Dec 19, 2021

L’être au monde

               La naissance représente l'entrée dans la vie. La distance entre la mort et la vie est fictive dans la mesure où les Punu affirment: « moñiu mumu butàmb wa u ling, la vie sur terre est une promenade, nous sommes de passage sur terre. » Ils acceptent la vie au même titre que la mort puisque « mutu dig, l’homme est semblable à de l’argile. » Ils savent que chaque être est appelé à disparaître un jour. En grandissant, un jeune retiendra que l’homme est un animal de groupe, « mutu ibulu i digamb. » il va aussi comprendre qu'il soit blanc, noir, jaune ou rouge, l’homme est un homme « mutu van mutu », la couleur de la peau n'a pas d’importance, c’est le Créateur qui avait coloré ses portraits, tout comme les initiés utilisent le maquillage pour représenter l’image de leurs bayisi (esprit). L'homme dépend de son semblable, il ne peut bien vivre qu’avec les autres car il est dit : 
            « L’homme vit avec les hommes, mutu je na mutu nàndi » 
            « L’esclave vit avec son maître, muvig na fumwàndi. »
             «La femme vit avec son époux, mugàtsi na mulumiandi
             La salive mouille à chaque fois la gorge, ditéji nà kingu. »
            Le régime de bananier avec sa fausse fleur, digôndi na kudu muñiangu. »

        Ainsi, les mots des sages montrent que nous sommes tous interdépendants sur cette terre. C’est cette interaction que j’appelle la parité conciliante. Les processus psychologiques qui caractérisent l’individu sont les mêmes quel que soit l'environnement. Toutefois, les éléments par lesquels vont se réaliser ces processus vont changer car les milieux sont différents. Face aux phénomènes existentiels, il s’efforcera de s’adapter, d’être méfiant comme le caméléon, c'est l’exemple qui lui est conseillé car, un conte dit ceci : Un jour l’éléphant et le caméléon décidèrent de faire la course. Pendant le marathon, le caméléon marchait lentement au lieu de courir car il avait peur de percer, blesser la terre du bon Dieu. L'éléphant par contre, courait sans faire attention à cette terre et finit sa course dans le ravin. Dans le même ordre d’idées, la parole dit: « tul-tul a ma wènz ngandu iman bilim a ma bok jandi », ce qui veut dire, rien ne sert de courir, il faut partir à point. L'individu se rendra compte qu’il ne possède rien sur cette terre. Tout appartient au monde. Les pronoms possessifs que les gens utilisent sont simplement une illusion car il est dit: « biètsu biu sial, tout sur terre est fait pour rester, pour appartenir à la terre. » L’homme étant de passage ici-bas, il ne peut se prévaloir de posséder quoi que ce soit. Il en est simplement le locataire à un moment donné de son existence, car il est dit dans la Bible au psaume 24 : 1 : « A l’Eternel la terre et ce qu‘elle renferme, le monde et ceux qui l’habitant! » 
                     En ce qui concerne les relations entre lui et les autres, il retiendra : « mungo nzàl bàtu a me sangil miringi », quand tu aimes trop les autres, tu peux être déçu ou confronté à des problèmes qu’il va falloir supporter avec courage. Au cours de sa vie, il aidera ses amis. Il fera du bien aux autres, et vivra avec eux, en les acceptant avec leurs défauts. Néanmoins, il ne faudrait pas oublier la pensée suivante : « Iràng a ga mutsi, mbéyi iràng aji mumu tsi, mbé mwan Dé-Nzambi a sa me gàku na mudum, les hommes reconnaissent difficilement un bien. »
                        Si le bien était un geste agréable ne suscitant pas la jalousie, la rancœur ou la haine, alors l'enfant de l’Eternel ne devrait pas se faire mordre par le serpent. Vous pouvez accomplir du bien, les gens trouveront que ce que vous faites est mal. Il y a des personnes qui reconnaissent difficilement les services rendus. Ils ne voient que le mal. C’est pour cela que les Punu emploient ce proverbe: « dibi digéyi dl tsinduli dibèti dinéni, un petit problème peut effacer un grand bien. »
                    Cette trajectoire qui oscille entre les pôles positif et négatif va imposer à l’actant un certain nombre de mécanismes de défense pour faire face aux situations pleuriques de l'existence. Dans ce cas, les larmes demeurent l’un des moyens sinon le meilleur pour se défendre. Pour mieux vivre entre ses semblables, il faudrait qu’il sache être de temps en temps comédien et hypocrite. Ainsi, les anciens ont raison lorsqu’ils disent: « payi ba mbàtsi bé furi idum ndé wandi fur yagu, lors des ovations, des acclamations, même si tu n’es pas d'accord, il faut applaudir pour ne pas se faire indexer. » 
                      L’itinéraire de la vie est aussi marqué par des séparations. Il y en a trois principales. La première séparation intervient à la naissance quand on coupe le cordon ombilical. La deuxième séparation survient lorsque vous quittez la sphère familiale. Pour fonder votre propre famille. La troisième séparation est la mort. Toutes ces séparations nécessitent un travail de deuil qui suscite des pleurs, elles sont difficiles à vivre sur un plan psychique.
Source: Mabik-ma-kombile

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