Dec 19, 2021

La perception de la mort chez les punu

La mort est vécue et la fois comme un phénomène naturel et comme un évènement provoqué. Cette conception dépend des familles et des circonstances dans lesquelles a eu lieu le décès. Lorsque la mort est provoquée, des problèmes graves surviennent entre les familles. Dans tous les cas, il y a deux idées presque contradictoires. La mort est difficilement considérée comme naturelle car l’homme dans la communauté ne meurt jamais de sa propre mort. A ce sujet, un proverbe dit: « munombi mukumi a gé fu pinz, l’okoumé ne tombe pas seul sans entraîner les autres. » En d’autres termes, l’homme ne meurt pas seul sans qu’il soit tué par un tiers. Cette manière de concevoir la cause de la mort peut se comprendre parce que sur un plan purement relationnel, les hommes sont liés entre eux. Nous pouvons dire que la personne est liée au niveau de trois pôles. Il y a le pôle représenté par les Ancêtres et Dieu, celui de la famille élargie et de la famille restreinte. Ce proverbe est une métaphore. Il faut d’abord comprendre l’image dans son contexte. L'okoumé est lié aux autres arbres par des lianes. Lors de son abattage, il peut entraîner les autres si les lianes ne se cassent pas. L’image est reportée au niveau des hommes car celui qui meurt vivait en communion avec ses semblables. La mort immobilise, affaiblit la communauté dans la mesure où il sera difficile de combler le vide que la dépouille laisse au sein de la famille. Cette séparation est caractérisée entre autres par la coupure des cordes que les gens portent avant l’enterrement. Le geste a une importance au niveau psychique et mystique. La rupture symbolise la séparation du corps et de l'âme lors du dernier râle. Le départ montre que la personne qui meurt, laisse ou quitte le monde matériel pour le monde des Ancêtres. La dépouille est considérée comme un messager qui part annoncer aux ancêtres les bonnes et les mauvaises nouvelles de notre existence. Tout se passe comme si la mort s’imposait aux hommes. ils considèrent :mutu ngil, l'homme est un caveau. Les gens qui meurent sont des hommes et ceux qui naissent aussi, a béfu bàtu abé vingi bàtu. La mort est pour tout le monde, dufu du bàtu bètsu. La mort d’une personne lui permet de traverser la deuxième étape de l’existence. Dans le même ordre d’idées, ils ajoutent, « mumu butàmb vaga mutu i bèndi bégu » ce qui signifie, personne ne vit éternellement sur terre. Ces peuples se comportent comme si la mort était une libération des misères de la vie sur terre, de la souffrance, de l’injustice humaine, du mensonge, de la chasse à l’homme, mais surtout de la haine entre les hommes. L’acceptation évidente de la mort ne nous étonne pas car dans l’imaginaire ancestral africain, les morts ne sont pas morts. Le mystère est traduit par Birago Diop dans son poème intitulé "Souffles“.

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