L’insurrection de Nyonda Makita n’est pas un fait isolé dans l’histoire de la colonisation française au Gabon. Elle a lieu dans un contexte de mécontentement général des populations autochtones.
Entre 1895 et 1910, quatre mouvements de résistance ont lieu. Cela suppose deux choses : il y a une intensification des expéditions françaises contre les peuples et il y a une prise de conscience collective des peuples outragés. Les explorateurs, miliciens et chefs de postes pratiquent les enlèvements, les supplices à la chicotte, les viols, les confiscations des forêts sacrées ou communautaires, l’impôt de capitation, les travaux forcés, l’interdiction de circuler, l’interdiction de pratiquer certains rites ancestraux et même les assassinats.
L’insurrection est déclenchée pour deux raisons : d’abord le gouverneur Emile Gentil arrivé en 1905 qui décide d’appliquer la politique de la taxe coloniale ce qui suggère de trouver et soumettre de nouveaux territoires habités afin d’augmenter les retombées de cette taxe. Ensuite, les gardes coloniaux sénégalais qui entreprennent dès 1905 de torturer les paysans, de violer les femmes et de chicoter les hommes. Autant d’éléments qui finissent par exaspérer le leader punu qui lance dès 1907 les premières expéditions punitives à Moabi en réponse aux tentatives de conquête du Capitaine Conrad. Ce dernier fait les comptes : trop de morts de son côté et aucun village assujetti après trois attaques et plusieurs mois de combat. Malgré ses 200 hommes armés et entraînés, Conrad réalise qu’il n’est pas l’égal de Nyonda Makita. Kuméramba, Mourindi et Mokab, les trois QG de la rébellion restent inviolés.
En 1909, les rangs de la milice coloniale sont renforcés. Au mois de juillet, plus de 300 hommes vont à l’assaut de Mokab sous les ordres du capitaine Collona mais en repartent bredouille. En novembre, le capitaine Le Meillour est réquisitionné pour faire reculer Nyonda Makita qui prend du terrain. Mais à onze reprises, ce stratège est mis en échec par Nyonda Makita et ses lieutenants dont les plus célèbres sont : Mueli Mukagny, Manduku-ma-Mukagny, Ntsiengui Mfudu, Nza Mbadinga, Kassa Maviri. Ils ont en moyenne 35 ans. Ils sont tous initiés et aguerris aux techniques de guerre traditionnelle. Ils deviennent les cibles de l’administration coloniale. Un à un, ils sont arrêtés et leurs familles séquestrées. Les officiers français menacent de les faire exécuter. Ce n’est pas une simple menace. Toutes les fois où les troupes françaises ont eu du mal à maîtriser un leader de mouvement de résistance, ils ont toujours pris et quelques fois tué leurs proches.
En 1911, Nyonda Makita poursuit la lutte seul. Il se réfugie à Lebamba. Pour éviter que les siens soient exécutés, il se rend au chef de poste de Ndendé où il est jeté en prison. Il y meurt quelques semaines après. La nouvelle crée des remous. Quelques mouvements sporadiques ont lieu. Mais en 1912, la révolte est définitivement matée.
Suite à cette révolte, le territoire Bajag a été morcelé par les autorités coloniales dans le but de séparer Mitsogho et Punu car les Français redoutaient cette alliance.
Le 1er juillet marque la commémoration de la bataille de Nyonda Makita.
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