Apr 15, 2020

La théorie des nombres chez les punu

Le nombre, sur le plan littéraire, exprime l'harmonie résultant du rythme, de la succession des sons. Il traduit également,  pour les KOONGO et en particulier chez les PUNU, un état, une situation, voire une aspiration. Les nombres sont en parfaites associations avec le soleil. Cet astre se dit dans les parlers KOONGO : Ntangu, proche du verbe compter Tanga un autre terme, dans le KOONGO ancien, mvivala est employé pour designer le nombre.



A ce propos, force est de relever que, dérivé du mot latin numerus, le nombre est défini comme une notion mathématique répondant au besoin de dénombrer, d’ordonner les objets ou de mesurer les grandeurs.  Le nombre est aussi, dans une certain mesure, une manière de faire le compte des unités qui composent un ensemble. C'est une façon de faire l'inventaire de ceux-ci ou de procéder à leur recensement. En littérature, le nombre exprime l'harmonie resultant du rythme, de la succession des sons, en prose, ou en poésie. En ce qui concerne la science des nombres dans la tradition punu , . C'est en cela que le nombre apparaît bien plus qu'une notion mathématique.   C'est un état, d'une situation, voire d'une aspiration. C'est à ce titre qu'il semble également correspondre à une norme humaine et sociale qui est de surcroît en perpétuel devenir.

Ceci dit, quel est le terme générique utilisé par les Punu pour designer le nombre ?
En effet, certains  soutiennent que les nombres sont en parfaite association avec la planète solaire appelée NIANGU, NTANGU en KOONGO.

Ainsi, par analogie  à la planète solaire, le nombre est défini par le terme TANGU ou bien KI-TANGULU (BI-NTANGULU au pluriel) qui, étymologiquement, designe un élément ou un moyen de comptage de lecture. du soleil selon son intensité. De la manière dont elle va être abordée, l’étude des nombres dans la tradition PUNU, permettra de mettre en évidence des aspects qui vont an delà de la notion « temps ».

Le nombre est l'expression du  NZA dans l’être, c'est- à-dire de l'univers dont les contours ne sont toujours pas définissables. Ils revêtent à ce titre une dimension intemporelle.

C'est ainsi que le nombre apparaît comme une des caractéristique de la nature du Dieu Suprême, NZAMBIMPUNGU.

Aussi, le terme le plus approprié pour désigné le nombre, en langue KOONGO, serait MVWALA qui autrefois fût un instrument d' affranchissement des esclaves.

Dans leur dictionnaire initié en 1652 par le pare Georges GHEEL a MBANZA KOONGO, les pères missionnaires J. VAN WING et C. PENDERS dissident le mot MVWALA comme étant une baguette dont on touchait l'esclave qu'on voulait affranchir ; la baguette d'affranchissement.

Si cette définition est acceptable, il n'en demeure pas moins qu'elle est loin de la vraie traduction originelle du terme MVWALA.

Outre sa signification de bâton d'affranchissement, le mot MVWALA exprime, d'un point de vue sémantique, le désir, la volonté de l' être d’acquérir, d'obtenir ou de posséder quelque chose dans le but d'être libéré en général et en particulier de 1' ignorance.

C'est dans cette optique que le mot MVWAlA est aussi rapprocher de MVWATA qui exprime le fait de se vêtir, de se munir ou de se couvrir, sous-entendu de savoir et connaissances.

• MVWA qui veut dire possession,
• TA qui signifie verbe.

Partant de cette approche définitionnelle, le nombre apparaît comme une résultante du devenir de l’Être. C'est à ce titre qu'il est l'expression de l'inaccessible, de indéfinissable et donc de NZAMBIMPUNGU.

De plus, l’état de MVWATA n'est possible que par la mise en action par l’être de ses facultés naturelles qui, au final, doivent être intelligibles.

D' l'expression du mot MU-VWATU qui, contrairement à son explication habituelle ou familière portant sur l'art de s'habiller, consiste en la faculté de l' être de sortir de son ignorance par l'acquisition de sa part des savoirs et connaissances de I'univers ; NZA ou LWANDU. Ici, le TU du mot MU-VWATU n'est que le diminutif du mot NTU qui exprime toute idée d'intelligence ou d’humanité.
En somme, le nombre est bien plus qu'une quantification mathématique des choses; au delà de cette réalité, il tend à designer la traduction de révolution ou du devenir de l’Être dans son processus d'humanisation, de socialisation, voire intériorisation des principes qui sont la raison d’être de sa libération.

C'est ainsi que la meilleure traduction du mot « nombre »
serait MWALA qui est un mot invariable. Sa forme grammaticale reste toujours identique.
Par exemple, en langue KOONGO, on aurait :

• Le nombre 1 : MVWALA M'MOSHi (M'MUSIIi)
• Le nombre 5 : MVWALA TAANU

Le nombre peut aussi être traduit par le mot MVULA qui, signifie pluie et âge. C'est, en effet, dans son acception relative  à l'âge que ce terme MVULA acquiert son importance numérique.
A dire vrai, qu'il s'agisse du mot MVULA ou MVWALA, la notion du nombre tend, dans une certaine mesure, en la traduction du devenir de l’ÊTRE dans la durée, voire dans le temps et dans l'espace. C'est l'expression de l’être  qui est en  perpétuel devenir.

Ainsi, pour connaître l'âge d'une personne, on utilisera l'expression MUUNTU WU TSIA MVULA ZE NANDI ?

Selon son âge on aura comme réponse :
• MVULA : une année,
• MVULA SAMBANU : six ans,
• MVULA VWA : neuf ans.

En somme, le nombre est, dans la tradition KOONGO et en particulier celle punu, bien plus qu'une matérialisation des choses. C'est en plus de cela la traduction du développement ou du devenir de l être, certes dans son processus physiologique, cosmique mais également dans celui de socialisation et d'humanisation. Cela est d'autant plus vrai que le vocable de MVU dissocie de LA est très évocateur puisqu'il designe l’état de vieillesse d'une personæ par l'apparition des cheveux blancs qui sont le signe même de son ancienneté.


6 comments :

  1. Mbolua ta' Jean Latusse,

    Merci pour tout le travail que tu abats depuis tant d'années.
    Je voudrais savoir si c'est toi qui administres également la page fbk Punu Kingdom.

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  2. This comment has been removed by the author.

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  3. Non je ne suis pas l'administrateur de cette page, je ne savais même pas qu'elle existait.

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    1. Ok.
      Et à l'instar de ce blog, animez vous une page fbk? Si oui, laquelle ?
      Merci.

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  4. Mes pages sur facebook sont : Nouvelle cuisine punu , Dungandzi punu , Nyangou market, Nynagou projetts; Le cogito punu, https://www.facebook.com/Jeanmanolas/

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  5. Jean latusse dans facebook c'est jean Manola.

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