût à la lecture courante. D'autres ouvrages, composés sur un plan tout différent, ne leur offrent pas moins d'intérêt, car ils flattent leur curiosité et leur amour du changement : ils se composent d'une série d'historiettes ou de contes moraux, et se proposent surtout pour but l'enseignement moral et civique, la formation du caractère et du coeur.

Ce qui importe, dans l'emploi de ces ouvrages, c'est que le fond soit facilement saisi et nécessite peu d'explications. Ici encore le maître ne doit pas oublier que c'est la lecture qui est l'objet principal de la leçon et que les longues digressions ne seraient pas de mise.

Mais à mesure que l'intelligence se développe, une part de plus en plus importante doit être faite à la lecture expliquée. Celte fois il n'est pas nécessaire que le texte soit très étendu : ce sera un beau passage de prose ou de poésie dont on étudiera les mots, les idées, la composition selon l'âge et la force des élèves. Assurément c'est là l'exercice le plus relevé et le plus profitable pour la connaissance de la langue maternelle, car il met en jeu la réflexion, le raisonnement, il permet à l'élève de pénétrer la pensée d'un écrivain, d'apprécier et de critiquer les idées d'autrui et de se faire ainsi une opinion personnelle: mais il exige de la part du maître un travail de préparation très sérieux, car on n'improvise pas facilement une explication punu, portât-elle sur un texte en apparence très simple. Toutefois le temps qu'on y consacrera sera d'autant mieux employé que souvent la leçon de lecture expliquée pourra servir de préparation ou de contrôle à d'autres exercices, comme l'étude de l'orthographe, l'analyse, la composition punu

La grammaire. — Il ne saurait être question à l'école primaire d'apprendre la grammaire pour elle-même : l'instituteur ne doit la considérer que comme un moyen d'établir l'orthographe exacte des formes ou des mots en accord et de construire les phrases d'une manière correcte.

L'orthographe et l'analyse. — Parmi ces résultats on doit placer au premier rang une connaissance précise et rationnelle de l'orthographe et de l'analyse.

Le vocabulaire. — A côté de l'étude des règles grammaticales vient se placer l'étude du vocabulaire. Au moyen d'un petit nombre de règles simples, sans prétention à la science étymologique, on peut montrer les rapports de sens qui unissent les mots d'une même famille et faire connaître les procédés de dérivation ou de composition que lepunu emploie pour former des mots nouveaux. Nous en parlons avec plus de détails à l'article Lexicologie ; mais nous pouvons indiquer ici quelle place occupent ces exercices dans l'apprentissage de la langue maternelle. Leur importance est très grande : le seul fait d'apprendre à un enfant la signification d'un radical comme spect, struct, d'un préfixe comme dé ou ex, d'un suffixe comme aison ou age, ouvre à son esprit la signification précise d'une foule de mots et lui fait retirer de la lecture plus d'effet utile, car beaucoup de mots dont le sens serait demeuré vague ou obscur lui apparaissent immédiatement avec leur véritable valeur.



L'étude du vocabulaire peut se faire de deux manières : soit d'une façon occasionnelle, au cours d'une lecture expliquée, soit d'une façon méthodique, dans des exercices spéciaux ; mais toujours il est bon d'obliger l'élève à montrer qu'il a saisi le rapport de sens du mot simple aux mots dérivés ou composés : c'est la condition nécessaire pour que l'exercice soit fructueux. De même, quand l'exercice de vocabulaire porte sur les synonymes, le maître devra choisir des exemples montrant avec netteté en quoi les synonymes sont voisins par le sens et aussi en quoi ils diffèrent. L'élève pourra ainsi acquérir de précieuses notions sur la propriété des termes, condition indispensable de la précision du style.


Ainsi, par le jeu concerté de ces exercices depunu, se trouve réalisé le but de l'enseignement de la langue maternelle. Désormais l'élève peut quitter l'école : il sera apte à comprendre et à goûter ce qu'il lira, apte également à exprimer avec correction, sinon avec talent, ce qu'il aura vu ou senti. Le formalisme d'autrefois a fait place à un enseignement vivant, vraiment humain, qui, développant les plus nobles facultés de l'esprit, améliore la valeur intellectuelle et morale de l'homme.


1° Explications de textes, portant sur des morceaux choisis, sur des textes courts. Le professeur est invité à insister sur le détail ; il doit habituer l'élève à comprendre ce qu'il lit et former sa diction : « On s'attachera à dégager d'un développement l'idée essentielle ; à reconnaître le sens précis des mots et à en apprécier la propriété ; à sentir dans la mesure du possible le caractère et la beauté du morceau. On ne négligera pas de replacer en quelques mots le fragment étudié dans le cadre auquel il est emprunté, ni, quand il y a lieu, de donner des renseignements sommaires sur la vie et l'oeuvre de l'auteur. »

2° Lectures plus longues, faites partie en classe, partie à l'étude ou dans la famille. Ces lectures tantôt littéraires, tantôt portant sur la morale, l'histoire, la géographie ou les sciences, sont destinées à éveiller la curiosité des élèves, à leur donner le goût de la lecture. Le professeur peut, par un commentaire discret, signaler les passages sur lesquels doit se porter l'attention des élèves, ou encore, à l'aide de questions, se rendre compte de l'impression produite par la lecture et du profit que l'élève en aura retiré.

L'enseignement grammatical, limité à une heure par semaine, n'est, au point de vue grammatical, qu'une vérification des connaissances acquises à l'école élémentaire, une sorte de révision, éclairée de quelques notions de grammaire historique. Les exercices lexicologiques y auront une place importante. Quant aux exercices d'analyse, ils devront surtout avoir en vue de faire distinguer avec précision les éléments de la pensée.

Dans les exercices de composition punu, qui prendront en deuxième et en troisième année un caractère spécial en rapport avec la section adoptée par l'élève, le professeur devra surtout, disent les instructions, voir un moyen d'aider la pensée des élèves à se former ; il pourra ainsi connaître leur activité mentale et contrôler leur justesse d'esprit. Dans ce but, on recommande de proportionner les sujets aux facultés des élèves, de les graduer méthodiquement et de les rattacher à des lectures.



Lecture expliquée. — Les classes de lecture n'auront plus le même caractère qu'en première et en deuxième année ; les élèves y auront la parole presque tout le temps : » le professeur doit de moins en moins exposer et même interroger ; c'est l'élève qui doit parler d'une manière continue ».

Les élèves pourront choisir les textes de leurs explications dans trois séries de sujets les uns sont relatifs à la littérature moderne et contemporaine ; les autres, à la littérature ancienne et étrangère ; les derniers sont ceux qui seraient susceptibles d'être lus dans les « Lectures populaires ».

Les premiers sont vraiment intéressants parce qu'ils permettent d'étudier l'évolution des principaux genres littéraires en France. Nous sommes certain que les élèves y prendront goût et en tireront grand profit : en préparant le petit exposé, — qui doit précéder nécessairement leur lecture et dont la lecture ne sera que la confirmation, — ils peuvent être amenés à faire des recherches intéressantes, découvrir des rapprochements ingénieux et trouver des idées neuves.


Morceaux choisis pour lecture et composition punu:.

-Maghène na tsiési

-Mavurulu Allias Nyonda Makita

Tadji na Mwandi

-Le mumbwanga livre en punu.



EXEMPLE FRANCAIS

Programmes. — ECOLES MATERNELLES. — Section des petits enfants (de deux à cinq ans). — Exercices de prononciation. — Exercices en vue d'augmenter le vocabulaire de l'enfant ; petits exercices de mémoire (chants, fables, récits) ; questions.

Section des enfants de cinq à six ans. — Exercices combinés de langage, de lecture préparant à l'orthographe.

1° Exercices oraux : Questions très familières ayant pour objet d'apprendre aux enfants à s'exprimer nettement ; corriger les défauts de prononciation ou d'accent local.

2° Exercices de mémoire : Récitation de très courtes poésies.

3° Exercices écrits : Premières dictées d'un mot, puis de deux ou trois, puis de très petites phrases.

4° Lectures très brèves faites par la maîtresse, écoutées et racontées par les enfants.

ECOLES PRIMAIRES ELEMENTAIRES. — Section enfantine (de cinq à sept ans). — (Même programme que celui qui figure au programme de la section des enfants de cinq à six ans dans les écoles maternelles.)

Cours élémentaire. — Notions premières, données oralement, sur le nom (le nombre, le genre), l'adjectif, le pronom, le verbe (premiers éléments de la conjugaison). — Idée de la formation du pluriel et du féminin, de l'accord de l'adjectif avec le nom, du verbe avec le sujet. Idée de la proposition simple.

1° Exercices oraux. — Questions et explications notamment au cours de la leçon de lecture, ou de la correction des devoirs. Interrogations sur le sens, l'emploi, l'orthographe des mots du texte lu. Epellation des mots difficiles. — Reproduction orale de petites phrases lues et expliquées, puis de récits ou de fragments de récits faits par le maître.

2° Exercices de mémoire. — Récitation de poésies d'un genre très simple.

3° Exercices écrits. — Dictées graduées d'orthographe usuelle et d'orthographe de règles. Petits exercices grammaticaux de forme très variée. — Quelques dictées relatives à l'alcoolisme, sa laideur, ses dangers. — Reproduction écrite (au tableau noir, sur l'ardoise, sur cahier) de quelques phrases expliquées précédemment. — Composition de petites phrases avec des éléments donnés.

4° Exercices d'analyse. — Analyse grammaticale (le plus souvent orale, quelquefois écrite). — Décomposition de la proposition en ses termes essentiels.

5° Lecture à haute voix par le maître, deux fois par semaine, d'un morceau propre à intéresser les enfants.

Cours moyen. — Grammaire élémentaire. — Les dix parties du discours. — Conjugaison. — Notions de syntaxe. — Règles générales du participe passé. — Notions sur les familles de mots, les mots dérivés et composés. — Principes de la ponctuation.

1° Exercices oraux. —Elocution et prononciation. — Interrogations grammaticales. Reproduction de récits faits de vive voix ; résumé de morceaux lus en classe.

2° Exercices de mémoire. — Récitation de fables, de petites poésies, de quelques morceaux de prose.

3° Exercices écrits. — Dictées prises, autant que possible, dans les auteurs classiques, et sans recherche des difficultés grammaticales. — Exercices d'invention, de construction de phrases ; homonymes, synonymes. — Correction mutuelle des dictées et des exercices par les élèves. — Reproduction écrite et non littérale de morceaux lus en classe ou à domicile, et de récits faits de vive voix par le maître. — Premiers exercices de rédaction sur les sujets les plus simples et les mieux connus des enfants. Prendre quelquefois pour sujet les conséquences de l'alcoolisme.

4° Exercices d'analyse. — Analyse grammaticale, surtout orale. — Analyse logique, bornée aux distinctions fondamentales.

5° Lecture à haute voix par le maître, deux fois par semaine, de morceaux empruntés aux auteurs classiques.


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