les Bakunyi, Balumbu, Bangubi, Banzebi, Bapunu, Batsangi, Bavarama, Bavili, Bavungu,
Gisira et Masangu, est le nom originel de cette entité ethnique.
Maganga ma Buju et Mbumba Bwasa (Les Bajaga du Gabon, 1974, pp. 6-10),
déclarent qu'il semble que des motivations obscures ont amené des administrateurs
coloniaux à écarter la dénomination de Bajaga chargée de sens au profit de noms
de clans ou de devises guerrières. Cette politique tendait à effacer de la mémoire
des hommes un nom qui incarne l'attachement à l'indépendance nationale,
la résistance à l'oppression et à l'exploitation. Elle cherchait à diviser, puis
à opposer les populations les unes aux autres pour essayer de mieux les dominer et Oleux les exploiter. Certes, il n'existe plus des Bajaga purs de tout mélange
; d'ailleurs, les Bajaga ont toujours incorporé à leurs familles, les femmes
et les enfants des tribus vaincues. C'est bien de ce mélange que sont nés les
Bajaga de nos jours. Cette constatation n'a pu empêcher certains auteurs de réduire
l'appellation de Bajaga à quelques groupes comme les Bayaka de SibitiKomono
ou les Bajaga de Ndendé, Mwabi et Tchibanga. Ces derniers sont de plus
en plus appelés Bapunu. Cette tendance restrictive se remarque souvent chez
les missionnaires et les sociologues. Ainsi Raponda Walker (1967, p. 63) affirme
à propos des Bapunu que "le nom Bayaka, sous lequel on les désigne-parfois,
donnerait à penser qu'ils sont des descendants des féroces jaga d'au-delà du
Congo, qui terrorisèrent longtemps la contrée aux siècles passés. Leur humeùr
batailleuse semblerait confirmer cette hypothèse, d'autant plus qu'eux-mêmes
s'inti tulent bcftù èd. d!béf.di "gens de guerre". Par ailleurs, il affirme (1962,
p. 15) que "les Bayaka de la Chute Labo à Mouila sont appelés Bapunu".
si pour Raponda Walker l'identification des Bapunu aux Bayaka relève
de l'hypothèse, le R.P. Bonneau pense autrement. Dans la préface à sa Grammaire
Pounou.e, il écrit notamment : "Les Pounous ou Ya\:.as habitent les régions de la
Nyanga'et de la Ngounié au Gabon; les districts de Divenié et de }~ssendjo au
Moyen-Congo", (1956, p. 7). Commentant un ouvrage de l'abbé Proyat (un missionnaire
du XVllè siècle), il ajoute que les Bajaga s'enfuirent du Congo après
avoir été battus par le général portugais Gouveia qui leur infligea de grandes
pertes. "Une partie de la tribu retourna alors dans la région du Kassal. ; les
autres qui nous intéressent spécialement (c'est-à-dire les Bapunu) mettant le
Congo entre eux et leurs ennemis remontèrent vers le Nord et s'enfoncèrent dans
la forêt équatoriale. De là, ils se répandirent dans les régions qu'ils occupent
actuellement. Plus tard, ils prirent le surnom de Pounou qui signifie "les tueurs"
(1956, p.7)~ Les rapports militaires et politiques ayant trait à la résistance
des Bayaka du Gabon contre la pénétration française de 1906 à 1,913, ,ne désignent
sous ce vocable que les populations de Mwabi-Tchibanga (Nasanga) , alors
que celle de Mouila sont appelées Bapunu.
Le commandant Le Testu, qui n'abuse pas de cette appellation, identifie
aussi les Bayaka aux Bapunu ; il en va de même de Balandier. En somme, comme
l'écrit Deschamps "seuls les Bapunu de ~10ssendjo, Divenié, Ndendé, Hoabi et
Tchibanga sont considérés généralement co~e d'authentiques Bajaga"; les
autres groupes à savoir Balumbu, Batsangi, Bavungu, Banzebi, Bavili, Bakunyi,
Bangubi, Bavarama, Gisira et l·lasangu, à l'exception des Bayaka de Sibiti-
Komono, ne sont plus désignés que ?ar leurs surnoms ou le nom du clan dominant.
Gênés par l'importance et le dynamisme du groupe, certains ont
crée de micro-groupes ethniques. Ainsi Raponda Walker (1962, p. 29) place
les Batsangi et les Banzebi dans un groupe qu'il appelle ~fuédé. Le Service
National de la Statistique du Gabon a pour sa part inventé un groupe
Banzebi dans lequel il inclut les Batsangi, Banzebi, Bakinini et Bawandji.
Binet rapporte que certains observateurs évoquent un groupe mérié qui réunirait
Banzebi, Bawumbu, Batsangi, avec les Bawungu, Gisira èt éventuellement
les tiasangu. Bouquet, dans son étude sur les féticheurs et la médecine
traditionnelle dans la République Populaire du Congo, considère les Bavili,
Bakunyi et Bayombe comme un sous-groupe Kongo ; quant aux Bayaka de Sibiti-
Komono, il les rattache aux Batékés et pense que Balumbu, Bapunu et Babwisi (3)
fotment un groupe autonome qu'il dénonnue PlJNU.
Cette classification fondée uniquement sur la pharmacopée et
l'habitat ne rend pas compte des données historiques, ethnologiques et linguistiques
des groupes considérés. Il faut noter aussi que la parenté des
Batéké et des Bayaka est une parenté de voisinage. Déjà, à la fin du XVllè
siècle, rapporte Avelot, Drapper avait de la peine à distinguer les Bayaka
des aborigènes Batéké. Sautter estime, quant à lui, que les Banzebi, Batsangi,
}Massangu et Gisira sont semi-autochtones du }Massif du Chaillu, alors que tous
les autres groupes viennent; àu Congo et sont apparentés aux Bajaga. Ainsi les
Gisira, Masangu, Batsangi et Banzebi ne seraient pas 1es Bajaga. Ce qui paraît
curieux, c'est que par ailleurs le même auteur, sans voir qu'il se contredit,
rapproche comme par hasard les Bavungu des Gisira et des Bapunu.
Une autre tendance qu'on relève chez les auteurs qui se sont interessés
à l'ethnie jaga consiste à vouloir remplacer le nom Bajaga par des dénominations
issues de leur imagination. C'est pourquoi on refuse de ménager les
s'.lsceptibilités "micro-ethnistes" en rejetant certaines dénominations pour le
moins ridicules connue les termes "Fiottes, Nérié" par lesquelles on désigne
vulgairement des éléments du groupe jaga. L'un des premiers termes fut le mot
"Fiotte" déjà employé pour désigner les Bavili, les Baloango et les Bayombe.
Face à l'identité d'orgar.isat:on classique et donc sociale et politique des
peuples du Sud-Gabon et du Loango, Le Testu (193ü, p. 13) se demande si ces
peuples ne constituent pas une entité ethnique: "Ne faut-il pas voir là, dit-
Les Babwisi ne constituent pas un sous-groupe en SOI comme on veut nous le
faire croire ; ce sone des riverains du fleuve Bwisi constit~és tous par
des éléments des sous-groupes Bapunu et Balumbu.
En 1636, une, invasion des Jaga (Djaga ou Njagga), peuple de l'intérieur ruina la ville et marqua le terme de la domination portugaise qui ne se maintint qu'en quelques points de la côte (enclave de Cabinda, et Angola
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