Dec 18, 2021

Afrique Centrale précoloniale. Les villages

 




Théophile Obenga dans son étude « Afrique Centrale précoloniale. Documents

d’histoire vivante » présente deux catégories de villages à savoir les villages de type

homogène et les villages de types hétérogène.

2.1- Le village homogène

Le village homogène se caractérisait par la dimension parentale des rapports

sociaux de ses habitants. Ce type de village qui a existé partout est aujourd’hui de

moins en moins répandu.

D’une manière générale, on y observait, une prééminence de l’aspect familial,

lignager et clanique sur le caractère géographique et territorial de l’unité de

résidence. La vie dans son contexte social se confondait avec celle du lignage. On

pourrait même dire que le village s’identifiait au lignage. Aussi, le fonctionnement de

cet aspect social était-il régi par les principes qui, généralement, orientaient la vie

lignagère. Ce fut autour de cet aspect social que s’organisaient toutes les activités des

membres de la communauté sous l’autorité du chef du village qui était généralement

le chef de lignage. Il était l’aîné et le représentant le plus ancien des vivants. Du fait

de sa sagesse, son sens de la justice, sa gestion saine des biens collectifs et sa capacité

d’intervention sur le plan religieux, il était l’objet de vénération, de respect de tous

les membres du village.

Les domaines familiaux, les forêts, les rivières, les savanes faisaient partie

intégrante de cet espace social et étaient exploités dans un cadre communautaire.

Bien que les chefs de foyers jouissent d’une certaine marge d’autonomie dans leurs

activités quotidiennes, l’aîné disposait d’un pouvoir de contrôle sur eux car c’était à

lui qu’incombait l’administration du village.125

125 Théophile Obenga, Afrique Centrale précoloniale. Documents d’histoire vivante, Présence

Africaine, Paris, 1974, p. 69.

109.

2.2- Le village hétérogène

Un village hétérogène, contrairement au village homogène, était le

regroupement de plusieurs familles appartenant à des lignages et à des clans

différents. Ce type de village résultant de la politique de regroupement de villages

imposée par la crainte des guerres, est aujourd’hui le plus répandu. Mais, s’il est un

brassage de segments de lignages, il était au départ la propriété d’un seul clan, c’està-

dire un village homogène.

Toutefois, le chef du premier village restait le chef du village agrandi par la

présence de ces différents clans. Du fait de certains types de rapports sociaux entre

différents lignages, du départ de certains membres de leur lignage d’origine, un

village homogène attirait vers lui des étrangers. Le village devenait alors une unité

109

de résidence se définissant plus sur la base d’une occupation géographique de

l’espace que d’une structure de descendance. Ici, les différents segments de lignages

qui constituaient le village coexistaient mais ne s’interpénétraient jamais.

Chacun des chefs des différents segments de lignages disposait d’une

autonomie bien marquée, mais respectait les droits et l’autorité de l’aîné du lignage

fondateur du village. En fait, le fonctionnement du village hétérogène était tel que le

chef du lignage fondateur restait au-dessus des chefs des différents segments de

lignages.

Le rôle de l’aîné consistait particulièrement dans l’accomplissement de certains rites

nécessaires à la fertilité des sols, à l’abondance du gibier dans les zones de chasse, du

poisson dans les rivières et surtout à arbitrer les conflits qui pouvaient opposer les

différents membres de la communauté villageoise.126


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