May 6, 2020

Vannerie

 

 

9. Cistella, ae, f.

74TLL : a cistula, cista deminutiue. 1) Arcula, capsella rebus paruis seruandis apta.
75TLL Est. : a cistula diminutiuo. Cistella suffragiorum.
76TLLex : parua cista.
77Varron, L. L., 8, 79 : Magnitudinis uocabula cum possint esse terne, ut cista, cistula, cistella, in mediis non sunt, ut in his macer, macricolus, macellus, niger, nigricolus, nigellus.
78Varron, L. L., 9, 74 : ad huiusce modi uocabula analogias esse ut dixi, ubi magnitudo animaduertenda sit in noquoque gradu eaque sit in usu communi, ut est cista, cistula, cistella...
79Diminutif de cistula, le terme est classique mais il est employé surtout, là encore, par les auteurs comiques. Palladius est le seul parmi les agronomes à utiliser le terme. L’origine étymologique donnée par Isidore de Séville semble douteuse : Cistella a costis ex canna uel ligno, quibus contexitur nominata (Orig., 20, 9, 8).
  • 22 Le même auteur a intitulé une de ses œuvres du nom de cette vannerie : Cistellaria, « comédie de l (...)
80Cette petite corbeille à couvercle était employée dans la vie quotidienne pour ranger toutes sortes de produits : des aliments (Martial, 13, 36 : Cistella oliuarum ; Palladius, Agr., 4, 10, 35 : [ ficus] tunc duplicata in cistellis seruetur aut loculis), de l’argent (Plaute, Rud., 1109 : cistellam isti inesse oportet caudeam in isto uidulo), des jeux (Plaute, Cist., 709 : In hac regione cistellam cum crepundiis [...] amisi), des documents divers (Térence, Eun., 753 : Abi tu cistellam, Pythias, domo effer cum monumentis) et des éléments de toilette féminins. Plaute appelait d’ailleurs cistellatrix l’esclave chargée de veiller sur le coffret de sa maîtresse renfermant ces produits : Vbi de meretricum familia tota, cantrices, cistellatrices, nuncii, renuncii, raptores panis et peni (Trin., 252)22.
81Beaucoup plus rarement le terme, à l’instar de cista, est employé dans le sens particulier d’urne de vote : posuit pro cistella, seu uase, quo suffragia populi in creandis magistratibus legibusque ferendis colligebantur (Auct. ad Heren. lib., 1, 21).
82Quelques textes mentionnent certains des matériaux végétaux utilisés à sa fabrication : roseau ou bois selon Isidore (ci-dessus), peut-être tige de prèle selon Plaute (cistellam caudeam)


10. Cistellula, ae, f.

83TLL : a cistella deminutiue.
84TLLex : parua cistella.
85Dernier de la cascade des diminutifs de cista, le vocable est uniquement attesté chez Plaute. L’auteur de théâtre paraît avoir créé ce mot — désignant un petit coffret ou une cassette servant à serrer de l’argent — pour ménager un effet comique de sonorité. Il l’utilise dans la Cistellaria : Cistellula hinc mi, adulescens, euolauit (731), dans le Rudens : In uidulo inest cistellula (1078) et dans lAmphitruo : Patera in hac cistellula [...] signo obsignata fertur (773).

11. Clitellae, arum, f.

86Festus, p. 52 : Clitellae dicuntur non tantum eae quibus sarcinae conligatae mulis portantur, sed etiam locus Romae propter similitudinem, et in uia Flaminia loca quaedam deuexa subinde et adcliua.
87Le terme est classique. Il est employé par Plaute : Vehit hic clitellas, uehit hic autem alter senex. / Nouicium mihi quaestum institui non malum. / Nam muliones mulos clitellarios / Habent, at ego habeo homines clitellarios (Most., 778-782) et par Cicéron qui rapporte un proverbe : Prouincia haec mihi non conuenit, non magis quam boui clitellae (Att., 5, 15).
  • 23 Des statuettes en terre cuite de dromadaires porteurs, découvertes notamment dans le port caravani (...)
88Le mot, très usuel, désigne en général le bât sur lequel étaient portés des paniers servant au transport terrestre, mais il semblerait que, par élargissement sémantique, il puisse désigner aussi le double panier posé dessus (DAGR, s.u. ; White 1975, p. 96-98). De fait, Caton fait mention d’ânes chargés de transporter du fumier, celui-ci étant vraisemblablement contenu dans des paniers : asinos clitellarios qui stercus uectent tris (Agr., 10, 1). Il s’agissait de vanneries souples, fixées symétriquement aux deux extrémités d’une natte posée sur le dos de l’animal porteur, cheval, âne, mulet ou dromadaire, voire bouc sur une peinture de la maison des Vettii de Pompéi (VI 15, 1) représentant deux amours livrant des fleurs aux tresseurs de guirlandes (fig. 218). Une petite sculpture métallique découverte à Hercu-lanum, maison de Neptune et Amphitrite (inv. 1059 = 76336), présente un dromadaire portant des clitellae amovibles dont le tressage est figuré par des traits croisés incisés23 (fig. 219). Les couffins sont identiques à ceux que portent encore de nos jours ces animaux en Afrique du Nord.

12. Colum, i, n.

  • 24 L’auteur présente, en guise d’illustration de l’objet, un relief romain conservé à la villa Albani (...)
89White 1975, p. 99-10224.
90TLL : orig. inc. ; non facile conectitur c. qualum, qualus. 1. ad uinum uel conficiendum uel purgandum. 2. ad alios liquores transmittendos. 3. in supellectile piscatoria.
91TLLex: uas uimineum, aut setaceum, per quod uinum, lac et alii liquores in aliud uas transmittuntur. Apud Auson. (epist, 4, v. 57) cola sunt nassae uimineae, in quos si pisces inciderint, exitum non habent: ita dictae quia transmittunt aquam et piscem in sicco destituunt.
92Seru. comm. in Verg. Georg., 2, 242 : Colaque prelorum : qualos, per quos uinum defluit, qui et ipsi a colando dicti sunt.
93Isidore, Orig., 14, 13 : Qualos, corbes colaque prelorum per quos mustum fluit, a colando dictos.
94Le nom est attesté depuis Caton et jusque dans la langue tardive. Il s’agit d’un terme technique propre à la langue rustique. La vannerie ainsi désignée était un filtre à vin, comme chez Caton (Agr., 11, 2 : cola uitilia 3, cola qui florem demant 3 [ nécessaires dans un vignoble de 100 jugères]), Columelle (Rust., 12, 19, 4 : Isque qui praeerit huic decoquendo, cola iuncea uel spartea sed crudo, id est non malleato sparto praeparata habeat [...] tum colis omnem spurcitiam, quae redundarit, expurget) ou Lucrèce (Nat., 2, 391 : Subito per colum uina uidemus perfluere). Il convenait de préparer cet ustensile en vue des vendanges, en même temps que d’autres vanneries utiles : Tu spisso uimine qualos colaque prelorum deripe tectis (Virg., Georg., 2, 242).
95Le colum servait, plus généralement, de passoire pour filtrer tout liquide (Hilgers 1969, p. 150). En témoignent parmi d’autres Pline (N. H., 36, 173 : In priore cisterna uitia considant atque per colum in proximam transeat pura aqua) et Apulée (3, 3 : Et ad dicendi spatium uasculo quoidam in uicem coli graciliter fistulato ac per hoc guttatim defluo infusa aqua).
  • 25 Cette assertion est peut-être à rapprocher d’une corbeille mise au jour lors des fouilles du port (...)
96Dans le cadre des activités agricoles, il servait de passoire pour la préparation des sirops de fruits : Deinde cum fuerint decocta [...] percolantur : eaque, quae in colo subsederunt, diligenter contrita leuigantur (Columelle, Rust., 12, 42, 2). L’ustensile servait non seulement à filtrer mais aussi d’entonnoir pour transvaser les denrées : Tum per lineum fiscum, quod pertriuerant, exprimunt, et per colum iunceum liquatum succum lagunculis bene picatis condunt (Columelle, Rust., 12, 38, 7, à propos des baies de myrte)25.
97Dans le vocabulaire latin tardif, le terme en vint à désigner également une nasse : Iacula et fundas et nomina uilica, lina colaque et [...] hamos (Ausone, 393, 57), peut-être parce que la nasse sert en quelque sorte de passoire pour filtrer l’eau et garder le poisson, à l’instar du colum.
98Ce panier d’usage particulier pouvait être réalisé en vannerie ou en sparterie. Les avantages à utiliser du matériau végétal étaient qu’il pouvait se mouiller sans dommage et qu’il ne s’oxydait pas, contrairement au métal. Le choix d’un matériau et d’un type de tressage déterminés donnaient à l’ustensile des qualités filtrantes plus ou moins fines. Les sources mentionnent l’osier (uimine), le jonc ou bien l’alfa (cola iuncea uel spartea). Le mode de tressage variait selon les denrées à filtrer, à l’aide de gros brins (spisso uimine) ou de rameaux plus fins. La base du colum présentait peut-être un profil arrondi, par analogie avec un objet décrit par Columelle comme utile pour filtrer le vin, un saccus tressé d’osier à claire-voie, de la forme d’une borne renversée : tenui uimine rarius contextus saccus, inuersae metae similis, qualis est quo uinum liquatur, obscuro loco suspenditur (Rust., 9, 15, 12).

Fig. 219 — Statuette de dromadaire. Herculanum, dépôt archéologique, inv. 76336 (photographie Nicolas Monteix).

13. Cophinus, i, m.

99Bruno 1969, n° 1059 ; White 1975, p. 73-75.
100TLL : 1. in usu est ad portandum stercus, terram. 2. ad cibum, panem. 3. ad fructus, fruges.
101TLL Est. : uas rusticum uimine contextum, a leuitate dictum a Graecis ; Priscianus corbem interpretatur.
102TLLex : corbis, qualus, uas uimineum grande, ad usus praesertim rusticos (ita dictum ob leuitatem, nam Graece kofinos est leuis).
103Isidore, Orig., 20, 9, 9 : Cophinus est uas ex uirgultis, aptum mundare stercora et terram portare. Dictus autem couinus quasi couus quasi cauus.
104CGL, II, 591, 1 : qualus, cophinus, corbis.
105Le terme résulte d’un emprunt au grec κόφινος. Bien qu’il soit attesté au Ier siècle apr. J. -C., il est surtout fréquent en latin tardif. Le nom est à l’origine du français « coffre » et « couffin ».
106Columelle fait mention de l’usage du cophinus en agriculture, comme vannerie servant à mettre les plantes en terre : Sed qui praematurum fructum cucumeris habere uolet, confecta bruma stercoratam inditam cophinis offerat, modicumque praeberat humorem [...]. Postea totos cophinos demittat in terram (Rust., 11, 3, 51).
107Pour Juvénal, le nom paraît désigner un panier de forme indéterminée, utilisé entre autres comme récipient à victuailles : Nunc sacri fontis nemus et delubres locantur/Iudaeis, quorum cophinus faenumque supellex (3, 14). Même emploi générique, plus tardivement, par Végèce : Haec ratio apud signiferos, ut nunc dicunt, in cophino seruabatur (Mil., 2, 20) ; surfurem et farinam hordei mixta in cophino (Mul., 2, 33, 2), et, au Vesiècle, par l’évêque Palladius pour qui deux cophini portés sur un bât servaient de paniers à pain : Asinum portantem panem in cophinis (Hist. Mon., 2, 8).
108En outre, dans le vocabulaire tardif, le terme s’applique à une vannerie utilisée pour le transport de matériaux divers, tels le fumier ou la terre : Alueos, cofinos quibus terra portetur (Végèce, Mil., 2, 25) ; Mundare, stercorare, terram portare in cophino fit (Augustin, Psalm., 80, 9).
  • 26 L’illustration du terme par White (1975, p. 73, fig. 24), qui associe au nom une corbeille ronde o (...)
109D’après l’ensemble des usages recensés, le nom de cophinus paraît avoir correspondu à une vannerie de grande taille, certainement pourvue de poignées pour le transport. Il serait hasardeux de rattacher ce type à une représentation figurée ; néanmoins, vu l’évolution du terme en « couffin », on pourrait se figurer de grands paniers souples à deux poignées, en sparterie26. À lire les textes, le cophinus était réservé à des usages plus variés que l’aero dont il était sans doute de forme proche. Le second terme semble cependant appartenir à un répertoire technique spécialisé.

14. Corbis, is, m. ou f.

110Bruno 1969, n° 1060 ; White 1975, p. 56-59.
111TLL : de genere : masc. Colum., Petron. 33, Isid., 20, 9, 10 ; fem. Varro, L. L., 5, 139, Cic., Sest., 82. Est pro certa mensura (Cato, R. R., 136). Legitur inde a Plauto et Catone ; apud poetas non nisi Plaut., Prop., Ou., Pers., Iuu. singulis locis.
112TLL Est : fem. et secundum Priscianum, masc. (kophinos). Vas est uiminibus contextum, cf. Plaut., Bacch. ; Cic, Sest., 82. Corbis dicta, ut inquit Varro de L. L., 4, 31 (?) ab eo quod spicas, aliudue quid eo conruebant. C. pabulatoria : in qua reponebantur pabula armentorum (Col., 6, 3 ; 11, 2). C. etiam inter naualia instrumenta numeratur. Est enim uas quod in summitate mali suspenditur, unde desuper tela in hostium naues deiiciuntur.
113TLLex : uas ingense uimine, ad usus rusticos, praesertim colligendorum fructum : ita dictum, ut Varro censet (L. L., 4, 31) quod spicas, aliudue quid corruebant, he, in eam deiiciendo immitebant. Corruere enim actiue significat deiicere. Apud Ulpian., Dig., 18, 6, 1 extr. : per corbem mensuram uini facere, est metiri modum uini ex modo cuuae, cuius mensura per corbem definiri solet.
114Varron, L. L., 5, 139 : Corbes ab eo quod spicas aliudue quid corruebant ; hinc minores corbulae dictae.
115Isidore, Orig., 20, 9, 10 : Corues dicti, quia curuatis uirgis contexuntur.
116Isidore, Orig., 14, 13 (de instrumentis rusticis) : Qualos corbes colaque prelorum per quos multum fluit, a colando dictos.
117Corbis est un des termes les plus présents chez les auteurs antiques, notamment chez les auteurs traitant d’agriculture. Ce vocable, qui paraît le plus souvent utilisé dans une acception générique, est attesté dès Caton et sur une longue étendue chronologique. Le genre féminin est le plus ancien et le plus classique (Ernout 1959, s. u.). Columelle, lui, considère ce mot comme masculin. Le terme est à l’origine du français « corbeille ».
118Tous les agronomes mentionnent ce récipient parmi les instruments indispensables dans une propriété rurale (par exemple, Varron, R. R., 1, 22, 1 : De reliquo instrumento muto [...] quae nasci in fundo hac fieri a domesticis poterunt, eorum ne quid ematur, ut fere sunt quae ex uiminibus et materia rustica fiunt, ut corbes ; Columelle, Rust., 11, 2, 90 :
119Siue regio ferulae uel corticis ferax est, apibus aluearia fieri debent [...] seu uirgultorum, corbes ex uimine).
  • 27 Sur les corbeilles de vendange en général, voir Blanc 1990a.
120La corbis constituait l’instrument rustique par excellence et servait principalement à la moisson et à la cueillette27. Varron l’évoque en décrivant la moisson : Spicas coiciunt in corbem atque in aream mittunt (R. R., 1, 50, 2). Cicéron lui appose d’ailleurs l’épithète messoria : Mulionicam paenulam arripuit, cum qua primum Romam ad comitia uenerat ; messoria se corbe contexit (Sest., 82), de même que, plus tard, le Digeste : In instrumentum fundi ea esse, quae fructus quaerendi cogendi, conseruandi gratia parata sunt [...] cogendi, quemadmodum torcularia corbes falcesque messoriae (Ulp., Dig., 33, 7, 8). Les poètes la tenaient pour l’attribut même du moissonneur : Arma tuli quondam, et, memini, laudabar in illis : corbis in imposito pondere messor eram (Properce 4, 2, 28) ; O quotiens habitu duri messoris aristas/corbe tulit uerique fuit messoris imago ! (Ovide, Met., 14, 644).
121Parmi ses usages agricoles, on trouvait celui de panier à fourrage, le corbis pabulatorius de Columelle : Si grano abstinemus, frondis aridae corbis pabulatorius modiorum uiginti sufficit (Rust., 6, 3, 5).
122Palladius l’utilise pour réaliser des transplantations de vigne par marcottage aérien : la corbeille percée dans le fond est placée sur la branche à couper, puis on coupe celle-ci au ras du panier et on l’enterre directement avec lui : Fit ex uimine parua corbicula […] tunc sub fundo corbis incisum radicatum sarmentum cum ipsa corbe portabitur ad locum quem uitibus arbustiuis destinabis implere (Palladius, Rust., 3, 10, 6).
123Les emplois rustiques de la corbis étaient très divers. Pour Caton elle sert comme unité de mesure dans les rétributions en nature : In agro Casinate et Venafro, in loco bono parti octaua corbi diuidat [...] si granum modio diuidet, parti quinta ; in Venafro ager optimus nona parti corbi diuidat (Agr., 136). De même, dans le Digeste d’Ulpien, on trouve l’expression per corbem […] mensuram (Dig., 18, 6, 1, 4). Quant à Végèce, il en fait usage comme muselière, si un animal se blesse à la bouche : Cui et corbem constrictam oportet imponi, ne deprauet dentes et labia (Mulomed., 2, 33, 1).
124La corbis servait de récipient dans une grande variété de contextes de la vie quotidienne, ce qui dénote un usage très généralisé. Pétrone aussi bien que Juvénal en témoignent : Repositorium allatum est cum corbe in quo gallina erat lignea (33) ; Signinum Syriumque pirum, de corbibus isdem/aemula Picenis et odoris mala recentis (Sat., 11, 73-74). En l’occurrence, la corbeille sert à stocker des objets ou de la nourriture.
125On peut noter encore qu’une grande corbeille de ce type, accrochée au mât d’un bateau pour que des hommes devant lancer leurs traits sur l’ennemi y prissent place, était à l’origine du nom du navire, la corbita : Corbitae dicuntur naues onerariae, quod in malo earum summo pro signo corbes solerent suspendi (Festus, p. 37).
  • 28 K. D. White (1975, p. 57-58) s’est fondé sur une erreur d’interprétation d’un passage de Cicéron p (...)
126Le vocable avait, par conséquent, à travers la littérature, un usage générique, désignant une corbeille de taille et de forme variable. En rapprochant les emplois décrits par les textes aux nombreuses représentations iconographiques, divers modèles apparaissent. Les scènes figurées sur les documents montrent tantôt un récipient plutôt tronconique ou cylindrique, dépourvu de moyen de préhension, tantôt une vannerie quasi hémisphérique, dotée ou non de deux poignées. Ces corbeilles aux formes variées portaient peut-être ce nom générique. Il s’agissait en tout cas d’une vannerie rigide, Columelle utilisant le vocable pour désigner un objet réalisé à partir de baguettes (Rust., 11, 2, 90 : seu uirgultorum corbes ex uimine), par opposition à la fiscina et à la sporta, constituées de palmier ou d’alfa. Son emploi largement diffus conduit à penser qu’il s’agissait d’une vannerie utilitaire au tressage simple, de type clayonné : Pline fait, du reste, allusion à ses côtes en bois de bouleau (N. H., 16, 75 : Gallica haec arbor mirabili candore atque tenuitate, [...] corbium costis) et à un objet fabriqué tantôt en écorce de hêtre, tilleul, sapin ou épicéa (N. H., 16, 35 : Cortex et fagis, tiliae, abieti, piceae in magno usu agrestum. Vasa eo corbesque hac patentiora quaedam messibus conuehendis uindemiisque faciunt), tantôt en osier ou toute baguette flexible (N. H., 16, 174 : Aliae praetenues uiminibus texendis spectabili subtilitate, rursus aliae firmiores corbibus hac plurimae agricolarum supellectile). Sa taille était variable, l’ustensile pouvant atteindre une grande capacité : Columelle parle en effet d’une contenance de 20 modii (corbis pabulatorius modiorum uiginti), soit plus de 160 litres28.
  • 29 La corbis messoria ou récipient de cueillette apparaît également, par exemple, sur la mosaïque de (...)
127La corbis est souvent représentée sur des tableaux champêtres de moisson ou de vendange, illustrés par les mosaïques d’Afrique notamment, auxquels s’ajoutent toutes sortes de scènes du quotidien dont témoignent peintures et reliefs (Cf. fig. 218)29 et, à Pompéi, la partie inférieure d’une corbeille clayonnée peinte dans l’atrium 93 des praedia de Iulia Felix.

15. Corbula, ae, f.

128TLL Est. : dimin. a corbis, teste Varrone de L. L. et R. R., 1, 185. Cogit aliquot corbulas uuarum, et frondem iucundissimam ministrat ouibus.
129Diminutif du précédent et tout aussi classique, le mot est employé depuis Caton. Il semble plutôt appartenir au vocabulaire technique des agronomes. Cette corbeille clayonnée était de même matière — osier — (Caton, Agr., 11, 5 : Corbulas Amerinas XX) et vraisemblablement de même forme que la corbis. Son usage paraît avoir été réservé en particulier aux vendanges et à la cueillette des olives. Pour les premières, on poissait le récipient pour le rendre imperméable afin que le jus du raisin ne se répandît pas (Caton, Agr., 23, 1 : Fac ad uindemiam quae opus sunt ut parentur. Vasa lauentur, corbulae sarciantur, picentur ; Varron, R. R., 1, 22, 6 : Quae non possunt esse sub claui, quam maxime facere ut sint in conspectu oportet. Eo magis ea quae in rariore sunt usu, ut quibus in uindemia utuntur, ut corbulae et sic alia). La corbula fait partie de la liste d’ustensiles à préparer en vue de la récolte des olives (Caton, Agr., 31, 1 : Ad oleam cogendam quae opus erunt parentur : uimina matura, salix per tempus legatur, uti sit unde corbulae et ueteres sarciant ; Columelle, Rust., 12, 52, 8 : tum scalae, corbulae, decemmodiae, trimodiae satoriae [...], fisci...).
130Caton emploie également le terme pour d’autres usages rustiques, dont le marcottage et la transplantation de végétaux : Oleas, ulmos, ficos, poma, uites, pinos, cupressos cum seres, bene cum radicibus eximito cum terra sua [...] in alueo aut in corbula ferri iubeto (Agr., 28, 1). Suétone fait mention d’une corbeille servant au transport de la terre : primus rastello humum effodit et corbulae congestam umeris extulit (Nero, 19).
131Sorti du contexte rural, le terme est plus rarement attesté. Chez Plaute, il s’agit d’une corbeille servant à stocker de la nourriture : Inde coctam sursum subducemus corbulis (Aul., 366).

16. Corbicula, ae, f.

132TLL Est. : aliud dimin.
133TLLex : corbicula. Caecil. apud. Non. c. 3 n. 48, corbula panis.
134Le second diminutif de corbis paraît plus tardif que le précédent. Seul Palladius l’emploie, en le diminuant encore par l’emploi de l’épithète parua, tout en spécifiant la taille de la corbeille, un pied ou un peu moins de circonférence : Fit ex uimine parua corbicula quae mensuram pedis uel aliquanto minus circini spatio possit amplecti. Haec ad arborem, cui uitis adhaeret, fertur et in fundi media parte pertunditur, quod sarmenti uirgam possit admittere. Inducto itaque sarmento uitis eius, de qua transferre disponis, corbicula ipsa ex aliqua arboris parte suspenditur et uiua terra repletur, ut sarmentum terra possit includi. Quod sarmentum prius intorquetur (Agr., 3, 10, 6). À l’instar de la corbula, la corbeille est ici utilisée pour le marcottage de la vigne.

17. Cribrum, i, n.

135White 1975, p. 102-104.
136TLL : Instrumentum ad frumentum sim. cernendum.
137Isidore, Orig., 20, 8, 6 : Cribrum quod ibi currat frumentum, quasi currifrum.
138Utilisé depuis Caton, le terme est classique et recensé sur une longue durée.
  • 30 K. D. White le considère comme instrument à tamiser les matières sèches, par opposition au colum e (...)
139Ustensile fréquemment mentionné par les auteurs latins (Hilgers 1969, p. 53 et 159), le crible servait principalement à tamiser toutes sortes de matières sèches30, mais certains auteurs font mention de son usage pour filtrer des liquides, tel Plaute rapportant un proverbe : Non pluris refert quam si imbrem in cribrum geras (Pseud., 102). Pline, dans un passage consacré aux premiers boulangers de Rome, parle de l’origine des tamis ainsi que des matériaux utilisés, selon les zones géographiques, pour les fabriquer : Cribrorum genera Galliae saetis equorum inuenere, Hispaniae lino excussoria et pollinaria, Aegyptis papyro atque iunco, « Quant aux diverses sortes de tamis, les Gaules ont inventé ceux en crin de cheval ; les Espagnes les tamis et les blutoirs en lin ; l’Égypte ceux en papyrus et en jonc » (N. H., 18, 108, trad. H. Le Bonniec).
140C’était un instrument privilégié du boulanger (Edict. Diocl. : cribrum textile pistorium) mais il trouvait des usages quotidiens dans d’autres contextes. Pour Ulpien, il faisait partie des ustensiles du domaine (instrumentum fundi) : et cribra et plaustra, qui bus stercus euehatur [continentur] (Dig., 33, 7, 12, 10). On criblait la terre afin de recouvrir les graines à peine semées (Caton, Agr., 48, 2 : [graines de cyprès] tum semen serito crebrum tamquam linum, eo terram cribro incernito altam digitum transuersum ; Agr., 151, 3 ; Pline, N. H., 17, 73), on criblait la chaux pour construire le pavement d’un pressoir (Caton, Agr., 18, 7 : eo calcem cribro subcretam indito alte digitos duo), la farine ou la semoule (Pline, N. H., 18, 115 : farinarium cribrum), les légumes secs (Edict. Diocl. : cribrum leguminale textile), les graines, divers aliments. Ainsi Caton, donnant la recette de la placenta, conseille de tamiser dans un crible à farine — c’est-à-dire un crible tissé serré — le fromage émietté pour ensuite le verser dans un mortier (Agr., 76, 3 : deinde cribrum farinarium purum sumito caseumque per cribrum facito transeat in mortarium).
141Tressé en sparterie ou en vannerie (papyrus, jonc et lin chez Pline ; vesce ou ivraie chez Columelle, Rust., 8, 5), l’objet pouvait être de diamètre variable et son tissage était plus ou moins serré selon l’usage prévu. Ainsi, Pline mentionne un cribrum angustissimum et tantum harenas transmittens, un tamis très serré qui ne laisse passer que le sable (N. H., 18, 115). Cicéron fait allusion à des cribles rongés par les rats, donc vraisemblablement, en l’occurrence, en matière végétale : Quasi uero quicquam intersit, mures, diem noctem aliquid rodentes scuta an cribra corroserint (Diu., 2, 59). Il existait cependant des cribles fabriqués à partir d’autres matériaux et on recense sous le même vocable des objets en métal, en cuir ou encore en bois. L’Édit sur les prix de Dioclétien en répertorie sept types différents, en cuir ou en sparterie : cribrum areale coriacium (15, 60a) ; cribrum pelliceum simulare (15, 61) ; cribrum textile maximum (15, 62) ; cribrum textile rusticanum pistorium (15, 63) ; cribrum leguminale textile (15, 64) ; cribrum ca [...] ecile text [ile ?] (15, 65) ; cribrum s [urelianum ? coria] cium (15, 66).
  • 31 Forbes 1964, p. 185, donne une photographie d’un crible tressé d’époque romaine découvert en Égypt (...)
142Deux exemplaires différents apparaissent sur un relief d’Ostie représentant une boulangerie (Zimmer 1982, p. 116-117, n° 27) : l’un a un tissage serré (pour tamiser la farine), l’autre est à claire-voie. Un autre est visible sur le relief ornant le sarcophage de P. Nonius Zethus à Rome, associé à un crible métallique (White 1975, pl. 2a)31. Les représentations de cet ustensile sont rares et même si l’illustration présente une boutique urbaine, il ne fait guère de doute que les cribles employés à la campagne étaient identiques à ces exemplaires : plats et circulaires, pourvus d’une épaisse bordure, sans élément de préhension.

18. Cumera, ae, f., ou Cumerum, i, n.

143Bruno 1969, n° 1062 ; White 1975, p. 65-66.
144TLL : Hor., 1, 7, 30, cumera uasi frumenti genus factum ex uimine admodum obductum.
145TLL Est. : Cumera uas ingens uimineus, in quo frumenta conduntur. Siue, cumera dicuntur uasa fictilia similia doliis, ubi frumentum suum reponebant agricolae. Tertio modo, cumerae dicuntur uasa minora, quae capiunt quinque siue sex modios, quae lingua Sabinorum trimodiae dicuntur.
146TLLex : cumera, uas uimineum, uel sparteum, uel palmeum, uel etiam fictile, quo rustici utuntur ad condenda frumenta, ut docet Festus in Cumerum.
147Festus, p. 63 : Cumeram uocabant antiqui uas quoddam quod opertum in nuptiis ferebant in quo erant nubentis utensilia, quod et camillum dicebant, eo quod sacrorum ministrum kasmilon appellabant.
148Acron, in Hor. Serm., 1, 1 : Cumeram dicimus uas ingens uimineum, in quo frumenta conduntur, sicut ipse alibi (Epist., 1, 7, 30) : « forte per... cumeram frumenti » ; siue cumera dicuntur uasa fictilia similia doliis, ubi frumentum suum reponebant agricolae. Tertio dicitur cumerae uasa minora quae capiunt quinque uel sex modios, quae lingua Sabinorum trimodia uocantur. Granaria autem horrea, in quibus frumenta reponuntur ; repositoria.
149D’origine étymologique non identifiée, le terme est assez peu employé dans la littérature latine. Les occurrences prouvent qu’il désignait deux types bien distincts de paniers. Un des usages de la cumera était de servir de panier à stocker le blé, à l’instar du dolium en terre cuite. Horace emploie le mot dans cette acception à plusieurs reprises : Cur tua plus laudes cumeris granaria nostris ? (Sat., 1, 1, 53) ; Forte per angustam tenuis uulpecula rimam repserat in cumeram frumenti (Epist., 1, 7, 30).
150Le nom désignait aussi une corbeille de mariage portée par le camillus et dans laquelle on cachait des ustensiles destinés aux époux, aux dires des scholiastes et lexicographes : Cumerum uas nuptiale a similitudine cumerarum, quae fiunt palmeae uel sparteae ad usum popularem sic appellatum (Festus, p. 50) ; Itaque dicitur nuptiis camillus qui cumerum fert, in quo quid sit, in ministerio plerique extrinsecus nesciunt (Varron, L. L., 7, 34).
151Cette vannerie de forme indéterminée était surmontée d’un couvercle. Elle pouvait atteindre une taille conséquente dans son usage de réserve à grain.

19. Fiscus, i, m.

152Bruno 1969, n° 1063 ; White 1975, p. 88-91.
153TLL : sporta, corbula. 1/ad exprimendum oleum. 2/ad pecuniam condendam.
154TLL Est. : Fiscus item pro qualo oleario, qui ceruici torcularis supponitur, ne fraces in lacum cum oleo defluant. Vel etiam pro qualo in quo oliuae ponuntur quum praelo supponuntur : ut Amurca, ie oleum crassius aliquantis perexametur id exudet et per uimina perfluat.
155TLLex : uas uimineum, iunceum, aut ex simili alia materia, ad eos praesertim usus, quos in fiscina et fiscella exemplis indicauimus, corbis, quasillus, cista, sporta. Mos fuit maioris summae pecuniam in fiscos condi : quare fiscus saepe loculum, arcam, saccellum, cophinum, follem pecuniae significat. Dicitur speciatim de pecunia publica, quia haec maioris summae est, quam priuata. Sub imperatoribus, fiscus dicta est pecunia et patrimonium principis, sicut aerarium reipublicae. Postea fiscus appellata est omnis pecunia publica, itemque ius ac dominium reipublicae in agros, uectigalia et ceteras res, inde reditus in publicum ueniunt.
156Augustin, Psalm., 146, 17 : fiscus saccus est, unde et fiscellae et fiscinae dicuntur.
157Pseudo-Ascon, Verr., p. 219, 9 St. : fisci, fiscinae, fiscellae spartea sunt utensilia ad maioris summae pecunias capiendas. Vnde, quia maior summa est pecuniae publicae quam priuatae, ut pro censu priuato, « aerarium » dicitur pro loculis et arca thesauri, pro sacello « fiscus ». Inde « fiscus » pecunia publica, et « confiscare » dici solet.
158Isidore, Orig., 20, 9, 7 : fiscus sacculus est publicus, unde et fiscellae et fiscinae dicuntur : hunc habent exactores, et in eo mittunt debitum publicum quod redditur regibus. Fiscus autem primae positionis est, deriuatum fiscina, deminutiuum fiscella.
159Le vocable, ancien, est attesté sur une longue étendue chronologique (Ier siècle av. -VIe siècle apr. J. -C.). On le rencontre surtout dans des ouvrages techniques agricoles ou chez des poètes tardifs faisant l’éloge de l’agriculture.
160Dans son sens classique, ce mot désignait un panier de taille variable dans lequel on gardait de l’argent : Fiscos complures cum pecunia Siciliensi (Cicéron, Verr., 1, 22). Par métonymie, le vocable prit place, à la même époque, dans le vocabulaire des institutions romaines avec l’acception de « trésor public ». Cicéron, en effet, l’oppose à la cista, cassette à argent du particulier : Quaternos HS, quos mihi senatus [...] ex aerario dedit [...] in cistam transferam de fisco (Verr., 3, 197). Sous l’Empire, le fiscus désignait une partie du revenu de l’État destinée à l’entretien du prince, par opposition à sa fortune personnelle (res priuata principis) et à l’aerarium, le trésor de l’État (Ernout 1959, s. u.).
161Pour ce qui est du vocabulaire technique agricole, on le rencontre seulement chez Columelle, dans une utilisation spécifique. Il s’agissait d’une vannerie souple, un scourtin que l’on mettait sous le pressoir à huile : Postero die [oliua Pausea uel orchita] cribratur, et nouo fisco inclusa prelo supponitur, uehementerque premitur (Rust., 12, 49, 9) ; Postero die [oliua nigra] cribratur, ut siquid inest stercoris separetur : deinde intrita oliua nouo fisco includitur, et prelo subicitur, ut tota nocte exprimatur (Rust., 12, 51, 1). Un texte plus tardif confirme cet usage : Fiscos autem, quibus ad premendam oliuam utimur colonum sibi parare debere Neratius scripsit (Ulpien, Dig., 19, 2, 19, 2). Le scourtin est généralement mentionné, chez les autres agronomes, au moyen du diminutif fiscina.
  • 32 Le fiscus apparaît sur un relief de Sens présentant une frise composée du matériel de vendange. Le (...)
162On peut se représenter de larges corbeilles souples, tressées à l’aide de fibres ou de feuilles selon le type natte et semblables à nos couffins actuels, sans poignées pour les paniers à pressoir32 (Cf. fig. 115).

20. Fiscina, ae, f.

163Bruno 1969, n° 1063.
164TLL : nomen raro legitur, primum apud Plaut. (semel), saepius apud Caton. Corbula uirgis sim. texta. 1/generatim imprimis ad fruges capiendas. 2/speciatim corbula quae ad os bestiarum alligatur (significatio non satis certa).
165TLL Est. : id quod fiscus.
166TLLex : omne genus uasis ex uimine, iunco, sparto, aliaue materie contexti.
167Varron, L. L., 5, 139 : Quibus comportantur fructus ac necessarias res : de his, fiscina a ferendo dicta.
168Servius, auct. Georg., 2, 166 : fiscina genus est uasis id est corbulae breuis, quas perferunt qui arbusta uindemiant.
169Diminutif du précédent, le vocable est attesté depuis Caton. À l’instar du fiscus, il comportait une signification propre aux usages agricoles, tout en étant largement plus courant dans les traités d’agriculture : l’ensemble des agronomes emploient ce terme technique.
  • 33 Sur la taille des scourtins antiques, Cf. Mattingly 1988.
170La fiscina désignait un scourtin placé sous le pressoir pour contenir le raisin ou les olives33 : Caton en fait mention à plusieurs reprises (Agr., 135, 2-3 : Fiscinae campanicae utiles sunt...), de même que Varron (R. R., 1, 27 : fiscinas expedi [au moment des vendanges]) et Columelle (Rust., 11, 2, 90 : Siue [regio] palmae spartiue foecunda est, fiscinae sportaeque [fieri debent] ; seu uirgultorum, corbes ex uimine). Palladius fait également mention de cet ustensile pour le pressage des grenades (Agr., 4, 10 : Grana matura purgata diligenter in palmea fiscina mittis et in cochlea exprimis).
171Outre ce sens technique, la fiscina désignait chez différents auteurs un petit panier ou une petite corbeille quelconque, contenant des fruits pour Cicéron (Flacc., 41 : Homini enim Phrygi qui arborem nunquam uidisset fiscinam ficorum obiecisti) ou encore des fleurs pour Virgile (G., 1, 266 : Nunc facilis rubea texatur fiscina uirga) et Columelle, qui n’utilise donc pas le nom uniquement dans un sens technique, particulièrement lorqu’il compose des vers (Rust., 10, 306-307 : Iam rosa distendat contorti stamina iunci/pressaque flammeola rumpatur fiscina caltha). Pline l’emploie non seulement pour parler de paniers de récolte : Et frondis praeparandae tempus hoc est. Unus frondator quattuor frondarias fiscinas in die iustum habet (N. H., 18, 614), mais encore pour évoquer une muselière de cheval : Euthycrates optume expressit [...] equum cum fiscinis (N. H., 34, 66). Dans le Copa (17), le terme apparaît comme équivalent de son diminutif fiscella, c est-àdire comme faisselle : sunt et caseoli, quos iuncea fiscina siccat...Le scourtin était une vannerie souple réalisée en feuilles de palmier, en alfa ou autre matériau fibreux. Par l’opposition qu’il établit entre fiscinae sportaeque et corbes, Columelle (Rust., 11, 2, 90, cité) indique bien que, dans le contexte rural, les deux premiers récipients correspondaient à des vanneries souples, contrairement au troisième qui requérait des baguettes de bois. En revanche, la fiscina en tant que simple panier ou corbeille pouvait être une vannerie rigide (Virgile parle d’un tressage en liane de ronce).
173Sur le plan iconographique, parmi bien d’autres exemples, on peut rapprocher la fiscina ficorum de Cicéron d’une peinture de Pompéi (inv. 20612 : Stefani 2005, p. 83, n° 74) 



qui montre une petite corbeille tronconique remplie de figues tressée sur le mode clayonné à brins cordés, aux montants disposés de manière très serrée et dépourvue de bordure — une couleur claire marque la section des montants au sommet de l’ouvrage (fig. 220).


 Fig. 221 — Muselière à bœuf de Touraine. Villaines-les-Rochers, collection particulière (photographie de l’auteur).

21. Fiscella, ae, f., très rarement Fiscellus, i, m.

 

Diminutif de fiscina, le vocable est très courant dans la littérature latine, sur une vaste étendue chronologique. Il est à l’origine du français « faisselle », ce qui correspond bien à l’un de ses multiples usages dans l’Antiquité, entériné par une glose du CGL. Columelle est le seul auteur à employer ce diminutif au genre masculin, qu’il alterne avec le féminin : Mox fiscello lineo [baccas myrti] inclusas exprimito (Rust., 12, 38, 6). Il est également le seul à lui réserver le même usage qu’à la fiscina, celui de panier à pressoir : ubi combiberint uuae [...] sexto die in fiscellam conferre, et prelo premere, passumque tollere (12, 39, 1).
181Un des usages de la fiscella était celui de faisselle. On utilisait cette petite vannerie pour fabriquer les fromages, ainsi, parmi beaucoup d’occurrences, chez Tibulle (2, 3, 15-16 : tunc fiscella leui detexta est uimine iunci/raraque per nexos est uia facta sero), Calpurnius (Ecl., 3, 68-69 : Sed mihi nec gracilis sine te fiscella salicto/texitur, et nulo tremuere coagula lacte), ou encore Columelle (Rust., 7, 8, 3 : et confestim cum concreuit liquor, in fiscellas aut in calathos uel formas transferendus est).
182On s’en servait encore, à l’instar d’un filtre, pour faire macérer du sel ou des plantes dans des préparations diverses, avant de les passer : Caton en témoigne (Agr., 88 : Salem candidum sic facitur : amphoram defracto collo puram impleto aquae purae, in sole ponito ; ibi fiscellam cum sale populari suspendito et quassato suppletoque identidem), de même que Columelle (Rust., 12, 17, 2 : postea in iunceis fiscellis uel sparteis saccis percolant, liquatumque acetum inferuefaciunt).
  • 34 White 1975, p. 94-96, pense que les muselières de vannerie étaient désignées par le nom de capistr (...)
  • 35 Des muselières à bœufs étaient de même employées dans les campagnes japonaises. Voir l’exemplaire (...)
183Dans le monde rural, tout comme la fiscina moins souvent attestée, cette petite corbeille servait de muselière34, notamment pour empêcher les bœufs de déraciner et de manger les jeunes pousses pendant les labours (Caton, Agr., 54, 5 : et fiscellas habere oportet, ne herbam [boues] sectentur, cum arabunt, « et [les bœufs] doivent porter des muselières pour ne pas chercher l’herbe quand ils laboureront » ; Pline, N. H., 18, 177 : si inter arbores uitesque aretur, fiscellis capistrari, ne germinum tenera [boues] praecerpant). La corbeille était attachée à la tête de l’animal au moyen de cordelettes. Ce type d’article, désormais abandonné, était encore en usage dans les campagnes françaises au XIXe et au début du XXe siècle 35 (fig. 221).
184En outre, les paysans fixaient ce petit panier de jonc aux parties génitales des animaux — ici des béliers — pour empêcher les saillies : Deterrent ab saliendo fiscellise iunco, aliaue qua re, quod alligant ad naturam (Varron, R. R., 2, 2, 14).


Fig. 222 — Faisselles à fromage. Pompéi, III 4, b, maison de Pinarius Cerialis (photographie de l’auteur).
185À ces usages bien déterminés s’ajoutaient d’autres emplois communs à tous les récipients de vannerie, ceux de contenants pour des denrées variées (Ovide, Fast., 4, 743 : libaque de milio milii fiscella sequitur — corbeille de millet ; Columelle, Rust., 10, 401-402 : cumulataque moris / candida sanguineo manat fiscella cruore — corbeille de mûres ; Palladius, Agr., 11, 19 : leguntur ergo uuae passae quam plurimae et in fiscellis clausae iunco factis aliquatenus rariore contextu. Virgis primo fortiter uerberantur — corbeille de raisin préparé pour être pressé).
  • 36 Ajouter aux fig. 222 et 223 : De Caro 2001, p. 67-69, n° 44 (Pompei, temple d’Isis, MANN inv. 9909 (...)
186Le nom de fiscella correspondait généralement — à l’exception de son usage comme panier à pressoir — à une corbeille de petite taille sans poignées. Elle était rigide car tressée en osier ou en jonc, ce dernier matériau étant plutôt récurrent chez les auteurs antiques (par exemple Némésien, Buc., 1, 1-2 : Dum fiscella tibi fluuiale, Tityre, iunco / texitur). Dans son usage de faisselle, le récipient est identifiable sur quelques peintures de nature morte de la région du Vésuve : on y voit de petits récipients cylindriques ou légèrement tronconiques remplis d’une substance blanche, du caillé ou du fromage36 (fig. 222 et 223)


 Fig. 223 — Faisselles à fromage. Nature morte provenant de Pompéi. Naples, MANN, inv. 8632 (photographie Jean-Pierre Brun).

22. Panarium, i, n.


 

189TLLex: locus et uas ubi panis seruatur, panis repo-sitorium (bread basket).
190Le terme, à l’origine du français « panier » ou de l’italien « paniere », est peu répandu dans la littérature latine. Bien qu’il ait été employé dès l’époque de Varron, son usage est demeuré fort rare, ce qui peut sembler étrange quand on connaît sa fortune dans les langues romanes.
191Comme l’indique son étymologie, cette corbeille était d’abord destiné à contenir du pain : Panis [...]. Hinc panarium ubi id seruabant; sicut granarium, ubigranum frumenti condebant (Varron, L.L., 5, 105). Elle servait de plateau à pain aux repas (Stace, Silu., 1, 6, 31 : Panaria candidasque mappas subuectant pueri), à l’instar des canistra dont elle est sans doute de forme proche, c’est-à-dire plate et peu profonde.
192Il est peut-être possible d’imaginer aussi un panier doté d’anses, puisque Pline le Jeune lui réserve l’usage de panier à provisions à emporter à la chasse : Cum uenabere, licebit [...] ut panarium et lagunculam sic etiam pugilares feras (Pline, Epist., 1, 6, 3). Suétone, par ailleurs, fait allusion à un panier à vivres : Senatui equitique panariis plebei sportellis cum obsonio distributis (Dom., 4, 5).
193En tout état de cause, le vocable peut ne pas avoir désigné une forme spécifique mais avoir été employé dans un sens générique, sens qui, d’ailleurs, se retrouve parfaitement en français.
194Il convient de noter que d’autres mentions du panarium, notamment au CIL, désignent plutôt un pétrin. Tel est le cas sur l’inscription funéraire de l’épouse du boulanger romain Eurysaces, Atistia, quoius corporis reliquiae quod superant sunt in hoc panario (CIL, I 2, 1206, 5 = VI, 1958), ou encore sur une inscription d’Histonium (regio IV) où les édiles prennent en charge des travaux concernant le marché de la cité : [ ---] Cerialis P. Ahius Candidus aed (iles) [---] panarios fabricandos ex metr [etis et ponderib] us iniquis supplentibus [...] curauerunt (CIL, IX, 285

23. Panariolum, i, n.

195TLL : a panarius (panarium) iq paruum panarium, sportula.
196TLLex : uasculum uimineum, in quo panis seruatur : deminutiu. a panarium.
197Diminutif du précédent, le terme figure encore plus rarement dans les textes. Il ne semble attesté qu’à partir du milieu du Ier siècle apr. J. -C.
198Panariolum désignait un petit panier quelconque : Hic error tibi profuit Decembri/tunc cum prandia misit imperator/cum panariolis tribus redisti (Martial, 5, 49, 10).

24. Phormio, onis, m. ou Phormium, i, n.

199Bruno 1969, n° 1065.
200TLL : φορμίον. Formion tegiculum dicunt Graeci, a quo insternitur pauimentum, unde φορμίων. Formion : dicitur graece saccum sparteum … unde Formio.
201CGL, II, 72, 70 : formio, κόφινος.
202CGL, V, 296, 10 : formiones, corbes, corbiones.
203Le nom est rare et apparemment utilisé pour désigner un ouvrage de sparterie, couffin ou panier quelconque — voire natte, selon le TLL —, d’après le commentaire de Donat à une comédie de Térence (ad Ter. Phorm., 122) : « Phormio » non a formula, sed a phormione dictus sparteo, quem nos aeronem dicimus triuialiter et pro consuetudine. Donat l’interprète comme synonyme d’aero (voir supra), une sorte de couffin. On retrouve le terme dans le Digeste d’Ulpien parmi une liste d’ustensiles : Acetum quoque, quod exstinguendi incendii causa paratur, item centones sifones, perticae quoque et scalae, et formiones et spongias et amas et scopas contineri plerique et Pegasus aiunt (Ulpien, Dig., 33, 7, 12, 18). Dans cette graphie, le vocable est repris par le CGL qui l’explicite de façon plus large, dans le sens de corbeille.

25. Qualus, i, m., ou Qualum, i, n.

204Bruno 1969, n° 1073 ; White 1975, p. 59-61.
205TLL Est. : genus uasis uiminei, per quod uinum guttatim defluit quum calcatur uua reliqua uero materia exire prohibentur. Qualus in quo gallinae oua edunt, apud Col., 8, 3. Qualum, neutro genere etiam legitur. Sunt autem, Turnebo interprete, quibus ad serendum opus est, id est ad sementem. Vindemiatorii quali. Qualus, cistula in qua mulieres reponebant pensa. Qualus apud Apuleium lib. 4 Met., p. 153 Elmenti accipitur pro canistro in quo panis seruatur. Quamquam prius, cum essem Lucius, unico uel secundo pane contentus mensa decederem, hinc uentri tam profundo seruiens, iam ferme tertium qualum rumigabam. Qualus, uas quo caementarii, siue calcarii, utuntur ad portandam calcem uel gypsum. Ulp. Dig. : sed et si quid inaedificauerit, in principio de usufructu, nam si librarium rus mittat, et qualum et calcem portare cogat, ie calcem in qualo [hic est qualus caementarius].
206TLLex : cistae genus, ut ait Fest. in Canephora h. e. genus uasis uiminei, metae inuersae similis... Sed et aliis usibus inseruit.
207Le terme est attesté anciennement — chez Caton qui l’emploie au genre neutre — et il est utilisé par de nombreux auteurs à diverses époques. Son origine est obscure — à rapprocher de kophinos ? —, sans doute non indo-européenne (Ernout 1959, s. u.). À lire les thesauri, il paraît être le terme générique en usage pour désigner tout panier rigide ordinaire. De fait, ses emplois sont variés au gré des textes, et notamment des textes techniques des agronomes.
208Un de ses usages était celui de panier à fouler, Pline y fait allusion pour le foulage au pied des baies de laurier : alii in qualo pedibus in profluente deculcant, donec auferatur cutis (N. H., 17, 61).
209Le qualus était parfois employé comme nid pour poule pondeuse, selon Columelle : hoc enim et salubrius et elegantius est, quam illud, quod quidam faciunt, ut, palis in parietes uehementer actis, uimineos qualos superimponant (Rust., 8, 3, 4). Pour ce même auteur, le panier d’osier servait encore à la récolte du miel dans les rayons des ruches : Saligneus qualus uel tenui uimine rarius contextus sacus […], obscuro loco suspenditur (Rust., 9, 15, 12).
210Le récipient, pour Caton, était un panier à semer, qualum satarium (Agr., 11, 5 : Quala sataria uel alueos XL), ou bien un panier de cueillette (Agr., 68 : ubi uindemia et oleitas facta erit, prela extollito [...] fiscinas, corbulas, quala [...] omnia quis usus erit in suo quidque loco reponito). Son usage pour la vendange et pour toute autre récolte est confirmé par Ulpien, qui lui associe les épithètes de uindemiatorius et d’exceptorius (Dig., 33, 7, 8 : quali uindemiatorii exceptoriique, in quibus uuae comportantur).
211Toujours dans le contexte rural, on le trouve employé — à l’instar de la corbula — comme panier de provignage (Caton, Agr., 133, 4 : Item uitem in quasillum propagato terraque bene operito ; anno post praecidito, cum qualo serito), comme panier de marcottage pour prélever les pousses de diverses espèces d’arbres puis les mettre en terre (Pline, N. H., 17, 98, trad. J. André : In ipsa arbore radices sollicitando traiectis per uasa fictilia uel qualos ramis terraque circumfartis [...], biennii spatio abscisa propagine et cum quasillis sata, « on fait venir les racines sur l’arbre même, en faisant passer à travers des pots ou des paniers des branches qu’on entoure de terre […] au bout de deux ans, on coupe le provin et on le plante avec le panier »), de même que comme panier servant à réaliser des greffes (Palladius, Agr., 10, 14, 3 : Desuper qualo uel fictili uase munitur, repletis usque prope summitatem surculis, terra subacta cum stercore).
212Les agronomes fournissent également une liste de multiples autres usages quotidiens de cette vannerie : séchage des figues (Palladius, Agr., 4, 10), élaboration de recettes de cuisine (Caton, Agr., 76, 1 : feuilles de pâte disposées dans un qualus ; Columelle, Rust., 12, 50, 2 : mélange des olives avec du sel dans un qualus), stockage et transport des immondices (Columelle, Rust., 10, 83), etc. Ces usages variés n’étaient pas uniquement réservés à la vie rurale. Apulée, par exemple, fait allusion à un panier à pain : Et quamquam prius, cum essem Lucius, unico uel secundo pane contentus mensa decederem, tunc uentri tam profundo seruiens, iam ferme tertium qualum rumigabam (4, 22). Qualus prend aussi, plus rarement, le sens de corbeille à ouvrage, sens généralement dévolu à son diminutif, quasillus : Tibi qualum Cythereae puer ales, tibi telas/operosaeque Mineruae studium aufert (Horace, Od., 3, 12, 4-5).
213On relève enfin un usage spécialisé plus tardif, celui de panier servant au transport de la terre ou d’autres matériaux de construction, par exemple chez Végèce qui décrit la manière de construire des retranchements militaires (Mil., 1, 24 : Ad quod opus ligones rastra qualos aliaque utensilium genera habere conuenit semper in prom
La diversité des usages, où parfois le mot paraît se substituer à un autre plus précis ou plus technique, incite à penser que le nom qualus était employé pour désigner tout récipient de vannerie, panier ou corbeille, de taille variable. La multitude des contextes rend impossible de déterminer s’il s’agissait d’une vannerie d’une forme particulière ou si le récipient était pourvu d’anses. Partant, il serait vain de chercher à identifier précisément l’ustensile ainsi nommé sur les représentations figurées qui, sur un même thème, peuvent décliner différents modèles de vanneries. Quant à savoir si le mot désignait un objet rigide ou souple, on notera que les auteurs font souvent allusion à un récipient d’osier, suggérant donc plutôt une vannerie rigide.



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