Le champ de la philosophie du langage n'est pas nettement circonscrit : il fluctue considérablement d'un auteur à l'autre.
Une première distinction s'impose : la philosophie du langage ne se confond pas avec la philosophie de la linguistique. Celle‑ci n'est autre que son épistémologie : en relèvent les finalités qu'on lui assigne, la méthodologie qu'on y pratique, les options théoriques que l'on peut y prendre. Notre démarche dans ce livre est une démarche épistémologique – même si l'épistémologie y est aussi peu technique que possible. L'épistémologie appartient au domaine du philosophe comme elle appartient au domaine du linguiste. Cependant la perspective de l'un et de l'autre n'est pas tout à fait la même : le philosophe porte sur la linguistique un regard plus général, la situant parmi les « sciences du langage » (la linguistique elle-même, mais aussi la psycholinguistique, la sociolinguistique, la neurolinguistique, la sémiologie, les sciences de la communication…), parmi les sciences dites « cognitives » (la linguistique, mais aussi la logique, la psychologie, les neurosciences, l'informatique…) et parmi les sciences humaines ; le linguiste privilégie une approche plus technique.
Mais ce n'est pas là le champ de la philosophie du langage proprement dite : celle‑ci a pour objet le langage lui-même et non pas la ou les science(s) qui en traite(nt). La perspective y est double. L'une consiste en une critique du langage comme instrument de la réflexion philosophique : la structure des langues, la vision du monde qu'une langue impose, les propriétés du langage, tout particulièrement son extraordinaire malléabilité, ne peuvent rester sans incidence sur la pensée du philosophe et sur l'argumentation qu'il conduit
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