Sans chauffeur

 Sans conducteur

Pendant longtemps, le conducteur a été pensé comme indispensable pour tout type de véhicule. Alors qu'un pilote automatique capable de gérer de longues sections monotones sans obstacles était considéré comme standard pour les véhicules aquatiques et aériens, aucune solution n'était disponible pour les véhicules terrestres. Les pilotes automatiques ont également échoué complètement lorsqu'ils ont rencontré même de petits éléments perturbateurs. Ainsi, le conducteur est resté au centre du fonctionnement de tout véhicule. Même la fiction ne s'est pas trop éloignée de cette idée, car la plupart des visions de l'avenir manquaient de véhicules véritablement autonomes. Tout cela a changé lorsque le grand défi de la DARPA a prouvé que les véhicules sans conducteur étaient non seulement possibles, mais à notre portée. Étonnamment, la technologie de conduite autonome n'est pas issue des systèmes de pilote automatique. Il s'agissait plutôt d'une extension de la recherche en robotique autonome. Pendant des décennies, les roboticiens avaient développé de nombreux algorithmes pour les robots autonomes sans trop penser aux applications pratiques en dehors du laboratoire. La recherche dans le ciel bleu sur les petits robots (de la taille d'une personne), qui pouvaient se déplacer seuls, s'est avérée relativement facile à mettre à l'échelle. Transformer une voiture traditionnelle en une voiture autonome

se résume à l'équiper de suffisamment de capteurs et d'ordinateurs pour en faire un grand robot autonome. Les gagnants du grand défi DARPA n'étaient pas parfaits. En fait, leur performance était parfois amusante. Cependant, ils ont prouvé au monde que cela pouvait être fait. Soudain, tout le monde pourrait imaginer un monde où le conducteur n'est pas une partie obligatoire d'un véhicule en mouvement. Le monde se préparait à l'apparition inévitable des voitures autonomes et à l'extinction de la conduite comme une exigence (voire un travail), mais la révolution a hésité à se faire sentir. Il s'avère que tous les capteurs et ordinateurs nécessaires à l'auto-conduite d'une voiture sont très chers. Non seulement cela, mais ils sont très fragiles. Personne ne veut équiper une voiture d'électronique valant plusieurs fois plus que la voiture elle-même et remplacer les défaillantes dans quelques semaines. De plus, le comportement réel des conducteurs humains semble difficile à prévoir car il varie énormément d'un jour à l'autre et d'une région à l'autre. Cet ensemble de problèmes a recentré la recherche sur la création de véhicules autonomes avec moins de capteurs moins chers et sur la capacité d'apprendre les véhicules eux-mêmes. Ces efforts sont interdépendants, car le moyen le plus efficace de créer un système autoréglable avec peu de capteurs est de le rendre capable d'apprendre. Malheureusement, cela nous amène en territoire inconnu. Les «Robodrivers» résultant d'algorithmes d'apprentissage ne sont pas entièrement compris, même par leurs concepteurs. Certains experts ne tardent pas à sonner l'alarme et les jugent imprévisibles. Des questions se sont posées sur la manière dont les véhicules autonomes géreraient les dilemmes éthiques. Bien que beaucoup plus sûrs que les conducteurs humains, ces véhicules peuvent blesser ou tuer quelqu'un accidentellement. Les ingénieurs pensent que ce n'est pas un problème parce que les systèmes préfèrent l'inaction aux choix moraux, mais les critiques ne sont pas convaincus. Malgré les critiques, l'industrie va de l'avant. Toutes les grandes entreprises impliquées dans les véhicules (terrestres, maritimes, aériens ou de tout autre type) investissent des ressources importantes pour mettre cette technologie sur le marché confortablement. Bien que le déploiement public de la technologie ne soit pas aussi soudain qu'on le pensait à l'origine, il commencera lentement à changer les choses. Les effets à long terme sont encore indéterminés. À mesure que l'industrie du transport évolue, elle induit généralement des changements importants dans tous les autres domaines qui y sont liés.