Jean Divounguy avec Dibalediyitu de Francky Manth.
Existe-t-il un terme punu pour le désir et un autre terme punu pour le plaisir ? Si oui, quels sont exactement ces termes ? Et quelle est la définition du désir ?
Bonjour Jean.
Le désir est nzâle en punu. Pour dire à mon épouse "je te désire", je dis: "Nine nzâlahou". Quant au plaisir, il se dit "mughangou". Ainsi donc plaisir, goût sont mêmes en punu. Celà dit, qu'est-ce donc que le désir et à quoi renvoie le plaisir? Plaisir et désir ne sont-ils pas plutôt interchangeables ? De façon générale, le désir est le mouvement qui, au-delà du besoin en tant que tel, nous porte vers une réalité que l'on se représente comme une source possible de satisfaction. Il peut être examiné sous les angles métaphysique, vitalo-esthétique et de la nature. 1- métaphysique: le désir ici est manque absolu, inassouvissement perpetuel. C'est eros dans le Banquet et Phèdre de Platon. Il tient sa nature de l'un de ses ascendants, Penia ou pauvreté absolue. Comme tel, le désir n'atteint jamais son objet. Dès lors on comprend pourquoi l'homme est toujours en quête de satisfaction. Pour ne pas dire qu'il est un éternel insatisfait. Plus tard Sartre dira: Le désir est manque d'être. Il est hanté en son être le plus intime par l'être dont il est désir. L'Être et le Néant. Sous cet angle le désir, à première vue, apparaît dans sa modalité la plus négative. Pourtant, cette insatisfaction essentielle n'est-elle pas ce qui nous met constamment en chemin? Ce néant n'est-il pas une force dynamique vitale? 2- Vitalo-esthétique: Spinoza définit le désir comme appétit conscient de lui-même. C'est une force qui pousse l'être humain à persévérer dans son être. En cela il est conatus. Mais que désire le désir chez Spinoza? Le désir cherche à s'atteindre lui-même. En effet l'objet du désir n'est pas visé parce qu'il est beau, mais il est beau parce qu'il le désir. Autrement dit, le désir est sa propre fin comme condition d'être. Toutefois cette condition d'être ne relève-t-elle pas fondamentalement de la nature? 3- De la nature: la Pensée hellénistique, sous sa modalité épicurienne, ne distingue pas le désir du plaisir et du besoin. Dans ce contexte ces termes sont interchangeables. En cette perspective le désir est une sensation naturelle de manque dont la satisfaction l'épuise. Pour atteindre cette satisfaction il suffit de ne s'en tenir qu' aux désirs ou plaisirs naturels et nécessaires. C'est à dire qu'il suffit de vivre conformément à la nature. Un peu de pain, un peu de vin, on est heureux. Qu'en est-il dans l'univers de sens punu? Une question à explorer nécessairement. Je serai heureux d'être à l'école de ceux qui en savent un brin autour de la question du désir chez le punu.
Jean Divounguy.
Dans l'univers punu dans lequel j'ai grandi , j'ai vu rarement l'expression de ces deux formes d’émotions chez mes aïeuls, doit on conclure que l'homme punu est un stoïcien? Ou doit on parler d'un désir plutôt caché, dissimulé dans le but de se conformer à une certaine éthique? Le Mumbwanga nous parle de la relation incestueuse entre le jeune héro et sa sœur, mais aussi du désir du jeune homme de délivrer sa sœur du monstre. Le bien et le mal se côtoieraient ils ? L'auteur du mumbwanga a t il laissé ce détail expressément pour nos enseigner une certaine morale? Dans tout les cas, le Mumbwanga suggère pour moi qu' on peut être capable de grands exploits et faillir dans la maîtrise de son propre caractère.On peut succomber au désir interdit.
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