Avant l'arrivée des colons, les peuples ignoraient le pagne et se vêtaient d une espèce de tissu obtenu à partir des écorces battues et traitées d'un arbre «katu» chez les Punu et d'un tissu de raphia «pussu» chez les Duma. Cette activité rentrait aussi dans la vie économique des peuples. A partir de la fibre raphia, le tisserand fabriquait le tissu à raphia utilisé pour l'habillement (toujours sous forme de de l'homme et de la femme).
Cette forme de production textile était l'une des activités de noblesse et génératrice de large richesse en pays Mbédé, par exemple. Sa considération dans la société atteignait quelquefois celui du forgeron, du devin guérisseur, etc. Lors de son passage dans la région actuelle de la Ngounié, Paul du Chaillu souligna que les peuples habitant cette région étaient d habiles tisserands. Il le dit dans ces termes : «Comme les Ashiras (Gisir), les Aponos (Punu), tisserands, industrieux, savent travailler les plantes textiles qui servent aux vêtements des deux sexes. Leur toile, fabriquée en petits morceaux séparés, garnis de franges et appelés bongo, est quelques fois d une grande beauté. Quand plusieurs de ces morceaux sont cousus ensemble, cet assemblage s appelle un ndengui»
D'après Georges Dupré, le métier à tisser était une des activités qui exigeait un temps de préparation. La matière de base était le raphia Selon lui, les Nzébi avaient emprunté ce métier aux Téké . Les fibres utilisées étaient tirées d une plante de la famille du palmier et séchées au soleil. Puis le tisserand tissait sur une structure verticale et de construction compliquée inventée pour la circonstance. Pour obtenir les étoffes multicolores, très sollicitées sur les marchés traditionnels de l époque, le tisserand teignait les fibres avant de les tisser. La couleur noire s obtenait en faisait bouillir dans une grande marmite des espèces de cailloux d un noir vif que l on ajoutait aux fruits, feuilles et écorces d un arbuste auxquelles il fallait aussi adjoindre des écorces de noisetier. Le tout était donc pilé, mélangé à l huile de palme et mis à bouillir dans une marmite remplie d eau. La couleur rouge par contre, demandait moins d effort pour sa réalisation. Chaque localité se distinguait par le choix des couleurs et des motifs que par la qualité qui était à peu près la même. Grâce aux échanges intra et interethniques, le savoir-faire passait ainsi d une ethnie à une autre.
De plus, malgré l évolution des comportements vestimentaires, les quelques «ndengui» datant du siècle dernier sont conservés jalousement par les villageois. Le tisserand pratiquait aussi le métier à filer. Cette activité était pour l homme ce qu était la vannerie ou la poterie pour la femme. De ce fait, tout homme devait confectionner son filet de chasse ou de pêche à base d écorces séchées du parasoliers, ou de la liane .
Paul Du Chaillu., Voyages et aventures en Afrique équatoriale, Paris, Michel Levy, Georges Dupré., 1982, op.cit.
Martine Moussanga: Voir infra, annexe,
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