I.-TYPOLOGIE ANALYTIQUE, CONTEXTES D'UTILISATION ET FONCTIONS DES MOYENS DE COMMUNICATION TRADITIONNELS
30 Stanley cité par S.Bemba, « Variations sur l'éducation sentimentale de deux peuples ou la naissance du discours amoureux dans la vie quotidienne chanté au Congo-Zaïre »,Itinéraires et contacts des cultures, vol.8, Paris, L'harmattan, 1988, p.41.
31 M.Mauss cité par Sylvain Bemba ibid., p.42.
32 R. Bouesso-Samba (37 ans), Entretiens sur les fonctions des instruments de musique et de communication dans le département du Pool, village Mababa, 5/06/2004 (sources orales n°3).
L'essentiel des moyens de communication ou instruments de musique recensés sont regroupés en quatre familles (les membranophones, les idiophones, les aérophones et les cordophones). A celles-ci, nous avons ajouté une cinquième, basée sur les symbolismes << spécifiques > à l'espace culturel koongo et sur les organes biologiques des acteurs Kongo.
A°).-TYPOLOGIE ANALYTIQUE DES MOYENS DE COMMUNICATION TRADITIONNELS
1.- Les membranophones ou tambours ou lithophones
Dans son célèbre roman intitulé << Batouala > René Maran, écrivait :
Parmi tous les modes ancestraux de la communication, le tam-tam est celui
qui préfigure le mieux la presse, parce que les messages qu 'il transmet se propagent directement dans plusieurs directions. Il informe sur tous les événements, petits ou grands, dans la communauté, exprime ses joies et ses peines, rompt la monotonie de la vie quotidienne 33.
Les membranophones ou tambours sont probablement les outils de télécommunication les plus célèbres dans le Pool, mais moins connus quant à la contextualité de leur langage et aux fonctions de communication qu'ils remplissent. Nous avons remarqué qu'il existe deux types de tambours : les tambours à membranes et les tambours à fentes ou tambours de bois. Ils sont, soit portatifs, soit fixes. Et, en fonction de la puissance sonore de ces membranophones, nous les classons en cinq catégories: le
33 R. Maran, Batouala, 1921, cité par B . Voyenne, ibid., p.38.
grand tambour (nguri ngoma), le tambour mâle, le tambour femelle et les deux petits tambours (bala ba ngoma). Ce département dispose d'une variété de tambours aux formes et dimensions variables. Il existe plusieurs types de tambours qui sont fabriqués, pour la plupart, à base du ricinodendron africanum, chlorophora exelsa
34 ou mungo ngoma troué:
1.1.- Le tambour à membranes, ngoma35:
Le tambour, ngoma, est fabriqué à partir d'un tronc d'arbre évidé. Il a l'une des deux extrémités qui est recouverte d'une peau tendue qui sert à la communication, à la transmission des messages et, l'autre, de support. Il peut-être sculpté ou non. Cet instrument est joué pour
diverses raisons : annoncer un événement heureux ou malheureux (naissances, mariages, décès, arrivée d'une autorité politique, administrative ou militaire, etc). Ces tambours sont des instruments sacrés et leur fabrication doit se conclure par une bénédiction36 pour en assurer la qualité sonore. Dans les localités de Kimbédi, M. Jacques Mouhouelo notre informateur, nous avait confié ce que:
Typologie analytique | Français - Kongo | ||||
Membranophones, tambours ou lithophones : | Tambour à membranes- ngoma Tambour sur pieds- petenge Tambour à friction - mkwiti Tambour à fentes - mukonzi | ||||
Idiophones : | Idiophones à percussion | Cloche - ngongi | |||
Idiophones par secouement | Castagnette - kitsatsa Maracasse - nsakala Hochet - dibu | ||||
Idiophones par raclement | mukwaka | ||||
Idiophones par pincement | Piano à pouces - sanza, Guitare koongo - nsambi, | ||||
Aérophones ou instruments à vent et à air : | Trompe traversière en ivoire ou en corne - mpûngi | ||||
Sifflet - Kiluelue, nsiba | |||||
Fusil de chasse -Finkila | |||||
Cordophone | Nsambi-nsambi | ||||
Autres moyens : | Vecteurs artificiels | Signes- bidimbu (bibila, kibila) Marques - masuku Noeuds - makolo Roseau - diadia Palmes - mandala | |||
Vecteurs humains | Voix-zû Battements des mains - nsaki Appaludissements - milolo Sifflets - kiluelue |
B°).- CONTEXTES D'UTILISATION DES MOYENS DE COMMUNICATION TRADITIONNELS
On a souvent souligné, dans la littérature ethnologique et ethnomusicologique, qu'en Afrique :
L 'emploi de chaque instrument de musique est généralement déterminé par la société. Les occasions dans lesquelles un instrument est utilisé, aussi bien que les catégories des musiciens qui en jouent, sont fixées avec précision. Tel instrument est utilisé pour telle circonstance et non pas pour telle autre, et ne peut-être joué que par tel musicien qui remplit les conditions nécessaires et non pas un autre.67
De ce point de vue, que peut-on dire des contextes d'utilisation des moyens de communication dans l'espace culturel koongo ?
67 H.Zemp, « Comment devient-on musicien : quatre exemples de l'ouest Africain » La musique dans la vie t.1 : l'Afrique, ses prolongements, ses voisins, Paris, Office de Coopération Radiophonique, 1967, p.79.
En parlant des instruments de musique dans la société Kongo, le sociologue français Georges Balandier écrit :
Les chefs de guerre stimulent l 'ardeur des soldats et transmettent leurs ordres à l 'aide des signaux sonores. Ce code requiert l 'emploi de trois sortes
d 'instruments, d 'émetteurs : le tambour (ngoma), taillé dans le tronc d 'un ricinodendron africanun, à peau unique battue au moyen des petits maillets
d 'ivoire, la cloche sans battants nommée ngongé, frappée à l 'aide des verges de bois; enfin la trompe en ivoire (mpûngi) qui, d 'après Pigafetta, donne une musique martiale, pleine d'harmonie, allègre.68
L'ensemble des moyens de communication traditionnels est utilisé au cours de circonstances et des contextes les plus diverses de la vie individuelle ou collective.
Ainsi, les circonstances qui nécessitent l'utilisation des moyens de communication sont multiples. Il s'agit des occasions comme:
1. -Louanges et exaltations
Suite à une naissance, à une réussite à un diplôme69 ou à une toute autre prouesse, les membres de la famille manifestent leur joie en battant ou en faisant battre le tambour d'exaltation et de louange. Les paroles sont simples et montrent la grandeur de l'Etre suprême (nzambi a m'pungu). La preuve du contexte d'utilisation de ce moyen est, sans nul doute,
68 G. Balandier, La Vie quotidienne au royaume de kongo : du XVIè au XVIIIè siècle, Paris, Hachette, 1965, p.118.
69 Le succès au Certificat d'Etudes Indigènes, par exemple considéré, jusqu'en 1950, comme étant le diplôme le plus élevé de l'enseignement colonial, conférait au lauréat une ascension, une réussite sociale et un respect parmi les autres membres de la famille. Il représentait une fierté pour la communauté toute entière et servait d'émule voire de référence aux benjamins.
l'introduction de tambour à friction (nkuiti) dans la célébration des messes chez les protestants et les catholiques.
2.- Joies, rencontres, adieux
Les mêmes moyens de communication sont utilisés pour inviter les membres d'une même famille, habitant dans des lieux éloignés les uns des autres, à participer aux cérémonies de réjouissance marquant un événement heureux (mariage, naissance,...). Après une rencontre, les familles rassemblées, qui désirent rentrer chez elles, se servent d'un de ces moyens de communication. De même, les gens qui habitent le même village arrivent en groupe lors des manifestations religieuses, nkutakanu, ou s'ils veulent aussi rentrer en groupe, on convoque tout le monde au rassemblement de départ en jouant soit le tambour à fentes soit la cloche ou la corne.
3.- Réunions, visites officielles
Chez les Haangala, avant tout départ à une partie de chasse (mbingu), des chasseurs, le rassemblement est précédé par un ou des sons de cornes. Les visites officielles ne sont pas non plus à négliger. L'histoire sociopolitique du royaume koongo révèle que cette entité socioculturelle fut l'une des plus mouvementée de la République du Congo. En effet, de nombreux habitants de certains villages qui n'ont jamais payé l'impôt : c'est la célèbre et fraîche histoire des « trois francs », (m'falanga tatu), des
habitants qui n'ont jamais été recensé: cas des Matsouanistes70 ou des hommes valides hostiles à se faire enrôler dans les travaux de construction du chemin fer Congo-Océan (C.F.C.O.).
De ce fait, par relais de ces moyens de communication, ils suivaient, de près, le mouvement des recenseurs ou des percepteurs, et sachant ainsi à peu près le jour oü ceux arriveraient, ils prenaient la fuite et se cachaient dans la brousse jusqu'à ce que les envoyés de l'Etat, découragés, retournent en ville.
L'arrivée d'un étranger (nzenza) était annoncée de loin. L'étranger qu'on savait pacifique était attendu avec honneur et allégresse ; tandis que le << méchant » trouvait le village vide, désert, abandonné par ses habitants. Aussi, quand un chef de clan ou de village décide t-il, pour une raison ou une autre, d'aller rendre visite à un collègue, chef de clan voisin, ce dernier est averti par le visiteur en usant un des moyens de communication cidessus mentionné.
4.- Révoltes, revendications et affirmation identitaire
En Afrique noire, les évènements politiques et militaires à travers le monde (la Deuxième guerre Mondiale, la défaite de l'armée française en Indochine à Dien Bien Phu en 1954, la conférence de Bandoeng en avril 1955, etc.) constituent les occasions propices à la prise de conscience des peuples opprimés sur << l'infaillibilité » de l'occupant colonial. Aussi, vont-
70 Matsouanistes : Adeptes et fidèles aux croyances de A.G. Matsoua.
ils vouloir, de l'oppresseur, plus de liberté et d'autonomie qu'autre fois. Ainsi, les moyens de communications traditionnels sont utilisés pour préparer, coordonner et organiser les résistances. C'est au moyen de la corne, du tambour à fentes ou de la cloche que les manifestants sont invités au rassemblement. Sans ces instruments, certainement que les mouvements de résistance de Tchimpa-Vita, de André G. Matsoua ou de Mabiala Ma Nganga, dans le Pool, n'auraient pas connu de succès éclatants.
5.- Secours à une personne égarée
Dès qu'une absence anormale est constatée dans un des villages de l'espace koongo ou dans le département du Pool, qu'il s'agisse d'une femme, partit au champ, d'un enfant ou de n'importe quel membre de la communauté, les appels sont lancés pour une double raison : d'une part tout le monde doit savoir qu'il y a disparition et qu'on est invité à participer aux recherches ; d'autre part, si la personne recherchée est tout simplement égarée dans la brousse. Elle peut s'orienter en suivant les sons émis par les moyens de communication traditionnels utilisés.
6.- Appels à la bravoure
Lorsqu'un village est attaqué ou assiégé par une autre tribu, une épidémie ou une pandémie le décime, le chef du village (mfumu gâta) invite à la vigilance ses guerriers, invite les habitants à la bravoure face au fléau. Il peut aussi inviter les habitants à apporter leur secours à tout
infortuné terrassé par une maladie ou qui voit sa maison ravagée par un incendie. Etant donné que la localité de Kingoyi au Bas-Zaïre a été, est et demeure, dans l'espace koongo, le centre de soins de santé primaires de référence, les malades se faisaient transporter en tipoyes. Ce voyage était précédé par des sons de gong ou des roulements de tambours à fentes qui servaient à inviter les hommes à apporter leur force physique au malade.
7.- Décès, veillées funèbres
Les tambours à membrane, les cloches sont les principaux moyens de communication utilisés pour annoncer les évènements malheureux : la mort. Lors des veillées funèbres ou des funérailles, ces outils servent à animer les soirées de deuil et à accompagner le mort au cimetière.
Les contextes ou les circonstances d'utilisation des moyens de communication traditionnels sont multiples et variées. Elles dépendent de l'espace, du temps, de la nature ou du type de message à transmette, d'une part et, de la virtuosité ou des aptitudes des émetteurs << consacrés > à répandre les messages, d'autre part.
Aussi, la communauté koongo disposerait-elle des acteurs << investis > et << dotés > de certains pouvoirs qui leur confèrent un rôle hors de commun dans la transmission et la mise en commun des messages ?
Détiendraient-ils la << magie > de ces moyens de communication traditionnels ? Connaîtraient-ils les rythmiques et les circonstances
d'utilisation ? Mais au regard de ces contextes ou circonstances, quelles fonctions ces moyens de communication remplissent-ils ?
C°).-FONCTIONS DES MOYENS DE COMMUNICATION TRAIDTIONNELS EN ZONE RURALE DANS L'ESPACE CULTUREL KOONGO
1.-Fonctions politiques, administratives et militaires
Dans la majeure partie des villages du département du Pool, l'arrivée d'une autorité politique, administrative ou militaire (chef de canton, chef de terre, chef de la gendarmerie) s'effectue au moyen d'un tambour à fentes, mukondzi, d'une cloche, ngongi, ou d'une corne traversière, mpûngi. Ils sont les principaux moyens de communication usités pour répandre et amplifier, plus que la voix humaine, les messages. Ainsi, en quelques heures, les populations convoquées se retrouvent à la place publique : au mbongi, où ils prennent connaissance du mobile du rassemblement.
2.- Fonctions juridiques
La justice est rendue sous l'arbre à palabres, la case communautaire que les Kongo désignent sous le nom de << mbongi >. Le procès s'y déroule, généralement, les jours de repos : le dimanche71.
Mais en tenant compte de la gravité ou de l'urgence du différend, la justice peut, exceptionnellement, être rendue les jours ordinaires. L'assistance est y conviée au moyen du tambour à fentes, mukondzi, que l'on joue à intervalles réguliers. Ainsi, ce tambour représente << le téléphone chez les indigènes de l'Afrique centrale >, dont:
Le code de transmission (...) comporte des sentences conventionnelles. Ces sentences prennent souvent la forme d 'un proverbe, expression de l 'esprit et de
l 'expérience populaire72, écrit Verbreken.
Les appels font l'objet d'une rythmique particulière que seuls les initiés sont capables de décrypter. Au moment du jugement, le chef du village ou le président du tribunal traditionnel, disposant d'un signe distinctif, se fait assister de conseillers : il est muni soit d'un balai qu'il agite lors des débats, soit d'un gong.
3.- Fonctions socioculturelles
En Afrique, comme dans l'espace culturel koongo, on ne saurait dissocier l'homme de son instrument de musique. Cet instrument lui permet de manifester sa joie. Suite à une naissance ou à une réussite
71 Le dimanche en dialectes kongo veut dire lumingu ou mpika et ontsara ou nkwue mbali en téké.
72 Verbreken A, « Le tambour téléphone chez les indigènes de l'Afrique centrale », Congo, fasc.1, 1920, pp.253-284. cité par V.Görög, Littérature orale d'Afrique Noire : bibliographie analytique, Paris, Maisonneuve Larose, 1981, p.321.
considérée comme bienfait pour la communauté, les membres manifestent en jouant au tam-tam. Il est davantage utilisé lors des soirées récréatives: le jeu koongo, est un exemple typique de la contextualité de ces instruments de musique ou de ces moyens de communication. Tout au long de ce jeu, les roulements de tambours se font entendre, et les habitants des villages avoisinants, peuvent venir se mêler à la fête. Le sage, voire le griot, ne peut s'empêcher d'utiliser les battements des mains lors qu'il raconte ses histoires à son auditoire. Par intermèdes, ces battements ne seraient-ils pas à la littérature orale ce que la ponctuation est à la littérature écrite ?
Qu'il s'agisse des moments de rencontres ou des moments de séparations, ces instruments rythment les conversations. La berceuse, la mère, de son côté, tout en chantant, calme les pleurs de son enfant.
4.- Fonctions mystiques et religieuses
Lors des séances de divination, certains instruments de musique ou de communication sont utilisés. C'est le cas du hochet, dibu, des castagnettes qui, une fois chargés, aident le magicien à faire ses incantations, à invoquer les esprits. Dans certains villages du Pool, le passage des esprits ou des génies est signalé par un initié qui demande aux néophytes de ne pas s'aventurer, la nuit, hors de leurs cases. Le passage de ces êtres étranges à souvent lieu pendant la nuit. Deux signaux sont, alors, émis : l'un avant le passage, et l'autre, après.
Ainsi, tout récalcitrant qui ne respecterait cette disposition court le risque d'être emporté par ceux-ci voire d'en mourir. Après leur passage, les non-initiés peuvent contempler les empreintes laissées sur le sol. Le bruit qu'ils émettent, à leur passage, rappelle celui produit par les hochets, les clochettes ou les castagnettes. Par ailleurs, on peut retarder la tombée d'une pluie ou faire qu'elle ne tombe pas du tout en implantant dans le sol une corne chargée des fétiches et prononcer des paroles consacrées au rite.
5.- Les autres fonctions
5.1.- Fonctions de renseignement, de documentation et de musée
Les moyens de communications jouent le rôle de renseignement, de musée et de documentation dans l'espace culturel koongo. En effet, un certain nombre d'instruments de musique ou de moyens de communication : les peaux d'animaux, les cornes, les fusils de chasse, servent de preuve. Recyclés, ces objets symbolisent les trophées de chasse qui sont présents sur les murs des maisons. Ils rappellent non seulement d'innombrables souvenirs aux chasseurs, mais surtout renseignent l'individu, le curieux sur la réputation, la notoriété de ces derniers. Enfin de compte, ils peuvent aussi servir d'appui aux communications d'ordre ou de protée anthropologique et sociologique.
5.2.- Fonctions de transmission de l'information
Alerter, mettre à la disposition des diverses populations des nouvelles et des informations est l'une des fonctions de ces moyens traditionnels de communication. Quand il s'agit d'informer les habitants des villages environnants sur les cas de décès, de naissance, sur de longues, moyennes et courtes distances, ces moyens sont utilisés.
Pour ce faire, le tambour à fentes (mukondzi), est l'instrument par excellence servant à la transmission des messages sur de longues distances. Certains habitants s'en sont servis pour alerter les populations, se trouvant dans la brousse, de l'arrivée du percepteur d'impôts ou du recruteur de l'armée coloniale pour y demeurer jusqu'au retour du trouble fête ou du casse-pieds en ville. N'a t-il pas l'objet d'interdiction d'usage dans certaines localités ?
Par ce moyen les Kongo du Pool, à l'image des Luba-Shaba, avaient certainement réussi à dérouter les Français arrivés au Congo parce qu'ils ne comprenaient pas le langage tambouriné et, lorsqu'ils comprirent enfin le rôle du tambour, ils en interdirent l'utilisation. Parlant de ce moyen de communication chez les Luba-Shaba, Charles Mahauden, écrit :
Avant l 'indépendance, l 'emploi de cet instrument avait été défendu par ce qu 'il permettait aux habitants d'être avertis de l 'arrivée de l 'un ou l 'autre indésirable et de prendre la fuite en brousse, avec armes et bagages jusqu 'à ce
5.- CONCLUSION
Au terme de cette étude, il sied de relever l'extrême diversité et variété des outils qui ont permis la mise en commun des messages entre les populations dans le département du Pool. Il s'agit des outils qui sont, à la fois, des vecteurs artificiels et humains, sans lesquels le processus de communication ne saurait avoir droit de cité.
Nous avons recensé plus d'une vingtaine de moyens de communication. En suivant la classification de Cavazzi, nous les avons regroupés en quatre grandes familles (membranophones, idiophones, aérophones et cordophones). A ces familles, nous avons ajouté une cinquième : basée sur une symbolique spécifique à l'espace culturel koongo. Ces moyens ont, au départ, servi à la musique, ensuite, à la communication sur de longues, courtes et moyennes distances. C'est un ensemble de moyens de communication et de télécommunication d'essence animale, minérale ou végétale qui ont permis de transmettre les messages d'un émetteur vers un autre, d'un groupe d'individus à un autre par le jeu d'une complicité sans faille, voire inébranlable.
Ainsi, lors des soirées récréatives, l'usage de ces moyens de
communication est loin de participer à l'éclosion des groupes et ensembles
traditionnels, des groupes folkloriques. Ceux-ci reculent devant la percée
fulgurante de ces instruments «importés», d'Europe et d'ailleurs.
Cependant, engouement des Kongo pour les nouveaux moyens de
communication ne se justifie t-il pas par le fait que les techniques actuelles
réduisent les moyens de communication traditionnels à un niveau de communicabilité relativement plus modeste et par la modification de la structure mentale des acteurs sociaux de la communication ?
Ainsi, les magnétophones, les électrophones, les mégaphones, les radiocassettes, permettant de mieux amplifier la voie humaine, sont à l'origine, à la fois, du recul et de la disparition de la fonction vitale des moyens de communication traditionnels. Mais, depuis le début des années 1970, la fonction vitale de véhicule des messages, des nouvelles entre les communautés, par ce moyen, est en butte aux assauts de l'urbanisation du milieu rural, d'une part, et d'autre part, à l'avènement et à l'utilisation des moyens modernes. En zone rurale, la fonction sociale de la radiodiffusion, ce « tam-tam d'Afrique » est sans commune mesure. Les ruraux se séparent rarement d'elle surtout au moment d'écouter les communiqués nécrologiques ou les communiqués divers diffusés sur les antennes de la radiodiffusion nationale congolaise.
Par ailleurs, la disparition des acteurs sociaux et avec eux les moyens typiques de communication comme les tambours à fentes conduisent au déclin de ces valeurs culturelles. De nos jours, ils ne sont plus fabriqués au moyen des troncs d'arbre, mais plutôt à l'aide des tonnelets. La paresse, le rejet des moyens de communication traditionnels et la facilité ont fini par gagner les fabricants des tambours à telle enseigne que sur les vingt (22) spécialistes que comptait, en 1970, la localité de Kimbédi, il n'en reste plus que deux (02). Ceux-ci s'adonnent encore à
coeur joie à cette activité. Le tambour en bois, mukonzi, des années 1960, est aujourd'hui miniaturisé (lokolé) et portatif. Il est fabriqué à base des quartiers de bambou de Chine que les évangélistes utilisent et manipulent avec aisance lors des différentes messes.
Tous ces facteurs constituent de sérieux obstacles à la survie des moyens de communication traditionnels dans l'espace culturel koongo. Mais, si de 1959 à 1970, Victor Malanda74 qui oeuvrait à « libérer les esprits apeurés par le kindokisme et à assainir les moeurs de la société congolaise» et se proclamant protecteur efficace de ses compatriotes contre les sorciers, fort de cet expérience, ne peut-on pas envisager de sauver ces moyens de communication en perte de vitesse par la mise en place, à court, moyen ou long terme, d'un Centre de Recherches pour la Conservation et la Restauration des Moyens de Communication Traditionnels (C.R.C.R.M.C.T.)?
Ne peut-on pas, dans le même ordre d'idées, procéder à la domestication de ces espèces animales, végétales et aquatiques qui constituent, sans aucun doute, les matières premières de nos moyens de communication traditionnels ?
Ne pouvons-nous pas, non plus, sauver la fonction musicale que remplissent, encore, ces instruments ? Le théâtre, expression de la vie quotidienne, peut-il récupérer à son compte ces moyens pour éviter qu'ils
74 V. Malanda : Est plus connu sous le nom de Croix-Koma, Martial Sinda, Le messianisme congolais et ses incidences politiques, Paris, Payot, 1972, p.361., Coll. Bibliothèque.
ne soient rangés dans le musée de l'histoire anthropologique et socioculturelle ?
A des fins de recherches, les Occidentaux avaient procédé à la synthétisation des sons émis par les instruments de musique et de moyens de communication en voie de disparition, ce cas d'espèce ne peut servir de source d'inspiration?
Mais, tenant compte du fait que l'espace culturel koongo ne se limite pas au seul département du Pool, quelle analyse peut-on faire des moyens de communication traditionnels dans les départements de la Bouenza, de la Lékoumou et du Niari ?
En définitive, la fonction de communication d'antan des moyens de communication traditionnels (mukonzi, ngongi, mpûngi...) est-elle aujourd'hui devenue plus que modeste. Les technologies actuelles des moyens de communication traditionnelles, dans une société en pleine mutation, n'expliquent -elles pas le rejet ?
6. BIBLIOGRAPHIE ANaLYTIQUE 6.1. -SOURCES ORALES
n° 1 .- MIABETO Auguste (65 ans), Entretiens sur la typologie des instruments de musique et des moyens de communication traditionnels au Congo, 2/04/2004 , Brazzaville.
n°2.- MOUHOUELO Jacques (71 ans), Entretiens sur les moyens de communications traditionnels dans le département du Pool, 9/05/2004, village Kimbédi.
n°3.- BOUESSO-SAMBA Romain (37 ans), Entretiens sur les fonctions des instruments de musique et des moyens de communication traditionnels dans le département du Pool, 5/06/2004, Village Mababa.
n°4. - FOUANI Antoine (67 ans) du village Bissinza-Linzolo, NSANGOU Albert-Sédard (55 ans) du village Yangi-Kinkala et MANKOU KIBAMBA (62 ans) du village Kolo-Mouyondzi, Entretiens sur les fonctions des moyens de communication traditionnels au Congo, 19/06/2004, Brazzaville.
n°5.- NIAKOUNOU Raymond (57 ans), Entretiens sur les fonctions des moyens de communication traditionnels dans le département du Pool., 19/06/2004, Brazzaville.
n°6.- BILEKO-MAYOUKOU (né vers 1937), Les bizonzolo dans le département du Pool avant et après l'indépendance du Congo, 2 1/06/2004, Village Matsoula, district de Mbanza-Ndounga.
6.2. -PERIODIQUES
1.- ANSART Pierre, << Les utopies de la communication >, Cahiers internationaux de sociologie, Vol. CXII, janvier- juin 2004, p.17-43.
Comment caractériser les utopies de la communication ? Pour répondre à cette question, l'auteur se propose de retracer les thèmes fondamentaux des utopies d'autrefois, de Platon à Fournier et de les confronter aux thèmes contemporains. La mise en relief de l'étendue des fausses similitudes est, pour notre étude, la portée scientifique de cet article.
2.- BEMBA Sylvain, << Variations sur l'éducation sentimentale de deux peuples ou la naissance du discours amoureux dans la vie quotidienne chantée au Congo-Zaïre >, Itinéraires et contacts des cultures, vol.8, Paris, L'harmattan, 1988, pp.39-58.
Dans cet article l'auteur décortique quelques chansons des musiciens de Brazzaville et de Kinshasa. Le thème principal de ces chansons est celui de la femme. Et, son intérêt est qu'il nous a révélé la fonction et la place qu'occupent la chanson, la danse et la musique dans les sociétés d'Afrique Noire avant, pendant et après les indépendances.
3.- BOGNIAHO Ascension, << A la découverte de la chanson populaire du Bénin >, Itinéraires et contacts des cultures, vol.8, Paris, L'harmattan, 1988, pp.81-88.
L'auteur analyse la place qu'occupe la chanson dans la vie quotidienne des Béninois. L'intérêt de cet article est qu'il présente l'apport de ces instruments musique dans le processus de communication en Afrique de l'ouest, susceptibles d'être appliqués aux contextes du Pool.
4.- CHENEVIEVE Guillaume, << Tribune de Genève : sommet mondial de la société de l'information>,
[http :// www.tdg.ch/accueil/imprimer-envoyer/index.php ? PageID=6239&print=0&art... ], (14/05/2004), 3 p.
Ce sommet est un cadre idéal de réflexion pour les responsables des radios, de télévisions (publiques et privées) sur leur rôle dans la société de l'information, sur l'impact des nouvelles technologies et sur les activités de diffuseur. L'intérêt de cet article est qu'il nous a permis de comprendre que face à la montée en puissance des nouveaux médias, survivent, les moyens traditionnels.
5.- FAÏK-NZUJI Clémentine, <<La voix du cyòndo le soir à travers la savane : le langage tambouriné chez les Luba>, Recherche, Pédagogie et Culture, n°29-30, vol.5, mai-août 1977, pp.19-25.
L'auteur présente le cyòndo comme instrument de communication utilisé chez les Luba-Shaba de la République démocratique du Congo (ex Zaïre). Définissant le cadre géographique, elle décrit les fonctions que remplit cet instrument. Cet article nous a permis de comprendre les circonstances et les contextes d'utilisation de ce moyen de communication traditionnelle chez les Luba-Shaba.
6.- FATOYINBO Akin, << Les médias en Afrique », Lettre d'Information, vol.11, n°2, [ http://www.adeanet.org/news/vol1 1N02/fr-6html], (27/07/2004), 7 p.
L'auteur décrit les changements intervenus dans le paysage médiatique Africain. Ils sont marqués par l'essor de la radiodiffusion qui est en passe de supplanter les médias traditionnels. L'intérêt de cet article est qu'il s'inscrit dans le droit fil des types, contextes et des fonctions de moyens de communication en usage dans l'espace culturel koongo.
7.-KERSALE Patrick, << Préhistoire des télécommunications », [http ://www. abm/récit/récitkersal.html], (24/04/2004), 5 p.
Dans cet article, Patrice Kersale passe en revue les diverses formes de transmission des messages imaginés, en Afrique centrale, par l'homme. L'évolution des techniques de communication est l'aspect qui a le plus retenu notre attention.
8.- MCGAFFEY Wyatt (2002), << Notes d'ethnographie sur les instruments musicaux du kongo : arts africains », [http :// www.findearticles .com/cf-dls/m043 8/... .], (24/04/2004), 9 p.
Le texte de base sur les instruments musicaux des kongo est la thèse de Bertil Soderberg (1956). Le présent essai complète les sources avec les notes tirées des textes originaux en kikongo dans lesquels l'auteur décrit ces instruments. Mais, l'originalité de cet article est qu'il fait état des moyens de communication ou instruments de musique utilisés avec les fétiches par les Kongo.
9.- NKOUNKOU Raymond, <<Qu'est ce que le mbongi ?», Liaison, n°13, juillet 1951, pp.21-22 .
Dans cet article, l'auteur propose une définition du concept mbongi. L'intérêt de cet article réside dans la place qu'occupe cette entité culturelle dans le processus de transmission et de conservation des valeurs culturelles en République du Congo, en général, et dans l'espace Koongo, en particulier.
10.- REMONDINO Dominique, <<Sifflets tschokwe instruments de message, objets de prestiges », Art Tribal, n°02, avril-mai-juin 2003, pp.100-1 12.
L'auteur présente les différents sifflets en usage dans l'espace culturel koongo. Pour notre étude, les fonctions et les contextes d'utilisation de ces instruments ont été d'un apport indéniable.
11.- TINE Alioun, « Tradition orale comme modèle de communication », Annales de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Dakar , n°1, 1984, pp 173-190.
L'objet de la présente étude est d'attirer l'attention sur un aspect fondamental de la tradition orale. Il s'agit de l'oralité comme modèle d'interaction sociale. Etant un domaine encore peu exploré, l'ambition se limite à un travail de balisage, par conséquent, de traçage des grands axes d'un programme de recherche. Cet article nous a permis de comprendre l'intérêt des sources orales dans le cadre d'un travail de recherche.
6.3.- Monographies et ouvrages de référence
1.- BALANDIER Georges, La vie quotidienne au royaume kongo : du XVè au XVIIIè siècle, Paris, Hachette, 1965, 286 p.
Balandier décrit le type d'organisation sociopolitique, administratif et culturel des peuples du royaume kongo. Ce livre nous a édifié sur la portée socioculturelle des moyens de communication traditionnels, d'autre fois, du royaume kongo.
2.- BATICLE Y-R, Message, média, communication de Lescaux à l'ordinateur, Paris, Ed. Magnard, 1973, 220 p., Coll Information- Communication.
Ce livre traite des balbutiements de l'ordinateur dans le processus du traitement et de diffusion de l'information. Pour notre étude, la définition du concept communication a été l'aspect captivant.
3.- BATSIKAMA Bâ MAMPUYA ma NDÂWLA, Raphael, L 'Ancien royaume du kongo et les Bakongo : Ndona Béatrice et voici les jagas : séquences d'histoire populaire, Paris, L'harmattan, 1999, 320 p.
Dans les cultures africaines, assurer la continuité des générations, renouer les liens entre les vivants et les morts, est une tradition vivace, notamment chez les Bakongo. Une vulgarisation des épisodes marquants de l'histoire, réalisé par cet auteur conserve la spécificité de l'oralité kikongo avec les dictons et proverbes. Cette oeuvre est d'un intérêt capital pour la fonction juridique du mpûngi chez les Kongo.
4.- BEBEY Francis, Musique de l 'Afrique : expressions, Paris, éd. Horizons de France, 1969, 207 p.
L'auteur décortique tous les langages musicaux, principales formes d'expression de la vie quotidienne des peuples africains. Cet ouvrage a été d'un grand apport pour notre étude, il nous a renseigné sur les principaux
instruments de musique ainsi que sur le contexte d'utilisation en Afrique Noire.
5.- BRUNSVICK Yves et André DANZIN, Naissance d'une civilisation : le choc de la mondialisation, Paris, Ed. Unesco, 1998, 111 p., Coll. Défis.
La mondialisation est révélatrice d'un phénomène profond que les auteurs qualifient de naissance d'une civilisation. Celle-ci n'est plus réduite à sa dimension financière et commerciale. Elle apparaît comme le fruit d'un changement de la vision du monde, d'une modification des cultures et des moeurs : c'est l'humanité entière qui est à la recherche de nouveaux équilibres. L'étude aborde les aspects de l'information à l'heure de la mondialisation des grands ensembles.
6.- Dictionnaires des bibliographies t.1 et 2, Paris, Puf, 1958, 1.563 p.
Ces ouvrages de référence présentent les informations sur les auteurs et les personnages qui y sont consignés. Ils nous ont permis d'avoir des indications biographiques et bibliographiques sur Gutenberg et Marconi.
7.- DIOP Cheick Anta, Civilisation ou barbarie sans complaisance, Paris, Présence africaine, 1981, 526 p.
Cette oeuvre réhabilite l'identité africaine depuis l'âge paléolithique en passant par la naissance des Etats. L'auteur met en évidence l'apport de
la culture nègre dans le processus de civilisation de l'humanité, et en particulier, dans les sciences et en philosophie. Cette étude pluridisciplinaire, une synthèse des connaissances actuelles, nous a permis de cerner la place du facteur linguistique dans la formation de l'individu.
8.- FAÏK-NZUJI Clémentine, La puissance du sacré : l 'homme, la nature et l'art en Afrique Noire, Paris, Maisonneuve Larose, 1993, 179 p., Coll. Voyages intérieurs.
L'intérêt de cet ouvrage est qu'il couvre les rites et les coutumes d'une cinquantaine de peuples d'Afrique noire. Il s'attache à recenser et à détailler les principaux supports des symboles : l'homme dans son corps et dans ses gestes, y compris les signes les plus spectaculaires. Ceux-ci constituent une forme d'expression des identités culturelles africaines.
9.- GEORGES Robert, Hétérogénéité et communication : visages nouveaux de l'aliénation, Paris, Anthropos, 1978, 382 p.
Traitant de l'anthropologie culturelle, sous l'angle de la communication, l'intérêt de cet ouvrage est que l'étude porte sur les niveaux de relations de communication qu'entretiennent les êtres humains.
10.- GOGA-MESSAKOP Joseph, La communication dans les sociétés traditionnelles : cas des Bakouélé, Travail d'Etudes et de Recherches en
sciences de l'information et de la communication, option Journalisme, Brazzaville, Université Marien-N'gouabi, 1990, 64 p.
Les principales formes de transmission des messages chez les Bakouélé du département de la Sangha sont abordées dans ce mémoire. Son intérêt se résume à la symbolique liée à la fabrication des tambours.
11.- GÖRÖG Véronika, Littérature orale d'Afrique Noire : bibliographie analytique, Paris, Maisonneuve et Larose, 1981, 394 p.
Le présent catalogue fait l'état des lieux de la production littéraire en Afrique Noire. Ce texte nous a permis de comprendre la portée culturelle des messages tambourinés chez les indigènes d'Afrique centrale.
12.- GRAWITH Madeleine, Méthodes des sciences sociales, 9è éd., Paris, Dalloz, 1993, 870 p., Coll. Précis Dalloz.
L'auteur aborde les diverses sciences sociales, les problèmes qu'elles soulèvent, les diverses méthodes proposées pour l'étude des faits sociaux, ainsi que les instruments techniques dont disposent les chercheurs. Pour notre étude, cet ouvrage nous a renseignés sur le sens de la méthode inductive que nous avons utilisée.
13.- KABORE Oger, Les oiseaux s 'ébattent : chansons enfan tines du Burkina-faso, Paris, L'harmattan, 1993, 247 p.
L'auteur est fasciné par les enfants. Il prend appui sur un abondant corpus de chansons enfantines et démontre leurs qualités insoupçonnées ; dévoile l'image vivante de la parole ancestrale, le tout fondé sur une conception métaphysique de la parole ancestrale éminemment riche d'enseignements. Ce texte nous a aidé à comprendre l'intérêt que revêtent la musique, la danse et le chant chez l'enfant africain.
14.- MAMPUYA MAM'SI, J'apprends seul la sansa, Brazzaville, Ed. Bakoub, 1991, 27 p.
L'intérêt de cet opuscule est que l'auteur met à la disposition de l'apprenant de la sansa les éléments susceptibles de l'aider à jouer cet instrument musical sans aucune aide.
15.- MASSA MAKAN DIABATE, « Corrélation entre communication moderne et traditionnelle », La Fonction culturelle de l 'information en Afrique, Dakar, NEA, 1985, 223 p.
Les travaux de ce colloque portent sur les liens entre la culture et la communication, sur la dimension culturelle du nouvel ordre mondial de l'information en Afrique, d'une part, et d'autre part, sur le contenu culturel de l'information en Afrique et sur la fonction d'animation culturelle qu'exercent les médias sur la formation de la conscience collective des peuples africains. Cet article aborde clairement l'interaction entre la communication moderne et la communication traditionnelle en Afrique.
16.- MERTON Robert King, Eléments de méthode sociologique, Paris, Plon, 1953, 248 p., Coll. Recherches en sciences humaines ; n°1.
Ce volume s'organise autour de deux axes : le premier traite de l'influence réciproque que la théorie et la recherche empirique exercent l'une sur l'autre et, le second aborde les questions de besoins de codification tant dans la théorie que dans les procédures d'analyse. L'intérêt qu'il revêt est qu'il nous a permis de comprendre la portée des méthodes (inductive et déductive) utilisées en sciences sociales.
17.- MONIOT Henri, Les Civilisations de l'Afrique, Paris, Casterman, 1987, 77 p., Coll. L'Histoire de l'Homme.
L'Afrique des premiers hommes a déployé au cours des millénaires une infinité de cultures et de civilisations. Certaines ont laissé des ruines sur les pierres, des masques de bois, des chefs-d'oeuvre de métal. D'autres ont survécu dans les récits de griots, des danses des initiés, les chants de travail et de guerre. L'originalité de cette étude est qu'elle comporte une photographie, une planche, qui sert de preuve sur l'existence, depuis 1692, des instruments de musique servant de communication au royaume kongo.
18.- MOUANDA Albert, Civilisation traditionnelle des Minkéngé du district de Mouyondzi : essai d 'ethno-histoire, Mémoire de maîtrise d'histoire, Brazzaville, Université Marien-N'gouabi, 1975, 231 p.
L'auteur analyse les particularités du point de vue politique, économique, administratif et socioculturel du sous-ensemble Minkenge du groupe Beembe 11 du district de Mouyondzi. Cette étude nous a aidé à connaître le nom scientifique de l'arbre qui sert à la fabrication des tambours : le ricinodendron africanum ou chlorophora exelsa.
19.- La musique dans la vie : l 'Afrique, ses prolongements, ses voisins, tome 1, Paris, Office de coopération radiophonique, 1967, 297 p.
Ce volume s'articule autour de douze communications qui traitent de la diversité et de la richesse restées si longtemps ignorées de la musique africaine. Ses liens étroits avec l'ensemble de l'activité sociale en font un domaine privilégié pour s'interroger sur l'avenir de l'art musical, sur les profonds et multiples bouleversements qu'il connaît de nos jours et, sur les fonctions qu'il sera amené à remplir dans le monde qui est en train de naître. Cet ouvrage nous a permis de comprendre les fonctions thérapeutiques que peut jouer la musique.
20.- N'GOÏE-N'GALLA Dominique, Le retour des ethnies : quel Etat pour l'Afrique?, Paris, Ed. Bajag-Meri, 2003, 143 p.
L'auteur analyse la place qu'occupent, aujourd'hui, les ethnies dans l'édification des Etats démocratiques en Afrique. Elle passe par la participation des toutes les ethnies à l'élaboration des décisions de l'Etat. L'intérêt de ce livre est qu'il nous a aidé à comprendre la classification des
langues à classes dans la zone H koongo des linguistes Daniel Barreteau et Yvonne Bastin.
21.- PANDI André, La place et le rôle du palmier dans la civilisation de l 'ancien royaume koongo : du XVè au XIXè siècle, Mémoire de DES d'Histoire, Brazzaville, Université Marien-N'gouabi, 1984, 142 p.
L'auteur étudie la symbolique végétale (le palmier) sur lequel s'articule toute la civilisation koongo. L'intérêt de cet ouvrage est qu'il nous renseigne sur la période de la découverte par les marins portugais du plus vieil instrument de musique au koongo : la sansa.
22.- QUERE Louis, Des miroirs équivoques : aux origines de la communication, Paris, Aubier-Montaigne, 1982, 224 p., Coll. Recher-che.
L'auteur analyse les fondements de la communication en société. Il nous a permis de comprendre la difficulté qu'éprouve le chercheur pour nommer un fait social.
23.- SINDA Martial, Le messianisme congolais et ses incidences politiques, Paris, Payot, 1972, 385 p., Coll. Bibliothèque.
L'auteur traite de l'évolution du mouvement politico-messianique de Simon Kimbangou à Victor Malanda en passant par André-Grenard Matsoua. L'intérêt de ce texte est qu'il a suscité le désir de s'ériger,
comme Victor Malanda, en son temps, en protecteur des moyens de communications traditionnels en perte de vitesse dans l'espace koongo.
24.- SUTTER Eric et Jean-Michel SALAUN, Stratégie marketing des systèmes d 'information documentaires: bibliothèques et centres de documentation, Paris, Ed. ESF, 1994, 221 p., Coll. SJ
Cet ouvrage détaille la démarche indispensable au développement des sciences de l'information, suivant une approche marketing. Il nous a permis de cerner les définitions assez complètes des concepts Information et Communication.
25.- VOYENNE Bernard, La Presse dans la société contemporaine, Paris, A. Colin, 1962, 327 p., Coll. U ; série société politique.
B. Voyenne passe en revue la fonction sociale de la presse au sein des entreprises de presse, de l'interaction entre elle et le public, puis traite des notions de liberté et de responsabilité de cette même presse dans le monde d'aujourd'hui. L'importance de cet ouvrage est qu'il a servi de comprendre la place qu'occupe, dans la société, tout processus de communication.
7. ANNEXES
fig.2- instruments de musique en usage au kongo en 1692
Sources : MONIOT Henri, Les civilisations de l 'Afrique, Paris, Casterman, 1987, p.49.
L'intérêt de cette planche est qu'elle comporte deux des trois instruments, encore, en usage dans le département du Pool : la corne et le nsambi. Le balafon, le marimba ou le mbira n'assure plus la fonction sociale d'autre fois.
fig.3 Tambour à friction (nkuiti, mukuiti)
Sources : BEBEY Francis, Musique de l 'Afrique : expressions, Paris, Horizon de France, 1969, p.1 19.
fig.4 Idiophone par percussion ou membranophone en bois
Sources : F. Bebey, op. cit., p112.
Fig.5. Idiophone par percussion, ngongi
Fig.6. Iidiophone par pincement, kisansi
Fig.7. Mpûngi, Corne (aérophone ou instrument à vent)
Sources : F.Bebey, op. cit., p.87.
fig.8. Tambours à membranes en tonnelets
8.- LEXIQUE
L'intérêt de ce lexique est d'aider le lecteur à cerner la typonymie des moyens de communication et des instruments de musique en usage dans l'espace culturel koongo du Pool. Les mots de ce lexique se prononcent de la manière suivante: le u en ou, le w en u, parfois le d en r ou le r en d et le z en g .
Acquérir : ku bakaa Coloncoba welwitschii: ntéla
Apporter: ku nata Corne : mpûngi
Arbre: muti, n'ti Coup de feu : nzongo
Baguettes de bois: mikomoto Couper : ku tabula
voire : verges Demander : lomba, yula
Battements de mains : nsaki Dieu :Nzambi mpûngu
Barrettes de fer : nkumbula Ensorceler: ku loka
Case : nzô Etonnement :ngitukulu
Castagnettes : nsakala Etonner :ku yituku
Chlorophora exelsa : voire Etranger : nzenza
Ricinodendron africanum : Fête : Malaki
mungo ngoma Franc : m'falanga
Chasse: mbingu Grondement : kingundu
Chasse au clair de lune. Nkonda Hangar : Mbongi
Chef de famille : m'fumu kanda, Herminette : Lukwetu
Chanter: tânga Hochet : dibu
Chef de village : m'fumu gâta Hymenocardia acida :mugéte
Hyperrhenia diplandra : paille, Mais: kaa
Marque : masuku
Moi : meno
Moyens de communication : bizonzolo
Oncoba spinosa: munsakala Paître : hûnga,wanga, vûnga Palme : di ndala
Palmier : Di ba
Pardon :mu lemvo, m'lêmvô Pardonner :ku lemvokila
Parler : zônza
Poudre de chasse : mfula
Prendre : ku bônga
Remplacer: ku yingasa Ricinodendron africanum voire Chlorophora exelsa : mungo ngoma
Roseau : diadia
Sifflet : nsiba
Son : Zuû
Sorcier : ndoki
Sorcelerie : kindoki
Tambour à membranes : ngoma Tambour à fentes : mukonzi Tambour à friction : mkwiti Tambour sur pieds : petenge Téléphone : lami
Toi : nge
Trois : tatu
Trois francs : m'falanga tatu Veillée : dizi
Verges: mikomoto, voire
Baguettes de bois
9.- BIBLIOGRAPHIE PROSPECTIVE
Cette bibliographie prospective constitue un ensemble d'ouvrages et des textes qui seront lus en fonction des centres d'intérêt de cette étude. En dépit de notre esprit de recherche, elle ne contient, malheureusement, pas toutes les références nécessaires.
1.- BALLE Francis, Média et sociétés, 5èd., Paris, Monchrestien, 1990, 689 p. Coll. Donnat politique.
2.- CHEVRIER Jacques, L 'arbre à palabres : essai sur les contes et récits traditionnels d'Afrique, Paris, Hatier, 1986, 335 p.
3.- DOUTRELOUX Albert, L 'ombre des fétiches : société et culture yombe, Paris, Nauwelaerts, 1967, 288 p., Coll. Publication de l'université de Louvanium de Léopoldville ; n°6
4.- DRAME Adama et Arlette SENN-BORLOZ, Juliya : être griot et musicien aujourd'hui, Paris, L'harmattan, 1992, 326 p.
5.- KAN AMADOU K, Roman africain et traditions, Dakar, NEA, 1982, 519 p.
6.- KWABENA-NKETTA J.H., The music of Africa, Norton and Company, 1974, 278 p.
7.- LABURTHE-TOLRA Philippe et Jean Pierre WARNIER, Ethnologie, anthropologie, Paris, Puf, 1993, 412 p. Coll. Cycle premier.
8.- LAMAN Karl Edward, The kongo, (4 volumes):
Vol. I: viii, 163 pages, Vol. II: 172 pages, Vol. III: vii, 258 pages, Vol. IV: vii, 198 pages
9.- LAZAR Judith, Sociologie de la communication de masse, Paris, A.Colin, 1991, 240 p., Coll.U ; série sociologie.
10.-MAC GAFFEY, Art and healing of the Bakongo, commented by themselves : minkisi from the Laman , Publisher: Stockholm : Bloomington, 1991.
11.- MAIGRE Eric, Sociologie de la communication et des médias, Paris, A. Colin, 2003, 288 p., Coll.U.
12.- MC LUHAN Marshall, Pour comprendre les média : le prolongement de la technologie de l'homme, Paris, Seuil, 1968, 320 p.
13.- OBENGA Théophile, « Instruments de musique au royaume du Kongo (XVIe-XVIIIe siècle) », Cahiers con golais d'anthropologie et d'histoire, tome 4, Brazzaville, 1981, pp. 39-56.
14.- PIGAFETTA Filippo et Duartes LOPEZ, Description du royaume Congo et des contrées environnantes, Paris, Nauwelaerts, 1965, 253 p.
15.- SILBERMANN Alphonse, Communication de masse : éléments de sociologie empirique, Paris, Hachette, 1981, 125 p. Coll. Université.
16.- VANOYE Francis, Expression - communication, Paris, A. Colin, 1973, 241 p. Coll. U.
17.- WATZLAWICK Paul, Jannet HELMICK BEAVIN et Don D. JACKSON, Une logique de la communication, Paris, Seuil, 1979, 280 p.
TABLE DES MATIERES
Dédicace 3
Remerciements 4
1. Introduction justifiant l'intérêt du sujet 5
1.1. Présentation du sujet 5
1.2. Intérêt du sujet 8
2. Problématique et intérêt de la problématique 12
2.1. Problématique 12
2.2. Intérêt de la problématique 13
2.3. Choix du corpus 15
3. Méthodologie d'enquête et d'analyse 17
4. Principaux axes de recherche et rédaction d'un axe 20
I. Typologie analytique des moyens de communication traditionnels en zone rurale dans l'espace culturel koongo :
cas du département du Pool 23
A°) Typologie analytique des moyens de communication
traditionnels 24
1. Les membranophone, tambours ou lithophones 24
1.1. Le tambour à membranes, ngoma 25
1.2. Le tambour sur pieds, tambour sur cadre , petenge 27
1.3. Le tambour à friction, mukwiti 28
1.4. Le tambour à fentes, le mukonzi 29
2. Les idiophones 31
2.1. Les idiophones par percussion 32
2.1.1. La cloche, ngongi 32
2.1.2. Le tambour à fentes, mukonzi 33
2.2. Les idiophones par secouement 33
2.2.1. Les castagnettes, bisasa 33
2.2.2. Les maracasses, nsakala 34
2.2.3. Le hochet,dibu 34
2.3. Les idiophones par raclement 35
2.3.1. Le mukwaka 35
2.4. Les idiophones par pincement 35
2.4.1. Le kisansi 36
2.4.2. La sanza 37
3. Les aérophones ou instruments à vent et à air 37
3.1. La trompe traversière en ivoire, le mpûngi 38
3.2. Les sifflets: 39
3.2.1. Le kuluelue 40
3.2.2. Le nsiba 40
3.3. Le fusil de chasse, finkila 41
4. Les cordophones 42
4.1. Le nsambi 42
5. Les autres moyens de communication traditionnels 43
5.1. Les vecteurs artificiels de la communication 43
5.1.1. Les signes, bidimbu 43
5.1.2. Kibila, bibila 44
5.1.3. Les noeuds, makolo 45
5.1.4. Les marques, masuku 45
5.1.5. Le roseau, diadia 46
5.1.6. Les palmes, mandala 47
5.2. Les vecteurs humains 48
5.2.1. La communication gestuelle 48
5.2.2. Le sifflet, kiluelue 49
B°)- Contextes d'utilisation des moyens de communication
traditionnels 50
1. Louanges et exaltations 51
2. Joies, rencontres, adieux 52
3. Réunions, visites officielles 53
4. Révoltes, revendications et affirmation identitaire 54
5. Secours à une personne égarée 54
6. Appels à la bravoure 55
7. Décès, veillées funèbres 55
C°)- Fonctions des moyens de communication traditionnels 56
1. Fonctions politiques, administratives et militaires 56
2. Fonctions juridiques 57
3. Fonctions socioculturelles 58
4. Fonctions mystiques et religieuses 58
5. Les autres fonctions 59
5.1. Les fonctions de renseignement, de documentation etde musée 59
5.2. Les fonctions de transmission de l'information 60
5. Conclusion 62
6. Bibliographie analytique 66
6.1. Les sources orales 66
6.2. Les périodiques 67
6.3. Les monographies et ouvrages de référence 71
7. Annexes 81
8. Lexique 85
9. Bibliographie prospective 88
Par: ar Jean-Claude MOUSSOKI
Université Marien-N'gouabi de Brazzaville - Diplôme d'Etudes Approfondies 2003
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