Vent qui ne bouge vent
Le vent qui ne souffle pas.
Le sens de cette devise est à rechercher dans le symbole employé et la valeur qui lui est accordé dans ce domaine. La symbolique du vent ici comme celles des autres éléments auxquels les initiés s’identifient est très rarement révélée. L’obstruction du sens est volontaire de la part des énonciateurs, l’objectif étant de le cacher au commun des mortels.
Ivunde yi tsoli
L’aîné des oiseaux
Ìvùnd yì tsólì
Le grand des oiseaux
Le grand des oiseaux
Páwàpúrúmûɣ ùwódɔ̀d
si tu ne t’envoles pas tu ne picoreras
Le roi des oiseaux, Si tu ne t’envoles pas, tu ne te nourriras pas
Mùtsíétsíèndə̀
ùwâ ng ùwâ ng ìβɔ́ɣlàndílɛ̀ɛ̀
Exemple 30 :
Rɛ̀ɣ :
Celui qui aime se faire remarquer
Kôkù yìbúsə̀ ndâwù, mûtù múβìnə̀
poule qui refuse maison homme il la déteste
ŋgébì yíbúsə̀ ndóŋgì, tsúkə́ mùsù díàmbù
enfant qui refuse conseil mais jour problème
mûtù pà àskàb nà díàmbù àɣètásì nìámbì
homme quand il n’a pas encore avec problème il ne pense pas Dieu
pà àkán díàmbù ùmûwúlù ́á́ á nìámbì quand il a problème tu l’entends ah Dieu
La poule qui refuse d’être dans la maison est détestée de l’homme L’enfant qui refuse les conseils ne pense pas aux jours difficiles Tant qu’il ne rencontre pas de difficultés l’homme ne pense pas à Dieu
Exemple n°31:
màbì ná màbì, ɣɔ́ nd kì làbə̀,
mauvais avec mauvais, aime pour voir
díbálə̀ àmàbû sə́ pô lù ákə̀sùmbə̀ díámbù nà mbô ŋɡù
L’homme a refusé paix il a acheté problème avec argent
ŋgébì ùbùs ndóŋgì mátsùkùmún díâ mbù,
Le petit refuser conseil s’est agacé problème
kô kù úbús ndâ wù kànàmə́ nè ìvóyì
poule refuser maison s’est collé avec stérilité
On ne trouve rien de bien à l’aval de la rivière, il faut aimer pour voir, l’homme qui a refusé la paix a acheté les problèmes avec l’argent,
l’enfant qui refuse les conseils s’expose à des problèmes,
la poule qui refuse le poulailler est frappée de stérilité.
Au regard de cet exemple, le premier degré de signification est celui du symbole même : un animal, un coq. Le second degré est à rechercher dans la représentation de cet animal. De prime abord on dirait que le coq symbolise ici le pouvoir du mâle dans la basse-cour. Cependant, au-delà de cet aspect, il renvoie à la permanence du point de vue culturel.
En effet dans la tradition punu, le coq est présent à toutes les occasions. Il est offert aussi bien pour célébrer une naissance ou un mariage que pour régler un conflit ou pratiquer un rituel mortuaire. Bien plus que l’idée du « mâle »que l’on peut lire dans cette devise, le coq symbolise pour les Punu le lien entre le visible et l’invisible. Offert en sacrifices aux génies et divinités, il est considéré par les membres de cette communauté comme l’élément créant un rapport entre le rationnel et l’irrationnel.
Ces transferts sémantiques ont parfois des incidences sur le style des énoncés. En effet, dans leurs recherches de symbolisme les individus aboutissent à la création de discours dans lesquels abondent certaines figures rhétoriques notamment les métaphores, hyperboles et autres figures classiques. (Voir infra)
L’analyse de la devise qui précède nous amène en outre à observer une rupture du code moral. Mais le porteur de cette devise ne rend d’abord compte que de ce qui est évident pour le commun des Punu. Car, en effet, dans le monde animal, le mâle s’accouple aussi bien avec la mère poule qu’avec le reste de sa descendance femelle.
Nous pensons que porter un tel pseudonyme c’est aussi une façon de rendre compte d’un manque de retenue devant certaines circonstances. L’énonciateur use d’un franc- parler ; et peut être impudique. Cependant, un tel caractère n’est pas à priori négatif.
Il faut dire que nous sommes chez les Punu dans une société qui érige certains de ces membres en institution. Ceux-ci sont pris comme échantillons pour jouer des rôles et accomplir ce que le reste de la communauté n’oserait assumer publiquement. Les pères et mères de jumeaux en sont des exemples. Comme nous l’avons déjà évoqué dans le chapitre 2, ils peuvent sans tabous parler de sexualité devant tout le monde.
Pour conclure, rappelons que du point de vue générique, ce qui est appelé kûmbù
chez les Punu traduit un idéal pour celui qui le porte. Il peut être assimilé à un nom et
exprimer une philosophie, une vision du monde. Les devises se divisent en deux grandes catégories, devises claniques et devises individuelles qui se subdivisent en devises initiatique et devises personnelles. L’individu hérite de la devise clanique et s’identifie en premier par celle-ci. Toutefois, il peut acquérir une ou plusieurs autres devises au cours de son existence. Il les obtient par divers moyens qui sont le transfert par homonymie, l’attribution par la communauté ou le choix personnel et l’achat. Même s’il possède plusieurs devises, l’individu ne déclame que celle qui sied à la situation de communication.si tu ne t’envoles pas tu ne picoreras
Le roi des oiseaux, Si tu ne t’envoles pas, tu ne te nourriras pas
Dìmbòombì
chef de terre
mùbô oŋgù b'édúmsi òŋgâandù
pygmée que l’on célèbre dans le territoire
àkə̀βá dìbótì, dʒabóràŋgùl
qu’il fasse le bien c’est lui que l’on nomme
àkə̀βá dìbì dʒàbóràŋgùl
qu’il fasse le mal c’est lui que l’on nomme
Le Pygmée que l’on célèbre dans tout le territoire. Qu’il fasse du bien, c’est lui que l’on nomme. Qu’il fasse du mal c’est lui que l’on nomme.
mùbô oŋgù b'édúmsi òŋgâandù
pygmée que l’on célèbre dans le territoire
àkə̀βá dìbótì, dʒabóràŋgùl
qu’il fasse le bien c’est lui que l’on nomme
àkə̀βá dìbì dʒàbóràŋgùl
qu’il fasse le mal c’est lui que l’on nomme
Le Pygmée que l’on célèbre dans tout le territoire. Qu’il fasse du bien, c’est lui que l’on nomme. Qu’il fasse du mal c’est lui que l’on nomme.
Abattre, abattre difficulté
Abattre un arbre est une chose, arpenter l’arbre couché en
est une autre.
Rɛ̀ɣ :
Celui qui aime se faire remarquer
Kôkù yìbúsə̀ ndâwù, mûtù múβìnə̀
poule qui refuse maison homme il la déteste
ŋgébì yíbúsə̀ ndóŋgì, tsúkə́ mùsù díàmbù
enfant qui refuse conseil mais jour problème
mûtù pà àskàb nà díàmbù àɣètásì nìámbì
homme quand il n’a pas
encore avec problème il ne pense
pas Dieu
pà àkán díàmbù ùmûwúlù ́á́ á nìámbì
quand il problème tu l’entends ah Dieu.
La poule qui refuse d’être dans la maison est détestée de l’homme.
L’enfant qui refuse les conseils ne pense pas aux jours difficiles.
Tant qu’il ne rencontre pas de difficultés l’homme ne pense pas à Dieu.
màbì ná màbì, ɣɔ́ nd kì làbə̀,
mauvais avec mauvais, aime pour voir
díbálə̀ àmàbû sə́ pô lù ákə̀sùmbə̀ díámbù nà mbô ŋɡù
L’homme a refusé paix il a acheté problème avec argent
ŋgébì ùbùs ndóŋgì mátsùkùmún díâ mbù,
Le petit refuser conseil s’est agacé problème
kô kù úbús ndâ wù kànàmə́ nè ìvóyì
poule refuser maison s’est collé avec stérilité.
On ne trouve rien de bien à l’aval de la rivière, il faut aimer pour voir, l’homme qui a refusé la paix a acheté les problèmes avec l’argent, l’enfant qui refuse les conseils s’expose à des problèmes,
la poule qui refuse le poulailler est frappée de stérilité.
Exemple 30 :
Rɛ̀ɣ :
Celui qui aime se faire remarquer
Kôkù yìbúsə̀ ndâwù, mûtù múβìnə̀
poule qui refuse maison homme il la déteste
ŋgébì yíbúsə̀ ndóŋgì, tsúkə́ mùsù díàmbù
enfant qui refuse conseil mais jour problème
mûtù pà àskàb nà díàmbù àɣètásì nìámbì
homme quand il n’a pas encore avec problème il ne pense pas Dieu
pà àkán díàmbù ùmûwúlù ́á́ á nìámbì quand il a problème tu l’entends ah Dieu
La poule qui refuse d’être dans la maison est détestée de l’homme L’enfant qui refuse les conseils ne pense pas aux jours difficiles Tant qu’il ne rencontre pas de difficultés l’homme ne pense pas à Dieu
Exemple n°31:
màbì ná màbì, ɣɔ́ nd kì làbə̀,
mauvais avec mauvais, aime pour voir
díbálə̀ àmàbû sə́ pô lù ákə̀sùmbə̀ díámbù nà mbô ŋɡù
L’homme a refusé paix il a acheté problème avec argent
ŋgébì ùbùs ndóŋgì mátsùkùmún díâ mbù,
Le petit refuser conseil s’est agacé problème
kô kù úbús ndâ wù kànàmə́ nè ìvóyì
poule refuser maison s’est collé avec stérilité
On ne trouve rien de bien à l’aval de la rivière, il faut aimer pour voir, l’homme qui a refusé la paix a acheté les problèmes avec l’argent,
l’enfant qui refuse les conseils s’expose à des problèmes,
la poule qui refuse le poulailler est frappée de stérilité.
Mùlùmí kókù
l’époux poule
ésóŋgì ŋgûudʒi ésóŋgì mwân
Il s’accouple mère il s’accouple enfant. Le coq, il s’accouple aussi bien avec la mère poule qu’avec sa
progéniture.
Exemple n° 34 :
kás dʒi úrɔ̀ond
démangeaison de aimer
La démangeaison souhaitée
démangeaison de aimer
La démangeaison souhaitée
Le premier exemple cité est l’une des devises les plus répandues chez les femmes. Elle est même parfois reprise comme une maxime pour expliciter les difficultés liées au mariage. En effet, toucher une plante urticante, c’est prendre le risque de subir une crise de démangeaisons. Comme pour cette plante, s’engager dans la vie conjugale c’est avoir le courage de supporter toutes ses contraintes. En l’occurrence pour la femme interrogée ici, c’est le manque de reconnaissance de son époux et de sa belle-famille qu’elle dénonce. Obligée en quelque sorte de le vivre car elle respecte les engagements de son mariage, les femmes étant des «paniers troués » dans cette communauté, c’est-à-dire qu’elles ne retiennent que ce qui est bon pour l’équilibre de la famille.
Exemple n° 35 :
Mɛ̂ múndzìy βá dî mbw'ɛ́ ɛ̀ɛ̀
Moi brindille à la maison Je suis la brindille dans la maison
Le deuxième exemple va dans le même sens, il s’agit de la devise d’une femme qui vit dans un foyer polygamique. Ce qui est marquant dans celle-ci est le fait qu’elle ne met pas en valeur celle qui la porte. Au contraire, elle la présente comme une brindille, c’est-à- dire quelque chose de minuscule qui passe donc souvent inaperçue. Nous pouvons toutefois y voir une stratégie pour mieux contester l’attitude négligente de l’époux, voir même dénoncer celle des coépouses qui ne sont pas toujours agréables à vivre dans ce type d’union. Par contre, les deux autres devises de femmes abordent elles, des thématiques plus générales :
Moi brindille à la maison Je suis la brindille dans la maison
Le deuxième exemple va dans le même sens, il s’agit de la devise d’une femme qui vit dans un foyer polygamique. Ce qui est marquant dans celle-ci est le fait qu’elle ne met pas en valeur celle qui la porte. Au contraire, elle la présente comme une brindille, c’est-à- dire quelque chose de minuscule qui passe donc souvent inaperçue. Nous pouvons toutefois y voir une stratégie pour mieux contester l’attitude négligente de l’époux, voir même dénoncer celle des coépouses qui ne sont pas toujours agréables à vivre dans ce type d’union. Par contre, les deux autres devises de femmes abordent elles, des thématiques plus générales :
Exemple n° 36 :
pàbô Ndéútsítùmùn mêénù
Si tu provoques moi
Ngà wùɣàŋgìl
Je te tiendrais.
Si tu provoques moi
Ngà wùɣàŋgìl
Je te tiendrais.
Si tu me provoques, je te montrerai que je suis capable du pire..
Exemple n 37:
Mùwúrə̀ : ce qui est usé par la durée
ìmôɣə̀ bàbàléé,
passe-temps garçons mùɣɛ̂ tù nùŋɡiéé,
femme plantation màdʒek mà mûsàfuéé
point de naissance des branchages de safoutier
mâmbə̀ àɣà mùbànduéé,
l’eau n’est pas appropriation
tsǔ ŋg àɣà dìkùɣé
cigarette n’est pas satiété
ùkùβɔ̂l, ùkùβɔ̂l, ùwóɣùkúɣ
tu vas fumer, tu vas fumer, tu ne te rassasieras pas Le passe-temps appartient aux hommes, la femme est une plantation, c’est le point de naissance des branchages du safoutier. On ne s’approprie pas l’eau. La cigarette ne rassasie pas, Tu auras beau fumer, tu ne te rassasieras jamais.
On constate que contrairement aux devises précédentes, celles-ci renvoient chacune à des univers divers. La première apparaît comme une démonstration de force, ce qui peut être étonnant de la part d’une femme. La deuxième devise célèbre en quelque sorte la femme car comme on peut le voir au deuxième vers elle est assimilée à une plantation. Pour ce peuple d’agriculteurs, la plantation représente pour certaines familles le plus grand bien qu’elles possèdent. En outre, planter constitue leur moyen de subsistance, c’est donc considérer la femme comme le pilier de la famille. Il est important de signaler ici que cette devise est à l’origine celle d’un homme. L’énonciatrice l’a héritée de son père, comme lui et les autres membres de cette famille, elle perpétue cette philosophie.
ìmôɣə̀ bàbàléé,
passe-temps garçons mùɣɛ̂ tù nùŋɡiéé,
femme plantation màdʒek mà mûsàfuéé
point de naissance des branchages de safoutier
mâmbə̀ àɣà mùbànduéé,
l’eau n’est pas appropriation
tsǔ ŋg àɣà dìkùɣé
cigarette n’est pas satiété
ùkùβɔ̂l, ùkùβɔ̂l, ùwóɣùkúɣ
tu vas fumer, tu vas fumer, tu ne te rassasieras pas Le passe-temps appartient aux hommes, la femme est une plantation, c’est le point de naissance des branchages du safoutier. On ne s’approprie pas l’eau. La cigarette ne rassasie pas, Tu auras beau fumer, tu ne te rassasieras jamais.
On constate que contrairement aux devises précédentes, celles-ci renvoient chacune à des univers divers. La première apparaît comme une démonstration de force, ce qui peut être étonnant de la part d’une femme. La deuxième devise célèbre en quelque sorte la femme car comme on peut le voir au deuxième vers elle est assimilée à une plantation. Pour ce peuple d’agriculteurs, la plantation représente pour certaines familles le plus grand bien qu’elles possèdent. En outre, planter constitue leur moyen de subsistance, c’est donc considérer la femme comme le pilier de la famille. Il est important de signaler ici que cette devise est à l’origine celle d’un homme. L’énonciatrice l’a héritée de son père, comme lui et les autres membres de cette famille, elle perpétue cette philosophie.
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