Séraphin Moundounga, dans l’émission la grande interview, en réponse à la question d’un journaliste (oui il y a de bons journalistes à la RTG1, mais ils travaillent dans un goulag intellectuel) qui lui demandait ce que devenait le projet de construction des 3 universités promises à Port-Gentil, Oyem et Mouila, répondit laconiquement que son ministère cherchaient des bailleurs de fond pour financer ce projet et qu’ils étaient en discussion avec certains partenaires pour le financement, dont la Banque Islamique. Alors qu’Ali Bongo et ses courtisans dont Moundounga est les des plus zélés, crient à tue-tête que l’éducation fait partie des préoccupations essentielles de leur gouvernement et que c’est la priorité principale de leur émergence, comment comprendre qu’après 2 ans de pouvoir, Ali Bongo n’ait encore fait aucun investissement conséquent dans le sens de la construction de ces universités ? On parle et on crie, c’est facile a faire, mais quand on regarde sur le terrain, rien. Une priorité se manifeste par les efforts consentis afin de la faire aboutir. Alors qu’Ali Bongo n’hésite pas à commettre des dizaines de milliards pour se procurer des biens immobiliers non prioritaires, nous nous apercevons que le financement prévu pour des universités dont les poses de la première pierre datent de 2007, il y a 4 ans, n’était qu’un mirage, de la prestidigitation.
1. Les poses de première pierre, les maquettes, les paillettes, que du bluff !
Nous sommes allés rendre visite aux archives du magazine « L’Afrique », qui en 2007, publiait l’article suivant (lisez le bien pour comprendre tout le bluff dont on nous abreuve):
Le patriarche lance la construction de trois nouvelles universités spécialisées.
Lundi 14 janvier 2008 // L’Afrique
Après avoir sermonné ses ministres dont beaucoup sont considérés comme des paresseux notoires, le patriarche attend le moment qu’il s’est choisi pour nommer la nouvelle et très réduite équipe gouvernementale. Mais auparavant, il entend faire de la pédagogie, en montrant par ses faits et gestes ce qu’il attend des futurs heureux élus du cabinet Jean Eyéghé Ndong 3
Passé son ( très compréhensible) coup de gueule du 1er décembre 2007 qui lui a permis de taxer certains de ses ministre de « roitelets » et de promettre de réduire considérablement l’équipe gouvernementale en prenant soin d’y extraire les spécialistes de la « cleptocratie », le patriarche El Hadj Omar Bongo Ondimba a, trois semaines plus tard, revêtu le manteau du bâtisseur, pour lancer, lui-même, la construction de trois nouvelles universités dans le pays. Ces trois universités très spécialisées qui seront édifiées à Mouila, Oyem et Port Gentil, seront toutes opérationnelles dans trois ans, environ, soit quelque deux ans avant la présidentielle de décembre 2012, à laquelle le patriarche s’est d’ores et déjà porté candidat, très sûr de présenter un bilan (très) positif à ses électeurs.
Particulièrement conscient (ce qui est loin d’être le cas de plusieurs de ses ministres, d’où son coup de gueule) qu’en novembre 2005, jusqu’à 79.21% des Gabonais l’avaient élu, dès le premier tour, sur la base de son programme « Les actes pour le Gabon » dont la mise en œuvre doit se poursuivre jusqu’en 2012, il est on train de mettre les bouchées doubles pour (très vite) enrayer le retard (des ministres laxistes) accumulé pendant les deux précédentes années. C’est la raison pour laquelle, après la remise (très médiatisée) aux Chinois du permis minier sur Belinga par le gouvernement, lequel permet à la partie chinoise de démarrer, sans plus tarder, de manière effective les chantiers dès janvier 2008, le chef de l’Etat s’est immédiatement et personnellement attaqué à la question de l’enseignement supérieur qui lui tient particulièrement à coeur. Pendant la campagne, il avait annoncé la création des universités dans les provinces de la Ngounié. du Woleu Ntem et de l’Ogooué maritime. Après la pose de la première pierre cette fin de décembre sur les trois sites sélectionnés, ce sera chose faite dans trois ans, durée prévue pour réaliser les travaux.
C’est ainsi que l’université de Mouila, chef-lieu de la province de la Ngounié, dispensera des enseignements scientifiques, culturels, technologiques et professionnels. Cette riche et bouillante province qui a donné au Gabon des hommes politiques de premier plan comme le vice-président Didjob Divungi Di Ndinge et le ministre d’Etat au Transport Pierre-Claver Maganga Moussavou, pour ne citer que ceux-là, accueillera notamment l’institut supérieur des métiers de l’hôtellerie et du tourisme (ISMHT), l’institut supérieur des arts, des métiers et du patrimoine (ISAMP), l’Ecole d’architecture et d’urbanisme (EAU) ainsi que des laboratoires divers. Ces enseignements n’étant dispensés dans aucun des 15 pays membres de la CEEAC (Communauté économique des États de l’Afrique centrale.) L’Université de Mouila pourra rapidement s’octroyer un statut d’université de la sous-région. La création annoncée de l’ISMHT, par exemple, arrive à point nommé au regard des ambitions du Gabon dans le secteur touristique rappelons que plus de 10 % du territoire national de ce beau pays a été érigé en 13 parcs nationaux qui font de plus en plus le bonheur des amoureux du tourisme de la nature. Qui a dit que, parce qu’il a déjà mis quarante ans au pouvoir, le patriarche n’était plus le meilleur choix pour le Gabon ?
A Oyem dans la capitale du Woleu Ntem, province qui l’avait élu À 85%, soit 6% plus que la moyenne nationale, le patriarche a également décidé de mettre en place un établissement public d’enseignement supérieur scientifique, technologique, culturel et professionnel, doté de la personnalité juridique et de l’autonomie financière. Pour un coût de 3 milliards de f cfa (4,5 millions d’euros), cette université s’étendra sur un terrain de 70 hectares et comportera entre autres compartiments enrichissant, son imposante ossature, un Institut supérieur d’environnement et de biodiversité, un Institut national d’agronomie et de biotechnologie, un centre médical et un Institut des sciences alimentaires. Tout va être mis en oeuvre, dans cette structure, pour aider, scientifiquement, les Gabonais à devenir autosuffisants sur le plan alimentaire, et d’en exporter les surplus vers les pays voisins et au-delà. L’ambition est louable et les moyens mis en place pour que dans une demi décennie, le Gabon limite fortement ses importations de produits alimentaires. Cela dit, la question qu’on ne doit pas éluder est capitale : les Gabonais sauront ou pourront-ils répondre à ce choix stratégique de leur président en se montrant à la hauteur de son objectif ?
A Port Gentil, cité pétrolière par excellence, l’université qui s’y crée est logiquement axée sur l’activité du pétrole. Elle disposera de quatre instituts : l’institut de pétrole approfondie, l’institut de science et de gestion, le Centre de recherche de l’institut océanographique et l’Ecole supérieure de commerce. Les Européens ne prenaient pas les Africains du Centre au sérieux du fait qu’ils ne comptent aucune école de formation aux métiers du pétrole, alors qu’ils en sont de très grands producteurs depuis des années. Mieux vaut tard que jamais au lieu d’envoyer leurs ressortissants se former en Algérie, on Europe, en Russie ou en Amérique du Nord, les Angolais, les Camerounais, les Equato-Guinéens, les Congolais, les Tchadiens, bientôt, les SanToméens, les Centrafricains, et bien entendu, les Gabonais, pourront à moindre frais et bénéficiant de l’environnement local, suivre leur formation à Port Gentil. Grâce au patriarche Ondimba qui a le grand mérite d’y avoir pensé. Tout simplement.
Dans trois ans, quand elles auront été construites et rendues au public, ces trois universités viendront s’ajouter aux trois universités déjà existantes ; l’Université Omar Bongo de Libreville (UOB). l’université des sciences et de la santé (USS) et l’université des sciences techniques de Masuku (USTM) à Franceville dans la province du Haut Ogooué. Sans faire de publicité, le Gabon disposera, alors, du meilleur taux de couverture universitaire par habitant en Afrique et de l’un des meilleurs taux au monde une université pour moins de 220.000 habitants. Qui dit mieux ?
De ce texte, nous apprenons que ces universités devaient toutes être livrées des 2010 et que celle d’Oyem ne devait couter que 3 milliards, des peccadilles quand on considère que c’est le même montant qu’Ali Bongo vient d’engloutir en achetant la résidence Kennedy a Washington. Mais au jour d’aujourd’hui, aucune de ces universités n’est en travaux, un an après leur délais de livraison initial.
2. Moundounga dit « y a pas d’argent ! » Mais de qui se moque t-on ?
Il y a près d’un an, en Octobre 2010, le communique suivant était publie par plusieurs agences de presse :
Formation : La BAD débloque 25,2 milliards FCFA pour les universités
14/10/2010
La Banque africaine de développement (BAD) vient de débloquer 25,2 milliards de francs CFA pour la construction des universités de Mouila et Oyem.
Dans le cadre du processus de décentralisation et de renforcement des capacités de formation annoncé le 4 mars dernier à Port-Gentil par le chef de l’Etat, la BAD vient d’approuver un prêt de 25,2 milliards de francs CFA pour le projet de construction des universités de Mouila (Sud) et Oyem (Nord). «Nous avons reçu un financement de la BAD d’une valeur de 12,6 milliards de francs CFA pour chaque établissement», a salué le ministre de l’Enseignement supérieur, Séraphin Moundounga. Conformément aux recommandations des Etats généraux de l’éducation, le gouvernement prévoit «à partir du budget 2011 (…) la mise en œuvre étalée sur une durée de 10 ans» du programme d’investissement et d’équipement sur ces projets. «Si chaque année nous parvenons à réaliser quelques bâtisses, nous pouvons être sûrs qu’au bout de trois ans, nous arriverons à atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés», a poursuivi le ministre. Ce financement de la BAD s’inscrit dans le cadre du projet "Education 4", d’un montant de 81,5 milliards de francs CFA, dont 51% de l’enveloppe sont affectés à la construction des universités d’Oyem et Mouila et 49% à l’édification et la réhabilitation des lycées.
Nous remarquons qu’initialement prévu pour coûter 3 milliards, cet article nous dit que Moundounga a obtenu 25 milliards de la BAD et que chacune des universités d’Oyem et de Mouila devait se voir allouées des parts égales de moitiés de 12 milliards. Comment expliquer qu’en Aout 2011, Moundounga dise être encore à la recherche du financement ? Lui qui disait en Octobre 2010 qu’avec l’injection du financement de la BAD, ces universités seraient achevées dans un délais de 3 ans, c'est-à-dire en 2013. Où en sommes-nous aujourd’hui ? Sur le terrain, RIEN ! C’est cela le bluff dit de « l’émergence ». Le pouvoir fait croire qu’il investi dans le secteur de l’éducation, des prêts sont même négociés, mais nous soupçonnons que cet argent soit utilisé à autre chose. Quand on dit que la BAD a débloqué 25 milliards pour des ouvrages dont le premier devis ne réclamait que 3 milliards pour l’une des universités, et qu’on dise un an plus tard qu’il n’y a pas d’argent, vous conviendrez avec nous que cela mérite explication. Dire que ce sont ces gens qui nous promettent l’émergence ! Quel Malheur!
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