Théophile Obenga dans son étude « Afrique Centrale précoloniale. Documents
d’histoire vivante » présente deux catégories de villages à savoir les villages de type
homogène et les villages de types hétérogène.
2.1- Le village homogène
Le village homogène se caractérisait par la dimension parentale des rapports
sociaux de ses habitants. Ce type de village qui a existé partout est aujourd’hui de
moins en moins répandu.
D’une manière générale, on y observait, une prééminence de l’aspect familial,
lignager et clanique sur le caractère géographique et territorial de l’unité de
résidence. La vie dans son contexte social se confondait avec celle du lignage. On
pourrait même dire que le village s’identifiait au lignage. Aussi, le fonctionnement de
cet aspect social était-il régi par les principes qui, généralement, orientaient la vie
lignagère. Ce fut autour de cet aspect social que s’organisaient toutes les activités des
membres de la communauté sous l’autorité du chef du village qui était généralement
le chef de lignage. Il était l’aîné et le représentant le plus ancien des vivants. Du fait
de sa sagesse, son sens de la justice, sa gestion saine des biens collectifs et sa capacité
d’intervention sur le plan religieux, il était l’objet de vénération, de respect de tous
les membres du village.
Les domaines familiaux, les forêts, les rivières, les savanes faisaient partie
intégrante de cet espace social et étaient exploités dans un cadre communautaire.
Bien que les chefs de foyers jouissent d’une certaine marge d’autonomie dans leurs
activités quotidiennes, l’aîné disposait d’un pouvoir de contrôle sur eux car c’était à
lui qu’incombait l’administration du village.125
125 Théophile Obenga, Afrique Centrale précoloniale. Documents d’histoire vivante, Présence
Africaine, Paris, 1974, p. 69.
109.
2.2- Le village hétérogène
Un village hétérogène, contrairement au village homogène, était le
regroupement de plusieurs familles appartenant à des lignages et à des clans
différents. Ce type de village résultant de la politique de regroupement de villages
imposée par la crainte des guerres, est aujourd’hui le plus répandu. Mais, s’il est un
brassage de segments de lignages, il était au départ la propriété d’un seul clan, c’està-
dire un village homogène.
Toutefois, le chef du premier village restait le chef du village agrandi par la
présence de ces différents clans. Du fait de certains types de rapports sociaux entre
différents lignages, du départ de certains membres de leur lignage d’origine, un
village homogène attirait vers lui des étrangers. Le village devenait alors une unité
109
de résidence se définissant plus sur la base d’une occupation géographique de
l’espace que d’une structure de descendance. Ici, les différents segments de lignages
qui constituaient le village coexistaient mais ne s’interpénétraient jamais.
Chacun des chefs des différents segments de lignages disposait d’une
autonomie bien marquée, mais respectait les droits et l’autorité de l’aîné du lignage
fondateur du village. En fait, le fonctionnement du village hétérogène était tel que le
chef du lignage fondateur restait au-dessus des chefs des différents segments de
lignages.
Le rôle de l’aîné consistait particulièrement dans l’accomplissement de certains rites
nécessaires à la fertilité des sols, à l’abondance du gibier dans les zones de chasse, du
poisson dans les rivières et surtout à arbitrer les conflits qui pouvaient opposer les
différents membres de la communauté villageoise.126
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