May 16, 2020

La Lutte de Mavurulu Dans le Sud-Gabon






Pendant que Mbombè et ses hommes tenaient tête aux colonisateurs français, les Punu, à quelques centaines de kilomètres d’eux, vers le sud, déclenchèrent un autre mouvement de résistance focalisé dans la région comprise entre les monts Tandu à l’ouest, la Nyanga au sud, le Haut Ngunyi à l’est et Moabi au nord. Le chef de ce mouvement était Mavurulu et les principaux centres Mokab, Kuméramba et Murumbi. Le soulèvement avait pour causes immédiates les agissements des agents des sociétés concessionnaires, l’atteinte à la liberté de commerce des autochtones  et surtout la suppression du commerce du sel de fabrication locale par l’interdiction des cases à sel sur tout le rivage du sud-ouest du Gabon. Dès 1906, la région de Mokab était en effervescence. Le capitaine Curault s’y rendit en juillet 1906 à la tête d’une colonne de soixante-dix hommes. Dès son arrivée, la colonne fut attaquée. Le 7 juillet 1906, les résistants, évalués à deux cents environ (8), lancèrent trois assauts successifs contre son campement sans pouvoir le prendre. Ils furent alors surpris par un détachement des troupes coloniales qui rentrait d’une reconnaissance dans les environs. Pris entre deux feux, ils se retirèrent en laissant plusieurs hommes sur le terrain. Mais ils se réorganisèrent très vite et s’assurèrent le contrôle de toute la région comprise entre les postes de Tchibanga et de Moabi qui se trouvèrent coupés l’un de l’autre. En novembre 1906, le commandant Le Meillour se dirigea de Mouila vers Moabi, puis vers Lusala, avec l’intention de se rendre ensuite à Kuméramba et à Murumbi. Lorsque, à la fin du mois de novembre 1906, il tenta de marcher sur Kuméramba, il fut arrêté par les résistants sur les bords du Dugni. Ayant reçu un renfort de quarante cinq tirailleurs le 15 décembre, il se dirigea vers Mokab, puis vers Kuméramba et Lukandu où il fit jonction avec les troupes du poste de Tchibanga. Pendant sa progression vers ces différents centres, les résistants lui livrèrent onze batailles et restèrent maîtres du terrain sur lequel ne purent batailles et restèrent maîtres du terrain sur lequel ne purent se maintenir les assaillants. Après de longs mois d’accalmie, les hommes de Mavurulu lancèrent une attaque contre la factorerie de Mongo Nyonga en mai 1906, tuant un traitant sénégalais. Dès le mois de juin suivant, une autre campagne militaire fut engagée contre eux. Le 5 juin, en effet, le lieutenant Chaix, parti de Libreville avec soixante hommes, arriva à Mongo Nyonga. Le 23 du même mois, il atteignit Tchibanga et s’adjoignit les gardes régionaux de ce poste. Harcelé par l’armée de Mavurulu, il put quand même entrer dans le Village de Kuméramba .qu’il occupa pendant une dizaine de jours avant d’aller prendre Mokab et d’atteindre Moabi le 23 août 1908. Pour les troupes coloniales, qui ne réussi rent pas à mater les résistants, cette campagne était un nouvel échec. Après le passage des assaillants, les résistants réoccupèrent le terrain et, en mai et juin 1909, lancèrent deux attaques contre le poste de Moabi. Cela obligea les colonisateurs à engager une troisième campagne contre Mavurulu et ses hommes. Le 14 juin 1909, le chef de bataillon Sicre quitta Libre ville et arriva le ler juillet à Moabi où furent concentrés plus de trois cent dix hommes sous le commandement de sept officiers français (9). Résolu à capturer Mavurulu, il entama des négociations dans ce sens avec les résistants qui cher chaient à gagner du temps. Ayant compris le jeu de ses adversaires, Sicre tenta de s’emparer du chef des résistants par surprise. Dans la nuit du 18 au 19 août 1909, Sicre et ses hommes, conduits par des autochtones, se portèrent vers l’ancien village de Madonga, près duquel était installé le quartier général de Mavurulu. Mais, ils ne purent capturer ce dernier, les guides les ayant trompés. Quelques jours plus tard, cependant, les principaux collaborateurs de Mavurulu furent pris. Mavurulu par amour des siens se rendit aux français.

Source: L'implantation coloniale au Gabon note de Nicolas Metegue N'Nah.

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