Aug 4, 2023

Les feuilles du manioc

Figure 49 : Pilage des feuilles dans le mortier (Ashouka, Ogoué-Invindo, Gabon, 8/1998)



Photographie S. Bahuchet

  • 69 « La feuille de manioc se mange aussi en guise d’épinards. » (Proyard 1776 : 16).

214Partout dans le bassin congolais, les feuilles du manioc sont récoltées jeunes et consommées en épinards (Figure 50a) ce qui est d’ailleurs mentionné par quelques voyageurs (Proyard 1776, cité par Katz 1998 : 27169).

215Ce plat est extrêmement apprécié. Les feuilles sont pilées au mortier (Figure 49) ou écrasées sur des plateaux (Figure 50c), blanchies à l’eau chaude, ce qui limite la présence de glucosides cyanogénétiques (aussi présents dans les feuilles) puis cuites, classiquement mêlées à de la pulpe de noix de palme. Il y a débats vifs entre régions sur l’ajout ou non de sel dans la recette ! Ainsi, deux ethnies voisines de Centrafrique : « Les Ngbaka ajoutent du sel, alors que les Lissongo, qui connaissent aussi ce mets le mangent tel quel. » (Thomas 1959 : 384). D’ailleurs les Ngbaka qui ont comme aliment de base la banane-plantain, gardaient la farine de manioc comme aliment de secours, en revanche ils en consomment quotidiennement les feuilles (1959 : 367).

  • 70 Katz et al. (2012 : 288) indiquent que la vente et la consommation de feuilles de manioc hachées es (...)
  • 71 Les feuilles de courges, de taros, de macabos, de patates douces, de diverses Solanum ; les feuille (...)

216La forte présence de la consommation des feuilles du manioc est une spécificité africaine, qui distingue cette région de l’Amazonie (Jones 1957, Lancaster & Brooks 1983, Katz et al. 201270). On devra souligner que les régimes africains consomment de très nombreuses feuilles, tant cultivées que sauvages, le manioc s’est donc simplement ajouté à un cortège habituel, d’ailleurs comme d’autres plantes introduites71.

Figure 50 : Les feuilles de manioc chez les Oto (Nzalekenga, Bikoro, Equateur, RDC, 1989-1991), cueillette, transport et écrasage dans le plat de bois (Pagezy 2013)


Photographie H. Pagezy

Source: 

Serge Bahuchet

Professeur émérite MNHN, UMR éco-anthropologie UMR 7206 MNHN-CNRS-Université Paris-Cité, Département H&E, Musée de l’Homme, 17 place du Trocadéro, 75116 Paris serge.bahuchet@mnhn.fr

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