a. - REPRESENTATION COSMOGONIQUE
D'une façon générale, la cosmogonie n'apparaît
que lors des crises (maladie,etc...) ou des cérémonies initiatiques. Celle-ci est tenue secrète à l'attention des néophytes comme le recours explicatif et référentiel de la
genèse du monde et de l'univers. Elle vient à point nommé
pour traduire souvent les problèmes des gens(batu) en situa-
tion conflictuelle. C'est ce qui donne à l'initiation, son
caractère didactique de l'histoire de l'humanité devenant
ainsi une socialisation et une thérapie spécifiques. En
effet, tout savoir et toute connaissance passent par les
rituels initiatiques. LE MUGULU ou le BWITY(mystère de la vie),
sont ceux qui expriment le mieux la cosmogonie. On y retrouve
la plupart des symboles constitutifs de la cosmologie des
trois quart des peuples du Gabon. Comme disent GOLLNHOFER
et SILLANS :
"Effectivement, en dehors de la littérature orale, et de l'enseignement initiatique, on n'en parle jamais"(1), ou encore "dans la dimension généalogique de ce système culturel. MUANGA OU NYAMBI , l'Etre Suprême n'apparaît que dans les signes et les contes"(2).
Le schéma cosmogoniqùe'(placé dans un axe Est-Ouest et Nord-Sud, en suivant la marche du soleil
C'est donc cet Etre Suprême situé dans l'univers
infini qui a conçu le 1er universi situé entre l'infini et la
marche du soleil.
C'est dans cet univers que se situent les Ancêtres cosmiques conçus en tant que principes potentiels: Les principes mâles KOMBE(le soleil) et femelles NGONDI (la lune) et dont nous verrons plus loin la sym- bolique (la vie et la mort). Ces ancêtres cosmiques ont engendré MINANGA(les étoiles) enfants de KOMBE et NGONDI constituant ainsi la triade cosmique KOMBE-NGONDI-MINANGA. Ce sont les premiers, le père et la mère des êtres humains du fait même qu'ils sont des dieux anthropomorphisés. Ce sont les chefs du monde. Ces deux principes KOMBE et NGONDI ont engendré les représentations astrales NGADI(le tonnerre), MIKADIKADI ou BAKAKI(les éclairs), qui se situent tous à l'intérieur de la voûte céleste. Ces réprésentations astrales anthropomorphisées sont à leur tour conçu dans le 2ème univers.
C'est dans cet univers que se situent les Ancêtres cosmiques conçus en tant que principes potentiels: Les principes mâles KOMBE(le soleil) et femelles NGONDI (la lune) et dont nous verrons plus loin la sym- bolique (la vie et la mort). Ces ancêtres cosmiques ont engendré MINANGA(les étoiles) enfants de KOMBE et NGONDI constituant ainsi la triade cosmique KOMBE-NGONDI-MINANGA. Ce sont les premiers, le père et la mère des êtres humains du fait même qu'ils sont des dieux anthropomorphisés. Ce sont les chefs du monde. Ces deux principes KOMBE et NGONDI ont engendré les représentations astrales NGADI(le tonnerre), MIKADIKADI ou BAKAKI(les éclairs), qui se situent tous à l'intérieur de la voûte céleste. Ces réprésentations astrales anthropomorphisées sont à leur tour conçu dans le 2ème univers.
Les Ancêtres
mythiques primordiaux qui sont les êtres formalisés auxquels
on accorde une forme humaine, ce sont : NZAMBE-KANE(Dieu
du village) mâle et DISUMBA(femelle), plus DINTSOUNA(être
androgyne) qui se déplaça monde supra terrestre pour transmigrer dans l'arbre de vie cosmique MOUTOMBI ou MUKUMI. Ces
diverses entités ancestrales DITSOUNA mise à part - forment ce
que les initiés, "prêtres" ou "maîtres" initiatiques dénomment
les racines du mystère de l'existence.
Ces entités habitent un immense village sans
fin et sans commencement (GOLLHOFFER et SILLANS).
NZAMBE-KANE est le père de l'humanité et premier
homme sur la terre. DISUMBA est la mère de l'humanité et première femme sur la terre. Ce sont les Ancêtres .
Ensuite vient le 3ème univers où se situent
les génies et les hommes engendrés par les Ancêtres mythiques
"formalisés". Ces génies ont de nombreux noms, ils sont di-
vers, bons, méchants selon les cas et font l'objet de culte,
et d'acte d'allégeance.
Le dernier univers(univers n°4) est le royaume
des morts et des êtres de morts que l'on nomme DITENGU ou revenants .
Univers particulier qui se trouve dans le sens
de la marche du soleil Ouest-Est.
C. - DESCRIPTION ET FONCTION DES UNIVERS
C. - DESCRIPTION ET FONCTION DES UNIVERS
1. - L'Univers n°l :
le ciel" c'est l'univers des croyances
et du panthéon de la mythologie. Dans cet univers; habitent
les Dieux qui sont en fait des "Dieux" humanisés entourés
d'un halo de mystères insondables sur la manière dont ils
sont faits et comment ils vivent. Ces dieux aux noms mys-
térieux y vivent avec leurs enfants aux noms tous aussi mys-
térieux : MINANGA(Etoiles) , PUNGE(vent),NGADI(le tonnerre),
BAKAKI(les éclairs).
Cet univers représente le monde idéal où le méchant
est toujours puni, la vertu récompensée. C'est le monde où
l'intelligence est toujours du côté du faible.
La vie dans cet "Eden" nous est révelée par les contes, lès
épopées, les récits épiques mettant aux prises des géants et
des grands guerriers tels ceux du MVET chez les FANG, les
héros légendaires GUIKAFI et MARUNDU DENZAMBI chez les PUNU
ou AKUAMINDANGA chez les MPONGWE.
Tous ces héros des contes existent dans cet uni-
vers spécial de la mythologie que les PUNU nomment ILUNGUE
et que les Myéné nomment l'AGANO.
2. - Univers n°2 : cet univers se conçoit comme divisé en
deux sous-univers. - sous-univers n°l : c'est l'univers des êtres formalisés
et des Ancêtres mythiques, et du principe de l'arbre de vie.
c'est dans, ce sous-univers - que-se trouvent les "Dieux" Père
-et Mère de l'Humanité. Ils détiennent le principe de l'exis-
tence, vie et mort par l'intermédiaire de DINZONA, entité
androgyne.
- Sous-Univers n02 : Les PUNU de la Ngounié et de la Nvanga
nomment ce sous-univers combiné aux "Dieux" et aux hommes,
univers du MULOSSI (enseorcelleur) où se livre la lutte pour
la vie avec le NGANGA. Les Myénè le désignent par ANYAMBA-
NYEMBA, gens doués de la seconde vue et pouvant nuire aux
autres. Ce sont ceux que les FANG appellent les BEYEM. Le
possesseur de sorcellerie, vampire ou autre est un homme de
quatrième dimension et extra sensoriel désigné ONYMBA-NYMBA
ou MULOSSI(PUNU).C'est en somme un ensorcelleur dont la rai-
son d'être est de détruire l'esprit où l'âme de celui qui
doit être "tué" ou "mangé", expression consacrée pour désigner
l'acte de sorcellerie anthropophagie". L'acte de sorcellerie
anthropophagie est un acte par le biais duquel, on incorpore
au cours d'une sorte de "repas totémique", la chair et le
corps de l'autre. En écoutant les personnes au cours des con-
sultations publiques près des Nganga, celles-ci déclarent
souvent "je suis mangé" par telle ou telle personne de ma fa-
mille ou de mes relations.
C'est en fait pour matérialiser l'agression et
désigner l'agresseur qui parfois n'a pas de nom. La sorcelle-
rie anthropophagie ainsi établie, désignerait un acte de sorcellerie comme une agression et l'anthropophagie comme une dé-
sintégration de la cohérence du MUTU par le fait d'être
"mangé". C'est donc l'acte par lequel on désigne les "repas
nocturnes".
Suivant les traditions et croyances gabonaises,
l'âme est livrée en pâture aux "vampires" lors d'une réunion
d'êtres invisibles appelés NGWEL, DIKUNDU, par le biais du
phénomène OBOLA, KOWA Y'INYMBA, UPALE 0 DIKOLU(sortir en
vampire) pour perpétrer des actes de sorcellerie. C'est en fait
l'acte DIKOLU ou BULOSSI par lequel l'esprit va à la recherche
d'autres esprits qui symbolise l'acte de sorcellerie.
3. - Univers n°3 : C'est l'univers des génies et des hommes.
On l'appelle en général chez les Myénè AWIRONDJOGO, demeure
des IMBWIRI, qui sont les génies de la terre, des airs, et des
eaux. Tous ces génies sont doués de la seconde vue appelés
aussi OKOWE et présente les mêmes caractéristiques que EVUS
des FANG ou le DIKUNDU des PUNU ou encore l' iNYEMBA^es Myénè;
à la différence que 1'OKOWE n'est pas destructeur mais protec-
teur de la personne humaine. Le facteur OKOWE confère le don
de discrimination de perception des choses non sensibles
et invisibles à l'homme ordinaire. Certains hommes, notamment
les jumeaux(MAVASSE) sont sensibles à cet univers, de même
que les guérisseurs ou Nganga.
Il faut donc faire une distinction entre le
DIKUNDU nuisible et 1'OKOWE non nuisible et qui est capable
de percevoir les choses du monde supra-sensoriel.
4. - Univers n°4 : C'est l'univers des morts. Cet univers est
identifié par les Myénè comme l'ELONGA et par les PUNU comme
IBUNGU, demeure des morts. On dit souvent "GUENDE 0 IBUNGU"
chez les PUNU ouGUENDA GU'ELONGA" chez les Myénè, pour signi-
fier mourrir, ou va-t-en au pays des morts.Selon la croyance
générale des PUNU, le corps périssable et matériel est mis
en terre, alors que l'âme appelée aussi esprit s'en détache
et va rejoindre d'autres univers, en particulier celui des
"Dieux" ou des génies. Pour les PUNU comme pour les Myénè
l'âme s'en ira dans deux directions : soit dans celle des gé-
nies ou "AWANAGA", ou encore chez les Ancêtres anthropomor-
phisés. Cette âme va chez les BAISSI pour devenir MALUMBI
(mânes) ou Ancêtres tutélaires(MUGULU), ou s'en ira à l'uni-
vers des morts(IBUNGU) pour devenir esprit de mort(DITENGU).
D. - LES CROYANCES ET LES HOMMES
Toutes les populations du Gabon croient à la
métempsychose. Les morts ne sont pas éternellement morts du
fait de leur réincarnation possible dans un autre corps hu-
main, animal, végétal ou plus rarement astral, afin de conti-
nuer de vivre et de s'exprimera travers d'autres corps ; ce
qui explique souvent les possessions. C'est ce que l'on peut
observer lors des cérémonies initiatiques ou rituelles dans
les possessions ou plus particulièrement lors de la possession
d'un individu par MUGULU ou lors des "habitationsJJtemporaires
sous forme onirique.Jadis et cela se fait encore, on déposait
dans les tombeaux et sur les tombes, des objets de valeur
ayant appartenu au défunt, parce que disait-on la vie et
l'existence se continuaient dans un autre univers. Les rites
mortuaires dans le Gabon d'hier et d'aujourd'hui ont parfois
encore une odeur de sang, en cela qu'ils peuvent s'accompagner
de sacrifices humains. Un adage PUNU dit souvent que 1'"homme
est comme l'Okoumé(arbre géant qui entraine souvent dans sa
chute plusieurs autres arbres), qui ne tombe jamais seul",
pour justifier les sacrifices accompagnant certains morts ou
l'entretien ritualisé du culte des Ancêtres.
C'est de cet univers que se structurent, pour
les vivants, tous les problèmes de la vie quotidienne ; mala-
die, rêves, conflits latents ou manifestes avec les vivants,
le lignage et les Ancêtres.
De tout ces univers, celui qui nous intéresse
est bien entendu l'univers n°3, celui des humains. C'est
donc, l'homme en acte, la nature et le monde qui l'entourent
qui nous intéresse.
L'homme chez les PUNU du GABON est un ensemble
d'éléments différenciés qui tiennent tous ensemble pour cons-
tituer le corps qu'ils appellent DUGNURU. Les PUNU désignent
l'homme vivant MUTU, dérivé du terme Bantu Muntu. Deux composantes forment le MUTU : DUGNURU et DIGNUGNI(cf.p.179).
Après la mort, l'esprit DIGNUGNI se détache du corps
pour devenir MALUMBI(mânes) ou MUGULU(Ancêtre) ou encore
DITENGU(esprit de mort, fantôme, esprit errant), ce que les
Myénè nomment QNYAMBE. : Cet esprit de mort prend parfois des
formes humaines(voix, corps, etc...) pour constituer la trame
des visions des rêves. Il se matérialise aussi pour servir
un maitre, en général le responsable de sa mort. C'est une
forme d'esclavage dont parle ERIC DE ROSNY(l). Ici, on peut reconnaître la forme antillaise de la croyance dans le "ZOMBI"
sorte de mort vivant au service d'un tiers et complètement
dépossédé de volonté. Il arrive que le DITENGU(esprit de mort
maléfique) puisse se "rebeller" contre un maître trop coercitif. Le DITENGU procure à son maître les richesses matérielles
jusqu'au jour où celui-ci lassé ou satisfait, l'élimine par
des procédés de magie ou de sorcellerie ou l'échange avec un
autre maître, ou encore l'abandonne dans une autre région où
il erre sans entrave et perpètre des actes maléfiques aux-
quels seul le Nganga portera remède.
Entre temps, plusieurs personnes auront rencontré
ce "Zombi" en décrivant à des tiers qui reconnaîtront telle ou telle
personne morte depuis. A ce propos, toutes les rencontres sin-
gulières de ce genre peuplent les histoires des voyageurs et
sont non sans conséquences plus ou moins durables dans le comportement de ces derniers.
(1) DE ROSNY (E) : Les yeux de ma chèvre, edit.Plon.198l.
Source: Mamboundou Mounguegui Sebastien
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